Le chemin des Cathédrales / Révélation /Jugement

 
 
 Tympan du jugement
Les représentations médiévales du jugement dernier magnifient la miséricorde de Dieu envers tous les hommes qu’il appelle à le contempler pour l’éternité
 

Citations :Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), opuscule sur l’Imitation de Dieu
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), opuscule sur l’imitation de Dieu
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), est-il toujours nécessaire au salut de croire explicitement au Christ?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), est-il toujours nécessaire au salut de croire explicitement au Christ?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), la béatitude
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), une société d’amis est-elle requise pour la béatitude?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), parmi ceux qui voient l’essence de Dieu, certains la voient-ils plus parfaitement que d’autres?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), De l’Ame
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), De veritate
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), toute action des infidèles est-elle un péché?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), l’infidélité est-elle un péché?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), le blasphème contre l’Esprit Saint
Rachid Benzine et Christian Delorme
Le Coran
Abou-Horeira
Ibn Abbas
Hadith


 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), opuscule sur l’Imitation de Dieu
Ch.10.

“ Si vous ne pouvez pleurer, Dieu se contentera d’une parole sortie de votre coeur.
Même si on perdait l’usage de la parole, Dieu se contenterait pleinement des gémissements d’un coeur vraiment contrit (Ezéchiel 18,21-22). Même si l’on n’avait plus la force de pousser un soupir, Dieu, pour les plus graves offenses, se contenterait encore de la bonne et sincère volonté de l’homme pécheur.”
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), opuscule sur l’imitation de Dieu
Quels que soient le outrages, quels que soient les mépris que Dieu reçoive de sa créature, jamais pourtant il ne la hait. Au contraire, il la chérit en toute vérité. Ardemment il désire son bien, tout en détestant ses fautes. A nous aussi il est permis de haïr, mais seulement les vices du prochain, tout en aimant sa nature. Nous n’avons pas plus le droit d’étendre aux vices l’affection que nous ressentons pour les personnes, que de transporter aux personnes la haine que leurs vices nous inspirent.
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), est-il toujours nécessaire au salut de croire explicitement au Christ?
Somme Théologique, la foi, Q.2, a.7

S’il en est cependant qui aient été sauvés sans qu’aucune révélation leur eût été faite, ils ne furent pas sauvés sans une foi au Médiateur. Car, même s’ils n’eurent pas une foi explicite, ils eurent pourtant une foi implicite dans la divine Providence, en croyant que Dieu était bien le libérateur des humains selon les modalités qui lui plairaient et selon que lui-même le révélerait à quelques-uns qui seraient dans la connaissance de sa vérité “ à lui qui nous enseigne au-dessus des bêtes de la terre ”, comme il est écrit au livre de Job (35-V.11).
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), est-il toujours nécessaire au salut de croire explicitement au Christ?
Somme Théologique, Q.2, a.7

S’il en est cependant qui aient été sauvés sans qu’aucune révélation leur eût été faite, ils ne furent pas sauvés sans une foi au Médiateur. Car, même s’ils n’eurent pas une foi explicite, ils eurent pourtant une foi implicite dans la divine Providence, en croyant que Dieu était bien le libérateur des humains selon les modalités qui lui plairaient et selon que lui-même le révélerait à quelques-uns qui seraient dans la connaissance de sa vérité “ à lui qui nous enseigne au-dessus des bêtes de la terre ”, comme il est écrit au livre de Job (35-V.11).

Saint Thomas insiste sur le lien entre l’âme et le corps séparés par la mort, mais non point définitivement, ce qui souligne l’importance du corps au cours de cette vie et pour l’éternité.

 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), la béatitude
Somme théologique, I-II, question 3, art.1

Ensuite, en admettant que la fin de la raison et de la volonté humaines ne consiste qu’en la conservation de l’être humain, on ne pourrait pas dire pour autant que la fin de l’homme est un bien du corps. L’être humain, en effet, consiste à la fois dans l’âme et dans le corps, et bien que l’être du corps dépende de l’âme, l’être de l’âme ne dépend pas du corps, ainsi que nous l’avons fait voir précédemment. En outre, le corps est fait pour l’âme comme la matière est faite pour la forme et les instruments pour leur moteur, afin que par cette matière et ces instruments elle exerce ses opérations à elle. Ainsi, tous les biens du corps ont pour fin les biens de l’âme, et il est donc impossible que la béatitude, fin ultime de l’homme, consiste dans les biens du corps.
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), une société d’amis est-elle requise pour la béatitude?
Somme théologique, la béatitude. I-II, question 4, art.8

Réponse : Si nous parlons de la félicité dans la vie présente, il faut dire avec le Philosophe (IX Eth. IX 4 (1169 b 22)) que “l’homme heureux a besoin d’amis”, non pour son utilité, car il se suffit à lui-même; ni pour sa délectation, puisqu’il possède en soi, du fait de l’activité vertueuse, la délectation parfaite ; mais pour le bien de son action, c’est-à-dire pour avoir la possibilité de leur faire du bien, pour trouver du plaisir en voyant le bien qu’ils accomplissent, et pour être aidé par eux dans le bien que lui-même accomplit. L’homme a besoin en effet, pour agir vertueusement, du concours des amis, tant dans les œuvres de la vie active que dans celles de la vie contemplative.
Mais si nous parlons de la béatitude parfaite que nous posséderons dans la patrie, la société des amis n’y est pas nécessairement requise ; car l’homme trouve en Dieu la plénitude de sa perfection 14. Toutefois, cette société amicale concourt à l’heureux épanouissement de la béatitude, ce qui fait dire à S. Augustin (§ 2. PG 3, 868.): “La créature spirituelle ne reçoit, pour être bienheureuse, que l’aide intérieure qui lui vient de l’éternité, de la vérité, de la charité du Créateur. Si l’on doit dire qu’elle reçoit une aide extérieure, peut-être la reçoit-elle seulement en ce sens que les élus se voient mutuellement et se réjouissent de former une société.”
Solution 3 : La perfection de la charité est essentielle à la béatitude quant à l’amour de Dieu, non quant à l’amour du prochain. De sorte que, n’y eût-il qu’une seule âme jouissant de la possession de Dieu, elle serait bienheureuse, sans avoir de prochain à aimer. Mais , étant donné le prochain, l’amour que l’on a pour lui découle du parfait amour de Dieu. Aussi est-ce une relation de concomitance qui unit l’amitié à la béatitude parfaite.
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), parmi ceux qui voient l’essence de Dieu, certains la voient-ils plus parfaitement que d’autres?
Somme Théologique, 2a, qu.12, art.6

CEPENDANT , la vie éternelle consiste dans la vision de Dieu, selon ces mots de saint jean : “La vie éternelle, c’est qu’ils vous connaissent, Vous seul vrai Dieu, etc. ” (Jn 17,3) Donc, si tous voient J’essence de Dieu également dans la vie éternelle, dans la vie éternelle tous seront égaux, ce qui s’oppose au dire de l’Apôtre : “ L’étoile diffère de l’étoile en clarté. ” (1 Co 15,41)
CONCLUSION : Certainement il faut dire que parmi ceux qui verront l’essence de Dieu, l’un la verra plus parfaitement que l’autre. Mais cela ne’sera point par le fait d’une similitude de Dieu imprimée plus parfaitement dans l’un que dans l’autre; car cette vision-là ne se fera point par similitude, ainsi qu’on l’a montré (a.2). Cela proviendra de ce que l’intellect de l’un aura une capacité plus grande à l’égard de cette vision de Dieu. Du reste, , la faculté de voir Dieu n’appartient pas à l’intellect créé selon sa nature; elle résulte de la lumière de gloire, qui établit l’intellect dans une sorte d’état déiforme, ainsi qu’on l’a exposé (a.5). Dès lors, l’intellect qui participera davantage à cette lumière de gloire est celui qui verra Dieu plus parfaitement. Et celui qui participera le plus à la lumière de gloire est celui qui a le plus de charité; car plus grande est la charité, plus grand est le désir, et le désir rend d’une certaine manière l’être qui désire apte et tout prêt à recevoir l’objet désiré. [19] Ainsi, celui qui aura plus de charité verra Dieu plus parfaitement, et il sera plus heureux.
Solutions: 1. Lorsqu’on dit: “ Nous le verrons tel qu’il est ”, la locution “ tel que ” entend déterminer le mode de vision par rapport à la chose vue, ce qui signifie : Nous le verrons être tel qu’il est ; car nous verrons son être même, qui est son essence. Mais cela n’exprime pas le mode
2. Par là se résout également, la deuxième objection. Lorsqu’on dit d’une même chose que l’un ne la connaît pas mieux que l’autre, cela est vrai si on le réfère à la chose connue; car celui qui juge de la chose autrement qu’elle n’est n’en a pas une connaissance vraie. Mais cela n’est plus exact si on le rapporte à la façon de connaître; car la connaissance de l’un est plus parfaite que celle de l’autre.
3. La diversité de vision ne proviendra pas de l’objet, puisque le même objet, qui est l’essence divine, sera rendu présent à tous; elle ne tiendra pas non plus à diverses participations de l’objet par des similitudes différentes ; elle proviendra de la diversité de la faculté intellectuelle, non selon la nature, mais selon la gloire, comme on vient de le dire.
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), De l’Ame
A. 14

Connaître, Aristote le prouve au livre 3 du Traité de l’Ame, n’est pas un acte effectué par un organe corporel. [ ... ] Il en résulte que l’intellect a son acte propre, auquel le corps ne participe pas. [ ... ] Il est donc évident que le principe spirituel de l’intellect humain est, dans l’ordre de l’être, supérieur au corps et indépendant du corps. Il est non moins évident qu’un tel principe n’est pas composé de matière et de forme, puisqu’il reçoit en lui-même, d’une façon immatérielle, toutes les formes. La preuve en est dans le fait que l’intellect a pour objet les caractères universels, abstraits de la matière et des conditions matérielles. Reste donc que le principe de l’intellect humain est une forme qui possède l’existence, et qui, par là, est nécessairement incorruptible. C’est pour cette raison qu’Aristote affirme, au livre 3 du Traité de l’Ame, que l’intellect est quelque chose de divin et d’immortel. [On sait] que le principe spirituel de l’intellect humain n’est pas une substance séparée, mais quelque chose de formellement inhérent à l’homme, c’est-à-dire son âme ou une partie de son âme. Il ressort de tout ce qui vient d’être dit que l’âme humaine est incorruptible.
En effet tous ceux qui ont soutenu que l’âme est périssable ont nié l’un des points qui viennent d’être exposés. Les uns affirment que l’âme est la même chose que le corps, et prétendent qu’elle n’est pas une forme, mais un composé de matière et de forme. D’autres affirment que l’intellect ne diffère pas des sens, sous prétexte qu’il ne peut s’exercer que par un organe corporel, et qu’en conséquence, dans l’ordre de l’être, il n’est pas supérieur au corps ; autrement dit, il n’est pas une forme qui possède l’existence. D’autres ont fait de l’intellect humain une substance séparée, [...] toutes ces opinions sont fausses. Reste donc que l’âme humaine est impérissable. On peut le montrer de deux façons. D’abord en partant de l’intellect : ce qui est corruptible en soi est incorruptible en tant que saisi par l’intellect ; car l’intellect appréhende les choses en ce qu’elles ont d’universel, et, selon ce mode, il n’y a pas de corruption pour les choses. Ensuite, en partant de l’appétit naturel qui ne peut en rien être frustré : nous constatons en l’homme un désir d’immortalité ; et ce désir est conforme à la raison, puisque l’existence même est désirable en soi ; celui qui la connaît d’une manière absolue, et pas seulement hic et nunc, doit la désirer aussi d’une manière absolue et pour toujours. Il apparaît bien qu’un tel désir n’est pas vain et que l’homme, par la spiritualité de son âme, est immortel.
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), De veritate
Q. 22, a.2

Ainsi l’intellect peut être comparé à la volonté de trois manières. D’abord considéré dans l’absolu et en général, sans référence à tel ou tel objet, l’intellect est supérieur à la volonté ; de cette façon, posséder en soi l’excellence d’une réalité autre que soi est une plus grande perfection que d’être en rapport avec cette excellence. Ensuite, relativement aux réalités naturelles sensibles, l’intellect est encore absolument supérieur à la volonté; par exemple, connaître la pierre vaut mieux que la vouloir, parce que la forme de la pierre existe dans l’intellect qui la connaît sous un mode supérieur à celui dont elle existe dans la pierre elle-même, en tant qu’objet du désir de la volonté. Enfin, en ce qui concerne les réalités divines supérieures à l’âme, vouloir vaut mieux que connaître; ainsi vouloir Dieu et l’aimer vaut mieux que le connaître, parce que la bonté divine existe d’une manière plus parfaite en Dieu, en tant que désirée par la volonté, qu’elle n’existe participée en nous, en tant que conçue par l’intellect.
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), toute action des infidèles est-elle un péché?
Somme théologique, la foi, tome second, IIa-IIae, l’infidélité en général, Q.10, art.4

Réponse: Le péché mortel, avons-nous dit (I-II, Q. 85, a. 2 et 4.), ôte la grâce sanctifiante, mais ne gâte pas totalement le bien de la nature. Aussi, puisque l’infidélité est un péché mortel, assurément les infidèles sont dépourvus de la grâce ; cependant il reste en eux un certain bien de la nature. Il s’ensuit évidemment qu’ils ne peuvent faire les œuvres bonnes qui découlent de la grâce, c’est-à-dire des œuvres méritoires ; cependant, les œuvres bonnes pour lesquelles suffit le bien de la nature, ils peuvent quelque peu les faire. Par suite, il n’est pas fatal qu’ils pèchent en tout ce qu’ils font; mais ils pèchent chaque fois qu’ils entreprennent une œuvre procédant de l’infidélité. De même, en effet, qu’en ayant la foi on peut commettre un péché dans un acte qu’on ne rapporte pas aux fins de la foi, en péchant soit véniellement, soit même mortellement, de même l’infidèle peut aussi faire une bonne action dans ce qu’il ne rapporte pas à l’infidélité comme à une fin.
Solutions : 1. Par cette parole il faut comprendre, ou bien que la vie des infidèles ne peut pas être sans péché, étant donné que les péchés ne sont pas enlevés sans la foi, ou bien que tout ce que les fidèles font par infidélité est péché. Aussi est-il ajouté au même endroit : “ Tout homme vivant ou agissant dans l’infidélité pèche grandement. ”
2. La foi dirige l’intention en vue de la fin ultime surnaturelle. Mais la lumière de la raison naturelle peut aussi diriger l’intention en vue d’un bien connaturel.
3. L’infidélité ne corrompt pas totalement chez les infidèles la raison naturelle, au point qu’il ne reste en eux quelque connaissance du vrai, qui leur permet de pouvoir faire quelque chose en matière d’œuvres bonnes. A propos de Corneille cependant, il faut savoir qu’il n’était pas un infidèle; autrement son activité n’eût pas été agréée de Dieu, à qui nul ne peut plaire sans la foi. Corneille avait la foi implicite, puisqu’il ne connaissait pas encore manifestement la vérité de l’Évangile. Aussi est-ce pour l’instruire plus pleinement de la foi que Pierre est envoyé vers lui.
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), l’infidélité est-elle un péché?
Somme théologique, la foi, tome second, IIa-IIae, l’infidélité en général, Q.10, art.1

Mais si l’infidélité est prise dans le sens purement négatif, comme chez ceux qui n’ont absolument pas entendu parler de la foi, elle n’a pas raison de péché, mais plutôt de châtiment, parce qu’une telle ignorance du divin est une conséquence du péché du premier père. Or, ceux qui sont infidèles de cette façon sont damnés pour d’autres péchés qui ne peuvent être remis sans la foi, mais non pour le péché d’infidélité. Aussi le Seigneur dit-il (Jn 15, 22): “ Si je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché. ” Et S. Augustin (In Ioan. tr. 89 sur 15, 22. PL 35, 1857) explique que le Seigneur parle “ de ce péché par lequel ils n’ont pas eu foi dans le Christ ”.
 


haut de la page

 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), le blasphème contre l’Esprit Saint
Somme théologique, la foi, IIa-IIae, Q.14, art.3

2° Quant à la faute, la chose peut s’entendre d’une autre manière. De même qu’une maladie est dite incurable par sa nature propre, du fait qu’elle abolit ce qui peut aider à la guérison, par exemple lorsqu’elle enlève la vigueur de la nature, ou qu’elle dégoûte de la nourriture et du remède, bien que Dieu puisse pourtant guérir une telle maladie. De même le péché contre l’Esprit Saint est dit irrémissible var sa nature en tant qu’il exclut ce qui produit’la rémission des péchés. Cependant cela ne ferme pas la voie du pardon et de la guérison devant la toute-puissance et la miséricorde de Dieu et il arrive grâce à elles que de tels pécheurs sont spirituellement guéris comme par miracle.
Solutions : 1. On ne doit désespérer de personne en cette vie, si l’on considère la toute puissance et la miséricorde de Dieu. Mais si l’on considère la condition du péché, il y a des gens qui sont appelés “ fils de rébellion ” comme dit S. Paul (Ep 2, 2).
2. L’argument est valable du côté de la toute-puissance de Dieu; il ne l’est pas si l’on tient compte de la condition du péché.
3. Le libre arbitre reste, il est vrai, toujours susceptible de changement en cette vie. Cependant il rejette parfois loin de lui ce qui peut le faire changer en bien autant que cela dépend de lui. De là vient que le péché est irrémissible de son côté, encore que Dieu puisse le pardonner.
 


haut de la page

 
Rachid Benzine et Christian Delorme
“Nous avons tant de choses à nous dire”, pour un vrai dialogue entre chrétiens et musulmans, Paris, Albin Michel, 1997

Dans la croyance musulmane comme dans la croyance chrétienne, l’homme a été façonné à l’image de Dieu. Gérant de la Création, il est comme le vicaire de Dieu sur terre. Sa vocation est d’abord d’être reflet du Seigneur des mondes. Un hadith qodsi (divin) explique ainsi l’origine de la Création. Dieu dit : “ J’étais un trésor caché, j’ai aimé être connu. C’est pourquoi j’ai produit les créatures afin de me connaître en elles. “Et la finalité de l’humanité c’est le paradis, autrement dit le bonheur, et non point l’enfer. S’il y a perdition de l’homme, cela ne peut se faire qu’au déplaisir de Dieu.
Privés pendant des siècles de pouvoir lire par euxmêmes la Bible dont la connaissance générale était laissée aux clercs, les chrétiens ont longtemps vécu dans l’ignorance de textes sublimes. Ainsi ces citations de livres prophétiques, qui parlent de l’amour de Dieu pour son peuple: Isaïe : “ Tu as du prix pour Moi [dit Dieu à son peuple], et Moi, Je t’aime “(43, 4). - Isaïe encore : “ Une femme oubliera-t-elle son enfant 9 Même s’il s’en trouvait une pour l’oublier, Moi Je ne t’oublierai jamais. Regarde. Je t’ai gravé sur la paume de mes mains “(49, 15). - Isaïe toujours : “ Comme un jeune homme met sa joie en celle qu’il aime, Ton Dieu met sa joie en toi. “- Et Jérémie: “ D’un amour éternel Je t’ai aimé !”
Oui, éternel est l’amour de Dieu : il n’a pas de fin. Le croyant au Dieu de la Bible peut légitimement croire que Dieu est prêt à aller chercher sa créature jusqu’en enfer. Conviction à laquelle invitent tout particulièrement les Evangiles, eux qui répètent que le Christ est venu sauver ce qui était perdu : “ Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Allez donc apprendre ce que signifie: “C’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice”. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs “(Matthieu 9, 12-13).
Dans le Coran, même si l’insistance mise sur l’amour de Dieu pour ses créatures semble moins forte, elle y est néanmoins présente. L’expression “ Dieu est aimant “est employée deux fois seulement dans le Coran (11, 90 et 85, 14), mais quarante et une fois est utilisé le verbe aimer à l’adresse de ceux qui sont bienfaisants. “ Dieu fera bientôt venir les hommes ; Il les aimera et eux aussi l’aimeront “(Coran 5-54). Surtout, le Coran revient à tout moment sur l’immense miséricorde de Dieu. A l’exception d’une seule, toutes les sourates du Livre commencent par: “ Au nom de Dieu le Clément, le Très-Miséricordieux “.
Les passages sont multiples qui soulignent ce pardon que Dieu aime à dispenser, car le Seigneur des mondes est fondamentalement enclin à absoudre (ghafur: le mot revient quatre-vingt-onze fois dans le Coran) : “ Il est [Dieu], en vérité, celui qui vient sans cesse vers le pécheur repentant “(60, 3). - “ 0 vous les croyants ! Revenez à Dieu avec un repentir sincère. Il se peut que votre Seigneur efface vos fautes et qu’Il vous fasse rentrer dans les jardins où coulent les rivières, le jour où Dieu ne couvrira de honte ni le Prophète ni ceux qui auront cru en lui “(66, 8). - “ Qui donc désespère de la miséricorde de son Seigneur, sinon ceux qui sont égares ? “(l 5, 56). - “ 0 mes serviteurs ! Vous qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne tous les péchés. Oui, il est celui qui pardonne: Il est le Miséricordieux “(39, 53). - “ Ceux qui reviennent à moi, qui se corrigent et font connaître la vérité aux autres ; à ceux-là je reviendrai aussi car j’aime à revenir vers un pécheur converti, et je suis miséricordieux “(2, 155).
 


haut de la page

 
Le Coran
Ceux qui rachètent les captifs, nourrissent en temps de disette un parent orphelin ou un pauvre réduit au dénuement, tout en étant du nombre de ceux qui ont la foi, qui s’incitent mutuellement à la constance et à la commisération, ceux-là seront les gens de la droite (ceux qui seront récompenses, posséderont la demeure finale, les jardins de l’Eden). (90, 17-18)

Ce que vous dépensez en aumône est à votre avantage. Ne donnez que poussés par le désir de la Face de Dieu. (2, 272)

Ils nourrissaient le pauvre, l’orphelin et le captif pour l’amour de Dieu. (76, 8)

Il vous rendra tout ce que vous avez donné en aumônes. Il est le meilleur dispensateur de tous les biens. (34, 39)

Aux hommes et aux femmes qui s’acquittent de l’aumône, à ceux qui font un beau prêt à Dieu, Dieu le rendra en abondance; ils recevront une généreuse récompense. (57, 18)

 


haut de la page

 
Abou-Horeira
Hadith

D’après Abou-Horeira - que Dieu l’agrée -, le Messager de Dieu - sur lui la bénédiction et la paix - a dit: Un homme dit: “Je vais faire une aumône’. Puis il partit avec son aumône et la mit dans la main d’un voleur. Le lendemain, comme on parlait de cette aumône faite à un voleur, l’homme dit : “0 Dieu, louange à toi qui m’as fait donner l’aumône à un voleur. Je vais faire encore une aumône.” Puis il partit et la déposa dans la main d’une femme adultère.”
“ Le lendemain, on parla de cette aumône faite à une femme adultère. Le même homme dit encore: “0 mon Dieu, louange à toi qui m’as fait donner l’aumône à une femme adultère. Je vais faire encore une aumône.” Puis il partit et la mit dans la main d’un riche. Le lendemain, on parla de cette aumône faite à un riche. Le même homme s’écria alors : “0 Dieu, louange à toi qui m’as fait donner J’aumône à un voleur, à une femme adultère et à un riche.” Car cet homme vit en songe quelqu’un qui lui dit : “L’aumône que tu as faite a un voleur servira peut-être à lui enlever dorénavant le désir de voler. Celle faite à une femme adultère la portera peut-être à s’abstenir de l’adultère [si elle a été adultère par cupidité]. Quant à celle faite à un riche, il y verra peut-être un exemple à imiter, et il dépensera en aumônes une partie des biens que Dieu lui a donnés.”
 


haut de la page

 
Ibn Abbas
Hadith

0 Mes serviteurs. Je me suis interdit l’injustice et Je vous déclare que Je vous l’interdis. Ne soyez donc pas injustes les uns envers les autres. 0 Mes serviteurs, chacun d’entre vous est un égaré, sauf celui que Je mène dans le droit chemin : demandez-Moi donc que Je vous y mène, et Je vous y mènerai. 0 Mes serviteurs, chacun d’entre vous est affamé, sauf celui que Je nourris : demandez-Moi donc de vous nourrir, et Je vous nourrirai. 0 Mes serviteurs, chacun d’entre vous est nu, sauf celui que J’habille : demandez-Moi donc de vous habiller et je vous habillerai. 0 Mes serviteurs, vous péchez de nuit comme de jour et Moi je pardonne tous les péchés : demandez-Moi de vous pardonner et Je vous pardonnerai.
 


haut de la page

 
Hadith
“0 fils d’Adam, je suis tombé malade et tu ne m’as pas visité! - 0 Seigneur, dit l’homme, comment devais-je te visiter, toi qui es le Seigneur des Mondes? - Tu n’as pas su, reprit Dieu, qu’untel de mes serviteurs était malade, et tu ne l’as pas visité? Ne savais-tu pas que si tu l’avais visité, tu m’aurais trouvé chez lui? 0 fils d’Adam! je t’ai nourri et tu ne m’as pas nourri! - 0 Seigneur, comment devais-je te nourrir, toi le Seigneur des Mondes? - N’as-tu pas su qu’untel de mes serviteurs t’a demandé à manger, et tu ne l’as pas nourri? Ne savais-tu pas que si tu l’avais nourri, tu aurais trouvé ta nourriture chez moi? 0 fils d’Adam! je t’ai demandé à boire et tu ne m’as pas abreuvé! - 0 Seigneur! répondit l’homme, comment devais-je t’abreuver, toi le Seigneur des Mondes? - Mon serviteur untel t’a demandé à boire, et tu ne l’as pas abreuvé. Ne savais-tu pas que tu aurais trouvé ta boisson chez moi?”

“Tu vas chez des gens du Livre. Avant tout tu les inciteras à reconnaître qu’il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et que je suis son prophète. S’ils acceptent, informe-les que Dieu leur a institué cinq prières par jour. S’ils t’obéissent, fais-leur savoir qu’ils ont à s’acquitter de l’aumône légale prélevée sur les biens de leurs riches pour être distribuée à leurs pauvres. S’ils s’exécutent, garde-toi de prendre le meilleur de leurs biens. Méfie-toi de l’imprécation de l’opprimé, car entre elle et Dieu il n’y a pas d’écran”.

 


haut de la page

 
  Documents associés : 
Lieu : 
Notre-Dame de Paris
Description de l’image : 
Tympan du jugement
Histoire : 
Images de l’au-delà
Présupposés théologiques : 
Qui connaît Dieu?
Experience humaine : 
Le sens de la vie
Symboles : 
La balance