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 Pain, communion
 

Développements :Champ de blé
La pâte est pétrie
Le pain au four
Pains sortis du four
La multiplication des pains, porte du tabernacle, église St-Etienne, Bottens, Suisse
Miniature d’un manuscrit dominicain, 1250
Messe de saint Ulrich, miniature, XIe siècle, Codex 261 (971)
La main de Dieu apparaît sur la croix, Patène du XIIe siècle, Musée Ste-Catherine, Utrecht, Hollande
Pyxide émaillée, musée du Moyen Age, Paris, France
Des anges musiciens entourent l’hostie présentée dans un ostensoir de cristal appelé “monstrance”, miniature de la Bibliothèque de l’Abbaye d’Einsiedeln, Suisse
Les fidèles agenouillés devant le Saint Sacrement, miniature Codex 104 (12) XVIe siècle, Bibliothèque de l’Abbaye d’Einsiedeln, Suisse


 
Champ de blé
Si étendue que soit la moisson, elle finit toujours par rassembler les grains de blé en une seule farine et cette réalité a signifiée l’unité de l’Eglise aux yeux des premiers chrétiens.
“Comme les graines qui forment le pain et le vin étaient autrefois dispersées sur les collines et sont devenues un, ainsi toute l’Eglise, des extrémités de la terre, est rassemblée dans ton Royaume.” -- Didaché 9,4.
 
Champ de blé


 


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La pâte est pétrie
Mais cette opération ne s’arrête pas au moulin, la farine devient pâte à force d’être malaxée par la main du boulanger.
“Etre baptisé c’est comme être pétri, dans le travail de la pâte, l’exorcisme qui a lieu lors du baptême, c’est comme les graines qui sont moulues, tout obstacle à l’unité est enlevé; enfin on est cuit au feu de l’Esprit.” -- Saint Augustin (354-430), Sermon 272.
 
La pâte est pétrie


 


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Le pain au four
Comment cela se peut-il? Sinon par la puissance du Christ qui nous sauve de toutes les formes de la mort: le mensonge, la colère, la division qui précèdent la fin de la vie.
“Comme le pain qui vient de la terre conserve la fragile substance de notre chair et prévient sa destruction, de même le Christ, lui aussi, vivifie l’âme par l’action de l’Esprit, et en outre il préserve le corps même en vue de son incorruptibilité. Car le Christ a fait don à l’humanité de la résurrection d’entre les morts et de l’immortalité des corps. Nous croyons en effet que le levain de la pâte humaine a été cuit au feu de sa divinité. Il est le pain, non de cette vie ordinaire, mais de la vie transformée à laquelle la mort ne met pas de fin. Si quelqu’un croit en ce pain, il ne connaîtra pas la faim, cette faim qui tor ÿÔ 
 
Le pain au four


Le feu




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Pains sortis du four
Alors, le pain élément de la nourriture devient symbole de la convivialité de ceux qui le partagent ensemble: les “compagnons”, comme le nom l’indique en soulignant la solidarité qui lie ceux-ci au même titre que “la parole donnée”. En effet, la signification reconnue au pain englobe non seulement le repas mais aussi la Parole “dévorée” par les disciples et les associe en un seul collège si bien que Jésus a pu affirmer: “Je suis le Pain de la vie.” (Jean 6, 35)
 
Pains sortis du four


 


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La multiplication des pains, porte du tabernacle, église St-Etienne, Bottens, Suisse
Après avoir multiplié les pains, Jésus a enseigné son auditoire miraculeusement rassasié, “En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour, car ma chair est une vraie nourriture et mon sang une vraie boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui.” (Jean 6,53-56)
L’auditoire qui écoute le discours sur le pain de vie après la multiplication des pains ne comprend pas pourquoi cet aliment qui a soulagé sa faim ponctuelle devient signe d’un salut éternel. Pourtant les rabbins lui avaient appris que toute parole du maître est nourriture au point d’appeler l’attention du disciple: «manducation de la Parole». Et c’est justement l’acceptation de l’enseignement de Jésus qui est en cause. Si le Maître parle de chair et de sang, séparés l’un de l’autre, symbolisés par le pain et le vin c’est qu’il annonce sa mort, or le sommet de la révélation s’accomplira réellement sur la croix. «Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique.»
En communiant au corps sacrifié du Christ, le disciple accepte donc la révélation du mystère de Dieu et la vérité à laquelle il adhère le sauve de la mort de l’âme qui est la peur des idoles que l’homme se fabrique spontanément, faute de pouvoir concevoir que Dieu est amour. Cette ultime manifestation du mystère de Dieu lui révèle en un seul instant son péché et le pardon que Dieu lui accorde. Dieu, que toute image idolâtrique éloigne de l’homme, lui devient plus intime que lui-même puisqu’il est celui qui pardonne en Jésus-Christ. Le fruit de ce salut c’est la vie éternelle que Jésus promet à cet instant.
 
La multiplication des pains
M. Diener
porte du tabernacle
Eglise St-Etienne

[ Bottens, Suisse ]
 


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Miniature d’un manuscrit dominicain, 1250
La messe commence donc par la proclamation de la Parole de Dieu qui nourrit les cœurs, mais puisque Jésus a accompli cette Parole jusqu’à la mort et la résurrection au matin de Pâques, Il peut se proclamer “le Pain descendu du ciel” Jean 6,41 et changer le pain et le vin en son corps et son sang lorsque les prêtres les consacrent en reprenant les paroles de la fête de Pâque instituée par Moïse.
“Donc l’Eucharistie est notre pain quotidien: mais recevons-le afin qu’il ne nourrisse pas simplement notre corps, mais notre esprit. En effet le pouvoir de celle-ci est de faire l’unité, afin que réunis dans son corps, devenus effectivement ses membres nous soyons ce que nous recevons.” -- Saint Augustin (354-430), Sermon 57,7.
 
Miniature d’un manuscrit dominicain, 1250, fait en région parisienne

Bibliothèque Classense

[ Ravenne, Italie ]
 


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Messe de saint Ulrich, miniature, XIe siècle, Codex 261 (971)
Après l’offrande du pain et du vin, le repas eucharistique se poursuit par leur consécration qui renouvelle la Pâque du jeudi Saint et elle s’achève par la communion du prêtre et des fidèles car Jésus a ordonné: “.Prenez et mangez, ceci est mon corps.” (Matthieu 26, 27) Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), Ave Verum, Office du Saint Sacrement.
Ave verum Corpus natum de Maria Virgine,
Vere passum, immolatum in cruce pro homine.
Cujus latus perforatum fluxit aqua et sanguine,
Esto nobis praegustatum mortis in examine.
O Jesu dulcis! O Jesu pie! O Jesu fili Mariae.
“Corps véritable né de la Vierge Marie, Toi qui as vraiment souffert et qui as été immolé sur la croix pour les hommes. De ton côté transpercé ont jaillit l’eau et le sang. Puisse-tu être notre consolation à l’heure de la mort. O doux Jésus! O bon Jésus! O Jésus fils de Marie.” -- Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), Office du Saint Sacrement.
 
Messe de Saint Ulrich, miniature, XIe siècle, Codex 261 (971)
Bibliothèque
Abbaye d’Einsiedeln

[ Einsiedeln, Suisse ]
 


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La main de Dieu apparaît sur la croix, Patène du XIIe siècle, Musée Ste-Catherine, Utrecht, Hollande
Ce don de Dieu qui traverse les siècles fait de chaque messe le repas pascal au quel Dieu invite tous les hommes. Destinée à recevoir l’hostie consacrée, cette patène porte une gravure de la main de Dieu au cœur de la croix pour signifier cette présence mystérieuse et parfaitement réelle du Fils de Dieu que son Père a donné aux hommes pour leur permettre de participer au festin du ciel avec Lui.
Saint Thomas d’Aquin a longuement médité sur ce don de Dieu :
Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), “Verbum supernum prodiens”, Hymne des Laudes de la Fête-Dieu

Quibus sub bina specie
Carnem dedit et sanguinem
Ut duplicis substantiae
Totum cibaret hominem.”
Se nascens dedit socium
Convescens in edulium,
Se moriens in pretium,
Se regnans dat in praemium.”
O Salutaris Hostia,
Quae coeli pandis hostium:
Bella premunt hostilia,
Da robur, fer auxilium.
Uni trinoque Domino
Sit sempiterna gloria:
Qui vitam sine termino
Nobis donet in patria.

Il leur donna sa chair et son sang sous deux espèces afin de nourrir tout entier l’homme chair et esprit. En naissant, Il s’est fait notre compagnon; dans son festin, Il s’est offert en aliment; en mourant Il s’est fait notre rançon, En régnant, il se donne en récompense. O Hostie du Salut, qui ouvrez la porte du ciel, les attaques nous pressent, donnez-nous la force, secourez-nous. Au Dieu unique en trois Personnes soit rendue gloire éternellement; qu’Il nous donne la vie sans fin dans la patrie.” -- Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), “Verbum supernum prodiens”, Hymne des Laudes de la Fête-Dieu.

 
La main de Dieu apparaît sur la croix, Patène du XIIe siècle

Musée Ste-Catherine

[ Utrecht, Pays-bas ]
 


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Pyxide émaillée, musée du Moyen Age, Paris, France
Cette participation à la table du Seigneur était l’espérance des chrétiens au seuil de l’au-delà. “Quiconque croit en moi, je le ressusciterai au dernier jour.” Jean 6,51 Aussi on prit très tôt l’habitude de conserver le pain consacré dans des pyxides pour porter la communion aux malades. Ces ciboires étaient petits pour être facilement transportables.
Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), Adoro te devote, Office du Saint Sacrement.
“Adoro te devote, latens deitas,
Quae sub his figuris vere latitas.
Tibi se cor meum totum subiicit,
Quia te contemplans totum deficit”
“Je t’adore ô Dieu caché qui demeures en vérité sous ces figures à toi mon cœur se soumet totalement parce que il défaille tout entier en te contemplant.” -- Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), Office du Saint Sacrement.
 
Pyxide émaillée

Musée National du Moyen Age

[ Paris, France ]
 


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Des anges musiciens entourent l’hostie présentée dans un ostensoir de cristal appelé “monstrance”, miniature de la Bibliothèque de l’Abbaye d’Einsiedeln, Suisse
Par la suite, les prêtres présentèrent le Saint Sacrement en dehors de la Messe pour favoriser la dévotion des fidèles. On fit même des monstrances qui présentaient l’hostie dans une petite église de cristal et d’or. Elle était le vrai trésor de toute la communauté, c’est ce qu’a chanté saint Thomas d’Aquin.
Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), Sacris solemniis, Hymne des Matines de la Fête-Dieu
Sacris solemnis juncta sint gaudia
Et ex praecordiis sonent praeconia:
Recedant vetera, nova sint omnia,
Corda voces et opera.
Noctis recolitur coena novissima,
Qua Christus creditur agnum et azyma
Dedisse fratribus, juxta legitima
Priscis indulta patribus.
Post agnum typicum expletis epulis, corpus
Dominicum datum discipulis,
Sic totum omnibus quod totum singulis,
Ejus fatemur manibus.
Dedit fragilibus corporis ferculum,
Dedit et tristibus sanguinis poculum,
Dicens: Accipite quod trado vasculum,
Omnes ex eo bibite...
Panis angelicus fit panis hominum:
Dat panis caelicus figuris terminum:
O, res mirabilis manducat Dominum
Pauper, servus et humilis.

Sainte Solennité, fais éclater la joie. Un cantique tout neuf s’élève de nos cœurs. Le vieux s’en est allé et le neuf se déploie avec plus de splendeur. Nous célébrons la mémoire de la dernière cène, de cette nuit où nous savons que le Christ partagea avec ses frères l’agneau et les azymes, selon la loi miséricordieusement donnée à nos pères de l’ancienne alliance. Nous reconnaissons qu’après l’agneau qui était son image, à la fin du repas, le Seigneur donna de ses propres mains son corps aux disciples tout entier à tous et tout entier à chacun. Il sont faibles et, pour les réconforter, il leur présente l’aliment de son corps, ils sont tristes et il leur offre le breuvage de son sang, disant: “Prenez la coupe que je vous mets en main, buvez en tous.” Le Pain des anges devient le pain des hommes!… Le pain du ciel met fin aux figures. O prodige admirable! le Seigneur est la nourriture du pauvre, du serviteur, d’une humble créature!” Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), Sacris solemniis, Hymne des Matines de la Fête-Dieu.

 
Des anges musiciens entourent l’hostie présentée dans un ostensoir de cristal appelé “monstrance”, miniature
Bibliothèque
Abbaye d’Einsiedeln

[ Einsiedeln, Suisse ]
 


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Les fidèles agenouillés devant le Saint Sacrement, miniature Codex 104 (12) XVIe siècle, Bibliothèque de l’Abbaye d’Einsiedeln, Suisse
Le 11 Août 1264, le pape Urbain IV étendit à l’Eglise entière la Fête-Dieu, il demanda à saint Thomas d’en composer l’office liturgique qui chante la foi de l’Eglise en des hymnes que la dévotion populaire a rendu célèbres, comme l’Ave verum, le Tantum ergo et le Pange lingua.
Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), Pange lingua, Office du Saint Sacrement.

Pange lingua gloriosi
Corporis mysterium
Sanguinisque pretiosi
Quem in mundi pretium
Fructus ventris generosi
Rex effudit gentium.
Nobis datus, nobis natus
Ex intacta Virgine,
Et in mundo conversatus,
Sparso Verbi semine,
Sui moras incolatus
Miro clausit ordine.
In supremae nocte coenae,
Recumbens cum fratribus,
Observata lege plene,
Cibis in legalibus,
Cibum turbae duodenae
Se dat suis manibus…
Verbum caro, panem verum,
Verbo carnem efficit,
Fitque sanguis Christi merum,
Et si sensus deficit,
Ad firmandum cor sincerum
Sola fides sufficit.

Chante, ma langue, chante le mystère du corps et du sang qui implante notre vie en sa mort. Fruit du sain de Marie, le Christ donna sa vie pour réparer nos torts. Il nous fut donné; Il naquit pour nous de la Vierge sans tache; Il vécut avec les hommes, et après avoir jeté la semence de sa parole, il acheva son séjour ici-bas par une admirable institution. Dans la nuit de la dernière cène, étant à table avec ses frères, après avoir pleinement observé la loi dans les mets prescrits, lui-même, de ses propres mains, se donne en nourriture aux douze qu’il a choisis. Le Verbe fait chair change par sa parole un pain véritable en sa propre chair et le vin devient le sang du Christ: si la raison défaille ici, la foi seule suffit pour rassurer le cœur sincère.” -- Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), “Pange lingua gloriosi”, Hymne des Vêpres de la Fête-Dieu.

 
fidèles agenouillés devant le Saint Sacrement, miniature Codex 104 (12) XVIe siècle
Bibliothèque
Abbaye d’Einsiedeln

[ Einsiedeln, Suisse ]
 


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  Documents associés : 
Présentation : 
La Cène, miniature
Image mère : 
Mosaïque absidiale de l’église Ste-Pudentienne, Rome, Italie