Histoires de Rome / La Réforme catholique /Le carrefour des cultures

 
 
 Le carrefour des cultures
Les peuples des continents conquis par les Européens ont toujours trouvé auprès des papes une telle considération qu’elle est à l’origine d’œuvres d’art qui embellissent encore la ville de Rome.
 

Citations :Correspondance saint François-Xavier
Les martyrs de Nagasaki
Bartolomé de las Casas
Lettre de las Casas au Conseil des Indes
Lettre de l’Evêque de Santa Marta au Roi d’Espagne


 
Correspondance saint François-Xavier
Lettre du 15 janvier 1544

“Que de fois, écrit-il, l’envie m’a pris d’aller à travers les écoles, là-bas, et, à grands cris, comme hors de sens, dans cette Université de Paris, en pleine Sorbonne, de crier à ces docteurs qui gardent pour eux leur science, combien d’âmes ici manquent leur ciel ...”

“Quand j’aurai vu les Ecritures du Japon et que j’aurai discuté avec les gens des universités…je ne manquerai pas d’écrire à l’université de Paris pour que, par elle, toutes les autres universités d’Europe soient informées.”

“Ils écrivent différemment de nous, du haut vers le bas. J’ai demandé à Paul pourquoi ils n’écrivaient pas à notre façon, il m’a répondu : pourquoi n’écririons-nous pas de leur façon ? et il m’a donné comme raison que de même que l’homme a la tête en l’air et les pieds en bas, de même quand il écrit, l’homme doit le faire de haut en bas…”

 


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Les martyrs de Nagasaki
Mgr Marnas, La religion de Jésus ressuscitée au Japon, Paris 1897, t. I, p. 487

“Cependant, raconte Mgr Marnas, le vendredi 17 mars 1865, vers midi et demi, un groupe de douze à quinze personnes, hommes, femmes et enfants, se tenait à l’entrée de l’église des vingt-six martyrs (à Nagasaki), avec des allures qui dénotaient autre chose que de la pure curiosité. Le Père Petitjean, poussé, dit-il, par son ange gardien, se rendit auprès d’elles. La porte était fermée; il l’ouvre; puis suivi de ces visiteurs et appelant intérieurement sur eux les bénédictions de Dieu, il s’avance vers le milieu du sanctuaire. Arrivé devant le tabernacle, il se met à genoux: “Je conjurais, dit-il, Notre-Seigneur de mettre sur mes lèvres des paroles propres à toucher les coeurs et à lui gagner des adorateurs parmi ceux qui m’entouraient.” Mais, à peine le temps de réciter un Pater s’est-il écoulé, que trois femmes de cinquante à soixante ans viennent s’agenouiller tout près de lui et que l’une d’elles lui dit, la main sur la poitrine et à voix basse, comme si elle eût craint que les murs n’entendissent ses paroles: “Notre coeur à nous tous qui sommes ici est le même que le vôtre.” - “Vraiment, répondit-il, mais d’où êtes-vous donc?” - “Nous sommes tous d’Urakami. A Urakami, presque tous ont le même coeur que nous.”
Et aussitôt cette femme lui demande: “Où est l’image de la Vierge Marie?” M. Petitjean n’a plus de doute; il est sûrement en présence de descendants des anciens chrétiens du Japon...Entouré de ces inconnus d’hier et pressé par eux comme par des enfants qui ont retrouvé leur père, il les conduit à l’autel de la Sainte Vierge. A son exemple, tous s’agenouillent et essaient de prier, mas la joie les emporte: “Oui, c’est bien Santa Maria, s’écrient-ils, voyez sur son bras son auguste fils Jésus...”
 


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Bartolomé de las Casas
Bartolomé de las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes, coll. La Découverte, ed. François Maspero

Bartolomé de las Casas, espagnol, ayant hérité un domaine de son père conquistador, se convertit, donna tous ses biens, devint dominicain et consacra toute sa vie à la défense des Indiens. Ayant recouru au pape pour obtenir une fidélité à l’Evangile plus exacte de la part de ses concitoyens, il fut nommé évêque de Chiapa.
“Aujourd’hui même, en cette année 1542, ils continuent, et le tribunal royal de l’île Espagnole, en faisant semblant de ne rien voir, favorise ce trafic, comme tous les autres actes tyranniques et corrompus qu’il aurait pu entraver et empêcher, comme tout ce qui a été commis sur cette côte de la Terre Ferme (plus de quatre cents lieues composant le Venezuela et Santa Marta) qui est sous sa juridiction. Il n’y a pas eu d’autre raison pour réduire ces Indiens à l’esclavage que la volonté perverse, aveugle et obstinée de ces tyrans avides de satisfaire une cupidité insatiable. Comme tous les autres, toujours, dans toute le Indes, ils ont enlevé ces agneaux et ces brebis à leurs maisons, ils ont pris leurs femmes et leurs enfants avec les procédés cruels et abominables déjà mentionnés et les ont marqués au fer du roi pour les vendre comme esclaves.”
“Par ces moyens ils ont tellement dépeuplé cette terre que si Dieu ne les avait pas arrêtés grâce à la résistance des religieux de l’ordre de saint François et par une nouvelle institution, un Tribunal royal, juste, et ami de la vertu, ils auraient en deux ans réduit la Nouvelle Espagne à l’état actuel de l’île Espagnole.”
 


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Lettre de las Casas au Conseil des Indes
Bartolomé de Las Casas, évêque de Chiapa, Très brève relation de la destruction des Indes, coll. La Découverte, ed. François Maspero

Lettre au Conseil des Indes:
“Après huit ans de noviciat, en 1531, il rédige sa Lettre au Conseil des Indes, où il s’exprime ainsi: ‘Je vous envoie, a dit le Fils de Dieu, comme des brebis au milieu des loups pour que vous les apprivoisiez et les ameniez au Christ.’ Pourquoi donc, au lieu d’envoyer des brebis qui convertissent les loups, envoyez-vous des loups affamés, tyranniques et cruels, qui dépècent, massacrent, scandalisent et épouvantent les brebis?’”
 


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Lettre de l’Evêque de Santa Marta au Roi d’Espagne
Bartolomé de Las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes, coll. La Découverte, ed. François Maspero

“Je veux seulement indiquer ici quelques-uns des mots écrits par l’évêque de cette province au roi, notre seigneur; la lettre et datée du 20 mai 1541. L’évêque écrit entre autres: “César consacré, je dis que le moyen de sauver cette terre c’est que Votre Majesté l’arrache au pouvoir de pères dénaturés et lui donne un mari qui la traitera raisonnablement et comme elle le mérite; et cela au plus vite, sinon, d’après la façon dont ces tyrans qui en ont la charge l’affligent et l’épuisent, je suis certain que très bientôt elle cessera d’exister, etc.” L’évêque dit plus loin:
“Votre Majesté verra clairement que ceux qui gouvernent ici méritent que toute autorité leur soit enlevée, afin que ces Etats soient soulagés de maux qui, à mon avis, si cela ne se fait pas, sont sans remède. Elle verra aussi que dans nos régions il n’y a pas de chrétiens mais des démons; ni de serviteurs de Dieu et du roi mais des traîtres à leur loi et à leur roi. En vérité, je trouve que le plus grand obstacle pour amener les Indiens guerriers à la paix, et les Indiens pacifiques à la connaissance de notre foi, c’est le traitement brutal et cruel que les chrétiens infligent aux Indiens pacifiques. Ceux-ci en deviennent si difficiles et si agités que rien ne peut leur être plus odieux et détestable que le nom de chrétiens; partout ici ils les appellent yares, qui veut dire démons; ils ont raison, sans nul doute, car les actes commis ici ne sont ni de chrétiens ni d’hommes doués de raison mais de démons. Il s’ensuit que les Indiens, voyant ce mal impitoyable aussi bien à la tête que dans les membres, pensent que c’est la loi des chrétiens, que leur Dieu et leur roi en sont les auteurs. Tenter de les persuader du contraire c’est vouloir épuiser la mer, leur donner l’occasion de rire et de railler Jésus-Christ et sa loi. Quand les Indiens guerriers voient le traitement infligé aux Indiens pacifiques, ils préfèrent mourir d’un seul coup plutôt que de plusieurs aux mains de l’Espagnol. Je sais cela, César invincible, par expérience, etc.”
Il dit plus loin:
“Votre Majesté a ici plus de serviteurs qu’Elle ne pense, car il n’est pas un soldat parmi tous ceux qui se trouvent ici qui n’ose dire publiquement que, s’il pille, vole, détruit, tue ou brûle les vassaux de votre Majesté pour obtenir de l’or, c’est au service de Votre Majesté; et il prétend qu’une part de l’or revient à Votre Majesté. C’est pourquoi il conviendrait, César très chrétien, que Votre Majesté fît comprendre par quelques châtiments rigoureux, qu’Elle n’est pas servie quand Dieu ne l’est pas.”
Tout ce qui précède a été formellement dit par l’évêque de Santa Marta et montre clairement ce que l’on fait aujourd’hui dans toutes ces malheureuses régions et contre ces peuples innocents.”
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Place Navone
Description de l'image : 
Fontaines de la place Navone
Histoire : 
La critique romaine des exactions des conquérants européens
L’élan missionnaire des Jésuites
Le premier institut attaché à l’ethnographie
Sens actuel : 
L’acculturation de la Liturgie
Signes de la foi : 
Procession d’entrée des évêques dans St-Pierre pour le concile Vatican II