Le chemin des Cathédrales / Révélation /Livre

 
 
 Livre
Utilité et danger de l’Ecriture pour transmettre la Révélation divine
 
Présupposés théologiques :
 
Qui peut comprendre l’Ecriture Sainte ?
Ce problème est très grave car la Révélation divine ne peut être soumise aux aléas de la communication ordinaire et l’histoire de la chrétienté montre comment celle-ci a trouvé dans l’étude de la Bible de graves prétextes à ses divisions. Dès l’origine, la question du rapport de l’Ecriture avec son Auteur a retenu l’attention des croyants à propos de leurs livres sacrés. Au moment où les chrétiens de Rome pressèrent saint Pierre de faire écrire son enseignement pour qu’il demeure accessible par delà la mort, l’apôtre hésita longuement La réserve de Pierre dit son souci de ne pas exposer l’Evangile au poids des études de texte qui pourraient être source d’incompréhension si le message n’était pas transmis par la voix de la Tradition de l’Eglise, voire même objet de curiosité plutôt qu’écoute de la Parole de Jésus. Lorsque saint Marc rédigea son évangile, Clément de Rome qui avait été baptisé par saint Pierre, précise que celui-ci “n’intervint ni en s’y accordant, ni en y s’y opposant.” (Histoire Ecclésiastique 4,14)
Sur le témoignage de Clément d’Alexandrie, Eusèbe de Césarée nous rapporte à propos des disciples instruits par saint Pierre: “Par toutes sortes d’instances, ils supplièrent Marc, dont l’évangile nous est parvenu et qui était le compagnon de Pierre, de leur laisser un monument de l’enseignement qui leur avait été livré oralement; ils ne cessèrent pas leur demande avant d’avoir contraint notre homme. C’est ainsi qu’ils causèrent la mise par écrit de l’évangile appelé selon Marc. L’apôtre (Pierre), dit-on, connut ce qui avait été fait par une révélation de l’Esprit; il se réjouit de l’empressement de ces gens et approuva l’écrit pour la lecture dans les assemblées.” (Eusèbe, Histoire Ecclésiastique, 215) C’est donc sous la pression de l’Esprit Saint que saint Pierre concéda la permission d’écrire sa prédication, ne se réjouissant que de la ferveur des fidèles en approuvant le livre pour la lecture liturgique, ce qu’indique l’expression: “la lecture dans les assemblées”. En effet, la liturgie manifeste l’action immédiate du Verbe Incarné de sorte que la proclamation du texte évangélique est bien sa Parole adressée aux auditeurs de tous les temps. C’est Lui qui en est maître et peut réunir ses disciples en une seule bergerie (Jn 10,16). La lecture privée de la Parole de Dieu ne peut se situer que dans le prolongement de sa célébration publique parce que l’interprétation de l’Ecriture sainte ne peut donc échapper à la protection de l’Eglise parce qu’elle fait partie du pouvoir sacramentel donné aux apôtres et à leurs successeurs.
Au moment où le développement de l’Université porte les étudiants à l’étude privée de l’Ecriture Sainte, les artistes qui ont décoré Notre-Dame ont pris soin de placer le livre des Ecritures dans la main du Christ ou de référer les scènes de l’Evangile à l’Ecriture de l’Ancien Testament. Cette particularité est manifeste aux portails de la façade, au mur du pourtour du chœur, mais aussi au portail latéral: la sépulture de saint Etienne se déroule sous le livre que tient le célébrant. Cette importance du livre placé ou dans la main du Christ ou dans celle du célébrant est un rappel aux étudiants que la Parole de Dieu ne peut être abordée comme une quelconque information. C’était d’autant plus nécessaire que les mêmes théologiens qui conseillaient les artistes étaient attentifs aux positions des Juifs et des Musulmans. C’est une question qui préoccupe tous les croyants: cette fidélité de l’Ecrit à la Parole du Dieu Unique a conduit la tradition musulmane à sacraliser le Coran, et sa langue même, pour le protéger de toute altération. L’extension de cette religion en dehors des peuples arabes interroge aujourd’hui ses théologiens au sujet des nécessaires traductions. Faut-il s’y résigner pour qu’il soit compris, au risque d’être déformé ou bien faut-il le garder intact en le privant de signification pour ceux qui ne parlent pas l’arabe? En terre d’Islam, l’absence de ministres ordonnés rend encore plus difficile le problème du respect de la transcendance de la Révélation divine.
 
Jésus au milieu des douze apôtres
Sarcophage du IIIe siècle
Musée du Louvre

[ Paris, France ]
Les Evangélistes dessillent les yeux de Moïse qui voit l’agneau de Dieu

British Library

[ Londres, Royaume-uni ]
Miniature de la Bible de Moûtier Granval, l’agneau ouvre le livre aux sept sceaux

British Library

[ Londres, Royaume-uni ]
Miniature de la Bible de Moûtier Granval, le Christ en gloire

British Library

[ Londres, Royaume-uni ]
Miniature de la Bible de Moûtier Granval, Enluminure de la sagesse

British Library

[ Londres, Royaume-uni ]
L’enfant Jésus lit l’Ecriture dans les bras de sa mère



Liens associés :

Le symbole du livre des Ecritures

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  Documents associés : 
Lieu : 
Paris, rue de la Parcheminerie
Histoire : 
Du parchemin au papier
Experience humaine : 
L’écrit ne saurait remplacer la communication orale
Symboles : 
L’écriture abolit la distance qui sépare l’auteur de ses lecteurs
Citations : 
Témoignage de l’évêque Papias