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 Clef des Ecritures
Les prophéties annoncent la mort et la résurrection du Christ et nous achevons de les comprendre grâce aux sacrements.
 

Citations :Rôle des chrétiens dans l’administration musulmane jusqu’au XIe siècle à Bagdad et au Caire
La famille de S. Jean Damascène administre la Syrie et puis toutes les annexions
Jean Damascène
Denys l’aréopagite
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle)


 
Rôle des chrétiens dans l’administration musulmane jusqu’au XIe siècle à Bagdad et au Caire
Raymond Le Coz dans Jean Damascène, Ecrits sur l’Islam, éd. du Cerf, Paris, 1992, Introduction p.57-8

Bagdad, fondée par la nouvelle dynastie’abbàside, se substitue à Damas comme capitale de l’Empire musulman. Les chrétiens nestoriens y joueront pendant plusieurs siècles, auprès des califes, le rôle tenu par les melkites à Damas. Ils rempliront même certaines fonctions jusqu’alors interdites aux chrétiens. Par exemple, sous al Mu’tamid (870-890), un chrétien est chargé de la réorganisation de l’armée et en prend le commandement. Il est reproché d’autre part au calife al-Muqtadir d’avoir confié ces mêmes fonctions à un chrétien nestorien (cf. J. HAJJAR, Les Chrétiens uniates, p. 135-136). Cette présence des chrétiens dans l’entourage du pouvoir se perpétua également au Caire jusqu’au xi’ siècle. Les califes fatimides feront appel aux coptes monophysites et à des Syriens monophysites ou chalcédoniens et leur confieront des fonctions très importantes dans le gouvernement. Ainsi, en 1009, al-’Aziz choisit comme vizir le chrétien Mansùr ibn’Abdùn. Un autre chrétien, Nastûrus (Nestor) lui succéda en 1011. A la fin du siècle, l’Arménien Vahran remplira la même charge (cf. J. HAJJAR, op. cit., p. 137).
 


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La famille de S. Jean Damascène administre la Syrie et puis toutes les annexions
Raymond Le Coz dans Jean Damascène, Ecrits sur l’Islam, éd. du Cerf, Paris, 1992, Introduction p.45-47.53

Quand ils occupaient un pays, les musulmans conservaient les structures administratives qu’ils y trouvaient et maintenaient en place les fonctionnaires compétents. Aussi Mansur garda-t-il son poste encore une fois, continuant à percevoir les impôts pour ce nouveau maître, ainsi qu’il l’avait fait auparavant pour les Byzantins et les Perses. (Cet impôt consistait en une capitation (Jizya) à laquelle s’ajoutait un impôt foncier (Kharaj). Il était dû par les chrétiens en échange de la protection qui leur était accordée, et correspondait, à peu de chose près, à ce que prélevait auparavant l’empereur de Byzance. Donc, peu de changement pour les habitants de cette contrée, seule différait la destination de l’impôt.). En l’absence des responsables religieux qui avaient fui vers Antioche, puis jusqu’à Byzance, Mu’awiya, le gouverneur de Damas, choisit Mansùr comme chef et comme représentant officiel de la communauté chalcédonienne. Il devint en plus son homme de confiance, et quand Mu’awiya s’empara du pouvoir califal en 661, l’inspecteur des impôts de la province de Syrie, le grand-père de Jean Damascène, fut promu responsable de l’administration fiscale de tout l’empire musulman. Et comme les finances de l’État avaient essentiellement pour but d’entretenir les armées, Mansur devint donc pratiquement responsable du finance. ment de la conquête et de la guerre contre Byzance (Note 1) Peut-être fut-il même à la tête de l’administration civile.
Son fils Sarjun, le père de Jean, lui succéda dans ses fonctions. La juridiction de Sarjun Ibn Mansur s’exerça sur un territoire plus vaste que la Syrie puisque nous le voyons intervenir auprès du calife pour dénoncer les malversations financières survenues en Egypte (D. J. SAHAS, John of Damascus, p. 28; J. NASRALLAH, Saint Jean de Damas, p. 35-36). La puissance de Sarjùn ne cessa de s’affirmer : “Son importance grandira avec l’extension des conquêtes. L’Afrique du Nord, une partie de l’Asie-Mineure, l’Iraq, le Horassan passeront sous le contrôle financier de Sarjùn; les troupes de terre et de mer qui porteront leurs armes jusqu’au Magreb et sous les murs de Constantinople seront régies par ce chrétien qui tenait les leviers de commande les plus importants de l’Empire arabe (Note 2) lui maintint sa confiance. En plus de son rôle officiel, Sarjun semble avoir été l’ami intime du calife et de son poète favori, le chrétien Akhtal’. Sarjun eut également une grande influence sur le successeur de Yazîd, du moins jusqu’à sa disgrâce. Ainsi, sur son intervention,’Abd al-Malik renonça, semble-t-il, à utiliser l’église de Gethsémani comme carrière pour reconstruire la mosquée de la Mecque (THEOPHANE, Chronographie, année 682, p. 559).
Il n’est guère possible de déterminer avec exactitude la fonction qu’occupa Jean lorsqu’il succéda à son père. Il semble qu’il fut “secrétaire de l’émir de la Ville”, c’est-à-dire chef de l’administration fiscale urbaine, comme l’affirment certains de ses biographes. On peut penser qu’il conserva au moins la charge de percepteur auprès des chrétiens tenue traditionnellement par sa famille, et qu’il collecta ainsi les impôts dus par les chrétiens de la province de Damas . Mais il s’agissait, là encore, d’une charge très importante, car les chrétiens, jacobites et melkites, formaient toujours la grosse majorité de la population; l’économie de la région reposait sur eux 3. Jean Damascène se trouvait donc en contact avec l’entourage du calife et avait l’avantage de pouvoir fréquenter les grands personnages du régime dans le cadre de ses attributions. Les relations débordaient certainement le strict domaine professionnel, étant donné les liens d’amitié qu’il avait pu continuer à entretenir avec ses anciens compagnons de jeunesse.

Note 1 J. BOULOS, Peuples et civilisations du Proche-Orient, p. 248, dit que : “La charge d’Ibn Sarjùn (c’est-à-dire de Mansur) faisait de lui une sorte de chancelier du califat, à la fois ministre de la guerre et des finances.” Selon IL LAMMENS, Études sur le règne du Calife) Omaiyade Mu’àwia Ier, 1, p. 13, Mansùr devint le premier ministre après avoir été wai al-kharaj, c’est-à-dire percepteur des impôts fonciers dus par les chrétiens, puis’àmil Dimashq, autrement dit intendant fiscal de Damas (cf EUTHYCHIUS, Annales 11, p. 15.
Note 2 (EUTHYCHIUS, Annales 11, p. 5, précise qu’il était’àmil’alà alkhardj ou collecteur de la capitation. La Vila grecque le rend responsable des affaires publiques pour tout le pays (PG 94, c. 437). D’après la Vila anonyme, il était appelé émir par ses concitoyens (PAPADOPOULOs-KERAMEUS, Analecta IV, p. 272). MICHEL LE SYRIEN, Chronique 11, p. 477, en fait le Katib de’Abd al-Malik (684708). Il est impossible de fixer la date de sa prise de fonction, les historiens arabes, tout comme les grecs, confondant parfois Sarjùn Ibn Mansur et Mansur Ibn Sarjùn, le fils et le père, c’est-à-dire le père et le grand-père de Jean).
Note 3 J. NASRALLAH, Saint Jean de Damas, p. 33-34. L’auteur a opté pour un système de transcription des mots arabes différent du nôtre.)” A la mort de Mu’awiya, son successeur Yazid (L’historien musulman ABÙ AL-FARÀJ AL-ISFAHÀNi, Kitab alaghàni, t. 16, p. 20 (Le Caire, 20 volumes, à partir de 1928) le confirme. Akhtal était un chrétien jacobite, comme la mère de Yazid 1”. Il se promenait dans le palais califal la croix suspendue au cou, bien en évidence. Sur Akhtal, voir H. LAMMENS, “ Un poète royal à la cour des Ommayades”, ROC, t. 9 (1904), et du même auteur : “ Le Chantre des Omiades “, JA 1894, p. 97-176; 193-242; 381-459.

 


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Jean Damascène
Ecrits sur l’Islam, éd. du Cerf, Paris, 1992

Le point de divergence le plus grave entre les trois religions monothéistes, les trois religions du livre, était déjà très clair au 7e siècle. Ce que nous savons des relations pacifiques entre ces communauté n’empêche pas Jean Damascène, d’une famille de l’administration de Damas d’exposer simplement la différence des regards sur le Christ:

“Le Musulman demande qui est le Christ. Le Chrétien lui répond qu’il est le Verbe de Dieu, et, à son tour, questionne son contradicteur: “Comment le Christ est-il appelé dans tes Écritures?” - “Esprit et Verbe de Dieu”, répond le Musulman. Le Chrétien poursuit: “Le Verbe de Dieu est-il créé ou incréé?” Si le Musulman répond incréé, le Chrétien lui réplique qu’il reconnaît implicitement la divinité du Christ. S’il répond créé, le Chrétien souhaite alors savoir si, avant leur création, Dieu se trouvait sans Esprit et sans Verbe. Le Musulman refuse de répondre, car une telle affirmation, qui revient à nier les attributs de Dieu, est considérée comme hérétique en Islam et entraîne des persécutions.”

 


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Denys l’aréopagite
Oeuvres complètes du pseudo-Denys l’aréopagite, traduction, préface, notes et index de Maurice De Gandillac, éditions Aubier, 1943

Il faut considérer d’ailleurs que les théologiens livrent leur savoir selon un double mode: [1105 D] indicible et mystique d’une part, évident d’autre part et plus facilement connaissable. Le premier mode est symbolique et suppose une initiation; l’autre est philosophique et s’opère par voie de démonstration. Ajoutons que l’inexprimable s’entrecroise avec l’exprimable. Celui-là persuade et contient en lui-même la vertu de ses dires; celui-ci opère et, par des initiations qui ne s’enseignent point, situe les âmes en Dieu. C’est pourquoi, pour nous initier aux plus saints [1108 A] mystères, les initiateurs de notre Testament, tout aussi bien que ceux de la tradition mosaïque, n’ont pas hésité à user de symboles convenables à Dieu. Nous voyons également les très saints anges user d’énigmes pour promouvoir les mystères divins, et Jésus lui-même enseigner la science de Dieu sous forme de parabole, nous transmettant le mystère de son opération divine sous la figure d’une Cène. Car il convenait non seulement que le Saint des saints fût préservé des souillures de la foule, mais encore que la vie humaine, qui est dans sa substance même tout ensemble indivisible et divisible, reçût, selon le mode qui lui convient, les illuminations du savoir divin. Ainsi la partie impassible de l’âme est destinée aux spectacles simples et intérieurs des images qui ont la forme divine, tandis que la partie passionnelle de cette même âme tout ensemble se guérit comme il sied à sa nature et s’élève vers les réalités les plus divines à travers les figurations bien combinées [1108 B] des symboles allégoriques, car de tels voiles lui conviennent proprement, comme le prouve l’exemple de ceux qui, ayant entendu l’enseignement théologique de façon claire et sans voiles, se forgent pour eux-mêmes quelque figure qui les aide à comprendre l’enseignement théologique qu’ils ont entendu.
 


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Thomas d’Aquin (XIIIe siècle)
Contra Gentiles, Livre 4, ch. 54

Mais voici que Dieu a voulu en l’unité d’une même personne divine assumer la nature humaine. Une évidence plus décisive pouvait-elle nous être donnée de la possibilité pour un être humain de communier intellectuellement à Dieu dans la vision directe de son essence ? Non, rien ne pouvait mieux relever l’espoir humain en la béatitude. Et c’est un fait que le Christ ayant paru dans la chair, l’humanité a connu une aspiration grandissante au bonheur des cieux. “ Je suis venu, a-t-il dit lui-même, pour qu’ils aient la vie, pour qu’ils l’aient avec plus d’abondance ” (Jn 10, 10).
Par là encore sont éliminés les obstacles à cet achèvement bienheureux. Le bonheur définitif de l’homme consiste, nous l’avons dit également, en la seule jouissance de Dieu. Il est donc inévitable que toute attache inférieure en laquelle il mettrait sa fin l’empêche d’entrer en partage de la béatitude véritable. Mais d’où vient que l’on s’arrête ainsi à ce qui n’est pas Dieu? De l’ignorance où est l’homme de sa propre grandeur. Nous avons en commun avec les autres animaux la nature corporelle et sensitive. D’aucuns, ne voyant pas plus loin, pensent trouver dans les réalités des sens et les plaisirs charnels un bonheur, qui n’est que bestial. D’autres voyant au-dessus d’eux des créatures dont la supériorité sur l’homme, en tel ou tel ordre, leur semblait manifeste, s’asservirent à leur culte. Ils adorèrent le monde et ses éléments, s’attachant à un ordre de grandeur qui est celui de l’étendue des corps et de la durée temporelle. Ou ce sont les substances spirituelles, anges ou démons, en qui ils crurent reconnaître leur souverain bien, pour l’excès de grandeur que leur confère l’immortalité aussi bien que la pénétration de l’intelligence. Reconnaissons-le : la condition de l’homme est en certains points inférieure à celle d’autres créatures; il est même par certains côtés au niveau des plus humbles. Mais à regarder sa destinée, rien de ce qui existe n’ est plus grand que l’homme, sinon Dieu en qui seul elle s’accomplit. Cette grandeur de l’homme, cette noblesse d’un être qui est fait pour trouver en la vision immédiate de Dieu son propre bonheur, voilà ce que Dieu Lui-même nous manifeste: le pouvait-Il mieux faire qu’en assumant notre humaine nature, en une union où rien de créé ne n’entremet? Aussi voyez ce qui s’est passé ensuite de l’Incarnation divine : une grande part de l’humanité a abandonné le culte des anges, des démons et de toute créature, a dédaigné de même les plaisirs sensuels et tout ce qui n’est que charnel, pour se vouer au culte de Dieu seul, et ne mettre qu’en Lui le bonheur définitif qu’ils attendent. C’est ce à quoi nous invite S. Paul : “ Recherchez, dit-il, les choses d’en haut, là où se trouve le Christ assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre ” (I Cor 3, 1-2).
Ce n’est pas tout. Rappelons-nous maintenant que cette béatitude parfaite consiste en une connaissance de Dieu qui dépasse les moyens de toute intelligence créée. Pour que nous puissions orienter notre vie vers cette plénitude bienheureuse, il fallait qu’un avant-goût nous en fût donné. C’est le rôle de la foi. Mais pour le remplir il lui faut une certitude suprême, analogue en absolu à celle de la connaissance innée des premiers principes : car de la connaissance de la fin dernière dépend, comme d’un principe souverain, la droite orientation de tout ce qui s’y ordonne. Mais une telle certitude n’est possible que là où il y a évidence immédiate, ou lorsque par une démonstration parfaite les conclusions se résolvent en l’évidence des principes. Or nulle évidence directe n’est possible dans le domaine de la foi, dont l’objet dépasse nos prises. Il a donc fallu, que ce que Dieu propose à notre croyance, nous fût révélé par quelqu’un qui en eût l’évidence. Bien que ce soit d’une certaine façon le cas de tous ceux qui voient l’essence divine, il fallait pour que nous ayons une connaissance absolument certaine l’ultime réduction qui nous la fît tenir de sa source originelle, Dieu, à qui cette lumière appartient par nature, et de qui elle rayonne en tout être, créé. Ainsi la démonstration scientifique trouve-t-elle sa certitude définitive. par réduction aux premiers principes indémontrables. C’est donc en parfaite convenance avec le besoin que nous avions d’une certitude parfaite concernant les vérités de la foi, que Dieu, pour nous instruire en personne s’est fait homme, en sorte que nous puissions recevoir sous un mode humain ce divin enseignement. “Nul da jamais vu Dieu, dit S. Jean, le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître” (Jn 1, 18). Et le Seigneur lui-même déclare: “Je ne suis né, je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité” (Jn 18, 37). C’est pourquoi nous voyons depuis l’Incarnation du Christ la connaissance de Dieu se répandre parmi les hommes avec une clarté, et une certitude accrues.“ La terre est remplie de la connaissance du Seigneur”, prophétisait Isaïe (11, 9).
Si le bonheur définitif de l’homme consiste en la jouissance de Dieu, il fallait que le cœur humain fût enrichi de ce désir, tout comme au plan de la nature le désir du bonheur lui est inné. Or le désir naît de l’amour, et rien ne nous induit davantage à aimer que de constater qu’on nous aime. Il nous faut aimer Dieu pour mettre en Lui notre Bonheur. Mais quelle preuve plus décisive pouvait-il lui-même nous donner de son amour pour nous que cette union qu’il a voulu contracter avec l’homme en la personne de Jésus-Christ? C’est la marque propre de l’amour : il veut l’union de l’aimant et de l’aimé, jusqu’au bout du possible. En se faisant homme, Dieu a donc bien répondu à un besoin de l’homme appelé à trouver sa béatitude en Lui.
Songeons maintenant aux exigences de l’amitié. Elle veut quelque égalité. Son lien ne peut s’établir là où l’inégalité est trop grande. Pour qu’une intimité plus familière pût s’établir entre l’homme et Dieu, il nous était bon que Dieu se fît l’un de nous et que jouât ici cet instinct naturel qui rend l’homme ami de l’homme. Ainsi, par le Dieu visible à nos regards de chair, notre cœur est ravi en l’amour des réalités invisibles (Préface de Noël).
 


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