Le chemin des Cathédrales / /Notre-Dame de Chartres

 
 
 Notre-Dame de Chartres
 
Lieu :
 
Notre-Dame de Chartres
Un lieu de culte druidique devenu un sanctuaire marial international

La situation étonnante de la colline de Chartres, dressée au-dessus de la Beauce qui déploie autour d’elle ses terres planes et exceptionnellement riches, a fait de Chartres un lieu de rencontre des commerçants et des pèlerins. Jules César remarque que la cité des Carnutes était le centre Druidique le plus important en Gaule, (Cf.Commentaires VI, 12). La tradition veut que les celtes y aient vénérée la statue d’une “ vierge qui allait enfanter”. On peut supposer que, reconnaissant dans ce culte l’action du “ Verbe répandu dans le monde ” proclamé par saint Justin, Saints Savinien et Potentien les premiers apôtres des Carnutes honorèrent dans une grotte la statue druidique devenue “Notre Dame sous Terre” Cette origine mystérieuse réunira très tôt à Chartres des pèlerins de la Vierge Marie, voyant dans la dévotion de leurs ancêtres une parenté prémonitoire avec la leur. Dans la crypte de la cathédrale, on trouve aussi un puits “ des saints forts ” qui auraient reçu les ossements des premiers chrétiens massacrés par les Romains. Les Chrétiens ont rapidement construit une église au-dessus de la grotte et des reliques des martyrs mais cet édifice fut détruit à plusieurs reprises. Cette région dont la terre est féconde, explique la multiplication des monastères mérovingiens sur la terre même où les Druides avaient formé leurs disciples. Ceci devait permettre à l’école épiscopale de Chartres une rayonnante vitalité, tant spirituelle qu’intellectuelle. En 858 l’évêque Gislebert réédifia une belle cathédrale dont une partie de la crypte subsiste, alors que le reste des constructions fut incendiée en 1020. L’évêque Saint Fulbert en redressa aussitôt les murs: il nous reste de son œuvre la base des deux tours et le portail royal. Mais en 1194 la nef, le chœur, le transept furent dévastés par un nouvel incendie. C’est toute la chrétienté qui unit alors ses effort pour restaurer, en seulement trente ans, le sanctuaire du célèbre pèlerinage marial. Les vieux textes témoignent de cet enthousiasme “ On voyait des hommes puissants, fiers de leur naissance et de leur richesse, accoutumés à une vie molle et voluptueuse, s’attacher à un chariot avec des trait, voiturer les pierres, la chaux, le bois, tous les matériaux nécessaires…Quelquefois mille personnes et plus, hommes et femmes, tiraient le chariot, tant la charge était lourde. On allait dans un tel silence qu’on entendait ni la voix ni le chuchotement de qui que ce fut. Quand on s’arrêtait dans le chemin, on n’entendait que l’aveu des fautes et une prière suppliante à Dieu pour obtenir le pardon des péchés ” P.L. t.181, p.1707 cité par l’abbé Aimon Saint Fulbert (960-1028) a tenu dans sa cathédrale une école épiscopale attirant de loin les théologiens qui devaient affronter la réflexion des penseurs médiévaux juifs et musulmans. En effet, la situation de cette ville commerçante facilitait les échanges des marchands aussi bien que ceux des intellectuels L’ampleur de leurs études se lit dans le programme iconographique de l’actuelle cathédrale. Cette construction composite porte la trace des préoccupations de ceux qui l’ont sans cesse restaurée et des conversations qu’ils avaient avec les différentes communautés que la ville abritait. Le portail royal fait droit au respect des juifs pour leurs ancêtres et de l’alliance que Dieu fit avec eux car, au Moyen-Age, Chartres était un centre rabbinique important. Au XII°siècle, Rabbi Joseph, mathématicien et commentateur de la Bible renommé, répondait à un moine étonné que Dieu ait apparu à Moïse dans un buisson plutôt que dans un arbre majestueux “ c’est parce que d’un buisson on ne peut faire un crucifix. ” Le portail nord est marqué par les discussions des théologiens de l’école de Chartres à propos des écrits musulmans sur la création et les preuves de l’existence de Dieu puisqu’elle dédouble les représentations du Créateur et celles des œuvres créées. Le vitraux de la nef ont été offerts par les corporations florissantes dans cette ville de passage et il portent la signature de chacune d’elles. Elles sont représentées par les ateliers et les ouvriers qui sont en-dessous du vitrail. L’illumination de ces scènes de la vie quotidienne rappelle combien la monotonie des jours est précieuse au regard de la foi, parce qu’elle est le lieu de l’action de la grâce.
 


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