Terres d'Evangile / Vie publique /La Samaritaine

 
 
 Le don de l’eau vive
La Samaritaine ne doit pas avoir bonne réputation dans son bourg puisqu’elle a eu cinq maris, pourtant Jésus prend du temps pour lui faire entrevoir un autre monde et elle le reconnaît pour le Messie, parce qu’il a éclairé sa conscience. Il ne lui a pas fait de reproche humiliant, il lui a parlé de la prière. Cela suffit pour qu’elle fasse de l’aveu de ses fautes un témoignage en faveur du Messie.
 

Citations :Jean Chrysostome, IVe siècle
Augustin (354-430), Commentaire sur l’évangile de Jean 15
Augustin (354-430), Homélies sur l’Evangile de Saint Jean


 
Jean Chrysostome, IVe siècle
Commentaire sur l’évangile de Jean 30

L’Esprit-Saint est appelé tantôt eau et tantôt esprit, et cela nous est une preuve que les noms ne sont pas significatifs de la nature de cette personne divine, mais de son action. Sous le nom de feu est caché, comme sous un emblème, ce qui est la source et la sublimité de la grâce, comme aussi ce qu’elle contient de consumateur des péchés, tandis que par celui d’eau est désignée l’action purifiante de l’esprit, et est, exprimé combien il rafraîchit les âmes qui le reçoivent. (…) Ce qui suit établit l’excellence de cette eau, à savoir que celui qui en boira n’aura plus soif: “Car l’eau que je donnerai deviendra en lui une source d’eau vive rejaillissant jusqu’à la vie éternelle.” C’est comme s’il disait: Ainsi que celui qui a une fontaine au-dedans de lui-même n’a jamais soif, ainsi de celui qui a de cette eau, de celle que je donnerai. Voyez comme peu a peu cette femme monte jusqu’à la hauteur des dogmes chrétiens. Au commencement elle le prenait pour un transgresseur de la loi juive; puis, en entendant parler de cette eau vive, elle a cru qu’il s’agissait d’une eau visible. Plus tard, voyant que ce qui lui était dit l’était dans un sens spirituel, elle a admis que cette eau pouvait débarrasser des nécessités de la soif. Elle ne savait pas encore quelle était cette eau, mais elle le cherchait, l’admettant déjà comme au-dessus de toute chose sensible. “Cette femme lui dit: Seigneur, donnez-moi de cette eau afin que je n’aie plus soif et que je ne vienne plus puiser ici.” C’est ainsi qu’elle le place avant le patriarche Jacob dont elle avait une si haute opinion.
 


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Augustin (354-430), Commentaire sur l’évangile de Jean 15
Il lui fallait traverser la Samarie. Il arrive à une ville de Samarie appelée Sychar, près de la terre jadis donnée par Jacob à son fils Joseph. Là se trouve le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près du puits. C’était environ la sixième heure. Là commencent les mystères. Car ce n’est pas sans raison que Jésus est fatigué, Jésus qui est la force de Dieu. Ce n’est pas sans raison qu’il est fatigué, lui qui redonne des forces à ceux qui sont las, lui dont J’abandon nous épuise, mais dont la présence nous réconforte. Jésus cependant est fatigué par la route et il s’assied près du puits, à la sixième heure. Tous ces détails ont une signification... C’est pour toi que Jésus s’est fatigué en chemin. Nous trouvons Jésus à la fois plein de force et de faiblesse, plein de force parce qu’ “au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu”. Veux-tu voir la force du Fils de Dieu? “Tout a été fait par lui et sans lui rien n’a été fait” (Jn 1, 1, 3); et il a tout fait sans effort. Y a-t-il quelqu’un de plus fort que celui qui a tout fait sans effort? Veux-tu connaître sa faiblesse? “Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous” (Jn 1, 14). La force du Christ t’a créé, sa faiblesse t’a racheté. La force du Christ a donné l’existence à ce qui n’existait pas, sa faiblesse a sauvé ce qui existait. Il nous a créés par sa force, il est venu à notre recherche par sa faiblesse... Parce qu’il a daigné venir à nous en choisissant la forme d’esclave (il a pris notre chair), son incarnation est la route qu’il a parcourue. Il est fatigué de la route; comprenez qu’il ressent les fatigues de notre chair. Jésus est faible dans sa chair; mais toi, ne te laisse pas aller à la faiblesse, sois fort de la faiblesse du Christ, car ce qui paraît en Dieu une faiblesse est plus fort que les hommes...
(...)
Faisons encore un peu attention, puisque la lecture est terminée. La femme a d’abord annoncé la bonne nouvelle, les Samaritains ont cru son témoignage et ont prié Jésus de rester avec eux. Il y est resté deux jours et un plus grand nombre crurent en lui. Après avoir cru, ils disaient à la femme: Ce n’est plus sur tes dires que nous croyons; nous l’avons nous-mêmes entendu et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. D’abord parce que nous avons entendu tes dires, ensuite parce que nous avons vu. Le Seigneur agit aujourd’hui de la même façon avec ceux qui sont en dehors de l’Eglise et ne sont pas chrétiens. Le Christ est annoncé par des chrétiens à leurs amis; c’est comme si c’était cette femme, c’est-à-dire l’Eglise, qui l’annonce; ils viennent au Christ, ils croient à cause de ce qu’ils entendent dire. Jésus reste deux jours avec eux, ce qui veut dire qu’il leur donne les deux commandements de la charité - l’amour de Dieu et l’amour des autres. Et un bien plus grand nombre croient en lui, parce qu’il est véritablement le Sauveur du monde.
 


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Augustin (354-430), Homélies sur l’Evangile de Saint Jean
21. Jésus nous force encore une fois à scruter avec plus de précision la signification de ces cinq maris. Plusieurs à la vérité, et leur opinion n’a rien d’absurde ni même d’improbable, ont vu dans les cinq maris de cette femme les cinq livres de Moïse. Les Samaritains se servaient en effet de ces livres et ils étaient soumis à la même Loi que les Juifs, car c’est de là qu’ils tenaient eux aussi la pratique de la circoncision. Mais, à cause de la difficulté de la parole suivante: Et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari, nous pouvons plus facilement, me semble-t-il, regarder les cinq premiers maris de l’âme comme les cinq sens du corps.
Quand quelqu’un vient au monde en effet, tant qu’il ne peut pas faire usage de sa pensée et de sa raison, il n’est dirigé que par les sens corporels. L’âme du petit enfant désire ou repousse ce qui frappe l’ouïe, la vue, l’odorat, ce qui est sensible au goût et au toucher: elle désire tout ce qui flatte ces cinq sens, elle repousse tout ce qui les blesse; ce qui flatte en effet ces cinq sens, c’est le plaisir, ce qui les blesse, la douleur. L’âme commence par vivre soumise à ces cinq sens comme à cinq maris, car elle est dirigée par eux. Mais pourquoi les appelle-t-on ses maris ? Parce qu’ils sont légitimes, car c’est Dieu qui les a créés, Dieu qui les a donnés à l’âme.

Celle-ci demeure faible tant qu’elle est dirigée par ces cinq sens et qu’elle agit sous l’autorité de ces cinq maris ; mais dès qu’arrive le temps d’exercer sa raison, si elle est soumise à une règle de conduite excellente et à l’enseignement de la sagesse, alors succède à ces cinq maris, pour la diriger, un mari véritable et légitime, meilleur que les premiers, qui la dirigera mieux, qui la dirigera en vue de l’éternité, l’élèvera pour l’éternité, la formera pour l’éternité. Car ces cinq sens ne nous dirigent pas en vue de l’éternité, mais en vue de ces choses temporelles à désirer ou à fuir. Au contraire, dès que l’intelligence pénétrée par la sagesse a commencé à diriger l’âme, celle-ci ne sait plus seulement éviter les fossés et marcher sur les terrains unis que les yeux montrent à sa faiblesse, écouter avec plaisir les voix harmonieuses et fuir les sons discordants, se réjouir des odeurs agréables et repousser les nauséabondes, goûter ce qui est doux et détester ce qui est amer, être caressée par ce qui est poli et froissée par ce qui est rugueux. Toutes ces connaissances étaient en effet des nécessités pour l’âme infirme. Quelle direction lui apporte donc l’intelligence ? Elle vient discerner, non le blanc du noir, mais le juste de l’injuste, le bien du mal, l’utile de l’inutile, la chasteté de l’impureté, l’une pour l’aimer, l’autre pour la fuir, la charité de la haine, la première pour y demeurer, la seconde pour s’en garantir.

22. Ce mari n’avait pas succédé, chez cette femme, aux cinq premiers maris. Tant qu’il n’a pas pris leur place en effet, c’est l’erreur qui est maîtresse. Car, lorsque l’âme commence à devenir capable de raison, elle est dirigée ou par un esprit sage ou par l’erreur, mais l’erreur en fait ne dirige pas, elle égare. Après avoir subi l’empire de ces cinq sens, cette femme errait donc encore, elle était le jouet de l’erreur. Cette erreur n’était pas un mari légitime, mais un adultère: d’où le mot du Seigneur: Tu as bien répondu: Je n’ai pas de mari. Car tu as eu cinq maris: les cinq sens corporels t’ont dirigée d’abord, tu es arrivée à l’âge de te servir de la raison, mais tu n’es point parvenue à la sagesse, tu es tombée clans l’erreur. Par conséquent, après ces cinq maris, celui que tu as n’est pas ton mari. Et s’il n’était pas son mari, qu’était-il sinon un adultère? Aussi appelle, non pas l’adultère, mais ton mari, afin que ton intelligence me comprenne et que l’erreur ne t’inspire pas quelque fausse opinion à mon sujet. Cette femme demeurait en effet dans l’erreur, elle songeait à l’eau du puits quand le Seigneur lui parlait de l’Esprit-Saint. Et pourquoi cette erreur, sinon parce qu’elle vivait avec un adultère au lieu de vivre avec son mari? Débarrasse-toi donc de cet adultère qui te corrompt, puis va, appelle ton mari. Appelle-le et viens, afin de me comprendre.

 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Puits de Jacob
Texte de l'Evangile : 
Jean 4, 3-42
Clés de Lecture : 
Le don de l’eau vive
Symboles : 
L’eau
Expérience humaine : 
Les étapes de la sincérité
Accomplissement des Ecritures : 
Le vrai culte
La fête des Tentes