Terres d'Evangile / Enseignement /Le sermon sur la montagne

 
 
 Les Béatitudes
Le bonheur que Jésus propose est si grand qu’il dépasse les satisfactions habituellement recherchées. Comblés au-delà de leurs désirs ceux qui acceptent ce don de Dieu deviennent eux-mêmes artisans du bonheur pour les autres.
Que vous êtes heureux d’avoir le cœur libre! Le Royaume des cieux est pour vous.
Que vous êtes heureux de renoncer au pouvoir sur autrui! On vous confiera la terre.
Que vous êtes heureux de savoir pleurer! vous allez être consolés.
Que vous êtes heureux d’oser espérer! vous ne serez pas déçus.
Que vous êtes heureux d’être compatissants! vous allez recevoir la miséricorde en partage.
Que vous êtes heureux que vos cœurs soient désintéressés! vous verrez Dieu en toutes choses.
Que vous êtes heureux de servir la paix! vous serez reconnus pour les enfants de Dieu.
Que vous serez heureux si vous êtes persécutés! vous serez avec moi et moi avec vous.
 

Citations :Sermon sur l’éminente dignité des pauvres
Jean Chrysostome, IVe siècle
Polycarpe


 
Sermon sur l’éminente dignité des pauvres
Bossuet, XVIIe siècle dans “ Au temps de st-Vincent-de-Paul.... et aujourd’hui 1581-1981”, animation vincentienne, Bordeaux, 1981

“Donc, l’Eglise de Jésus-Christ est véritablement la Ville des pauvres. Les riches, je ne crains pas de le dire, en qualité de riches... n’y sont soufferts que par tolérance. Venez donc, ô riches, la porte de l’Eglise vous est ouverte mais elle vous est ouverte en faveur des pauvres et à condition de les servir. C’est pour l’amour de ses enfants que Dieu permet l’entrée à ces étrangers. Voyez le miracle de la pauvreté. Les riches étaient étrangers, mais le service des pauvres les NATURALISE. Par conséquent, riches du siècle, prenez tant qu’il vous plaira les titres superbes, vous les pouvez porter dans le monde; dans l’Eglise de Jésus-Christ, vous êtes seulement les serviteurs des pauvres...”
 


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Jean Chrysostome, IVe siècle
Commentaire sur l’évangile de Matthieu 15

Voyant les foules, il gravit la montagne. Il s’assit et ses disciples vinrent auprès de lui. Remarque la simplicité et l’absence d’éclat de Jésus. Il n’emmenait pas les gens avec lui; lorsqu’il devait guérir des malades, c’est lui-même qui allait partout, parcourant villes et villages. Lorsqu’il y a une grande foule, il s’assied à l’écart, et non pas dans une ville ou en pleine place publique, mais dans la montagne et la solitude: il enseigne ainsi à ne rien faire pour la galerie, à nous dégager du bruit, surtout lorsqu’il faut méditer la parole de Dieu et parler de l’unique nécessaire. Quand Jésus eut gravi la montagne et se fut assis, ses disciples s’approchèrent. As-tu remarqué leurs progrès dans la vertu et la rapidité de leur amélioration? La plupart voyaient les miracles; eux, ils désiraient entendre une grande et sublime doctrine; c’est même cela qui a déterminé le Christ à les instruire et à commencer ce discours... Et prenant la parole, il les instruisait.. Pourquoi cette expression: “Prenant la parole”? Pour t’apprendre qu’il enseignait par le silence aussi bien que par la parole, tantôt en parlant et tantôt en laissant parler ses actes. D’autre part, quand tu entends: “Il les instruisait”, tu dois comprendre qu’il ne s’adressait pas seulement à ses disciples, mais, par leur intermédiaire, à tous...
Car c’est à tous sans distinction qu’il adresse ses béatitudes. Il n’a pas dit, en effet: “Vous êtes heureux, si vous êtes pauvres”, mais: Heureux les pauvres. Assurément, même s’il parlait pour ses auditeurs immédiats, son exhortation devait s’adresser à tous. Lorsqu’il dit: Je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde (Mt 28, 20), ce n’est pas seulement aux disciples présents qu’il parle, mais, à travers eux, c’est au monde entier. De même, lorsqu’il les proclame heureux parce qu’ils seront poursuivis devant les tribunaux, chassés et souffriront toutes sortes de traitements intolérables, ce n’est pas seulement pour eux, c’est aussi pour tous ceux qui subiront avec courage les mêmes maux qu’il tresse cette couronne. Du reste, pour que cette vérité te devienne plus claire, pour que tu saches que ces paroles te concernent, ainsi que le genre humain, pourvu qu’on veuille y faire attention, écoute comment il commence cet admirable discours: Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux. Que signifie: “les pauvres en esprit”? Les humbles, ceux dont le cœur est contrit. L’esprit désigne ici l’âme, la volonté. En effet, il y a beaucoup de pauvres qui le sont involontairement et forcés par la nécessité; ce n’est pas de ceux-là qu’il parle (ce ne serait pas pour eux un éloge); il proclame d’abord heureux ceux qui s’humilient et s’abaissent volontairement. Alors, pourquoi le Seigneur a-t-il dit: “Les pauvres”, et non: “Les humbles”? C’est parce que la pauvreté contient l’humilité. Il désigne par là les hommes qui craignent et respectent les préceptes de Dieu, ceux que, selon le prophète Isaïe, Dieu accueille avec faveur: Celui sur qui je jette les yeux, c’est le pauvre et le cœur contrit qui tremble à ma parole (66, 2)...
Mais, me direz-vous, pourquoi parler ainsi à ses disciples qui étaient de la plus humble condition? Ils n’avaient aucune occasion de vaine gloire, eux, des pauvres, des pêcheurs, de simples gens que rien ne distinguait. Même si cette leçon ne concernait pas les disciples, elle s’adressait à ceux qui étaient là présents et à ceux qui allaient la recevoir plus tard, en les mettant à l’abri du mépris. Mais elle s’adressait aussi aux disciples. Car s’ils n’en avaient pas besoin alors, ils en auraient besoin dans la suite, quand ils opéreraient des prodiges et des miracles, quand ils posséderaient de l’honneur dans le monde et du crédit auprès de Dieu. Ni la richesse, ni la puissance, ni la royauté même n’étaient capables de les remplir d’orgueil autant que les privilèges que Dieu leur accordait. D’ailleurs, il était naturel que, avant même de faire des miracles, ils fussent exposés à cette tentation, en voyant la foule immense qui entourait leur Maître; éprouver ce sentiment était bien humain. Le Seigneur réprime donc aussitôt en eux toute pensée d’orgueil. Cependant, il ne leur parle pas de commandement ou de précepte, mais de béatitude: il rend ainsi son discours plus acceptable et ouvre à tous le chemin de son enseignement. Car il ne dit pas que tel ou tel autre est heureux, mais que sont heureux tous ceux qui font telle ou telle chose. Tu peux être esclave, mendiant, indigent, étranger, sans considération aucune: rien ne t’empêche d’être heureux, pourvu que tu pratiques cette vertu.
Après avoir commencé par ce qui devait nécessairement passer avant tout, Jésus en arrive à un autre principe, qui semble contredire aussi toutes les idées reçues dans le monde. Tous les hommes, en effet, regardent comme dignes d’envie ceux qui sont dans la joie, et comme malheureux ceux qui vivent dans la tristesse, la pauvreté et le deuil; ce sont pourtant ces derniers qu’il proclame heureux en ces termes: Heureux les affligés. Mais tous les déclarent malheureux; aussi a-t-il accompli ses miracles pour rendre dignes de foi de semblables lois. Par contre, il ne béatifie pas simplement ici ceux qui sont affligés, mais ceux qui sont affligés à cause de leurs péchés. Car il y a d’autres larmes, défendues celles-là: celles versées sur quelque chose de terrestre. C’est ce que Paul nous enseigne dans ce passage: La tristesse selon Dieu produit un repentir salutaire qu’on ne regrette pas; la tristesse du monde, elle, produit la mort (2 Co 7, 10)...
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Quelle terre? dis-moi. Quelques-uns disent qu’il s’agit là d’un sens figuré. Mais ce n’est pas cela; nulle part nous ne trouvons dans l’Ecriture “terre” employé ainsi. Qu’est-ce que cela veut dire? Le Christ parle d’une récompense qui tombe sous le sens, comme lorsque Paul, après avoir dit. Honore ton père et ta mère, ajoute: pour jouir d’une longue vie sur la terre (Ep 6, 2-3). Le Seigneur lui-même disait dans le même sens au larron: Dès aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis (Lc 23, 43). Il promet, en effet, non seulement les biens à venir, mais encore ceux de la vie présente, car il y a, parmi ses auditeurs, des gens un peu épais, qui cherchent des biens présents plutôt que les futurs. Voilà pourquoi, en tout cas, il dit dans la suite de son discours: Hâte-toi de t’accorder avec ton adversaire; et il énonce aussitôt la récompense d’une telle conduite: De peur que l’adversaire ne te livre au juge, et le juge au garde (Mt 5, 25). Vois-tu quelle crainte il fait naître? Celle d’un malheur corporel, comme il en arrive souvent. Il dit encore: Quiconque dit à son frère: Crétin! en répondra au Sanhédrin (id. 22). Paul de même propose des récompenses sensibles, appuie souvent ses exhortations sur l’espoir des biens présents, par exemple quand fi parle de la virginité: il n’est pas question de Ciel, mais bien des choses présentes, puisqu’il dit: J’estime donc qu’en raison de la détresse présente...; je voudrais vous épargner...; je voudrais vous voir exempts de soucis (1 Co 7, 26, 28, 32)...
Ainsi, le Christ a mêlé les objets sensibles aux objets spirituels. L’homme doux pense qu’il s’expose à tout perdre; c’est l’opposé que le Christ lui promet: celui qui possède en toute sécurité ce qui lui appartient, c’est celui qui est sans témérité ni vantardise, alors que celui qui a ces défauts perdra souvent les biens paternels, et même son âme. D’ailleurs, le prophète ayant dit dans l’Ancien Testament: Les doux posséderont la terre (Ps 37, 11), le Christ emploie une expression connue de ses auditeurs, pour être compris de tous. Par là cependant il ne réduit pas la récompense au temps présent; il ajoute seulement le visible à l’invisible. En effet, s’il parle des biens spirituels, il ne nous enlève pas pour cela les biens terrestres; et, d’autre part, s’il nous fait des promesses pour cette vie, ce n’est pas pour nous interdire des espérances pour l’au-delà: Cherchez d’abord, dit-il, le Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît (Mt 6, 33). Et encore: Quiconque aura quitté maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon Nom, recevra le centuple et aura en partage la vie éternelle (Mt 19, 29).

Heureux les affamés et les assoiffés de justice. Quelle justice? Il désigne ici ou bien l’ensemble de la vertu ou bien cette vertu spéciale qui s’oppose à la cupidité; car il va donner un commandement au sujet de l’aumône. Il nous apprend donc comment il faut l’exercer; il condamne la convoitise et la cupidité et proclame heureux ceux qui pratiquent la justice. Et remarquez avec quelle force il exprime sa pensée. Il n’a pas dit seulement: “Heureux ceux qui pratiquent la justice”, mais il dit: “Heureux les affamés et les assoiffés de justice”...
Heureux les miséricordieux. A mon avis, cette parole ne désigne pas seulement ceux qui font l’aumône de leur argent, mais aussi ceux qui la font par leurs actes. Car la miséricorde revêt des formes variées et ce précepte s’étend bien loin. Quelle en sera donc la récompense? Car ils obtiendront miséricorde. Ces deux mots paraissent équivalents; mais la récompense est bien plus importante que la bonne action. Eux exercent la miséricorde comme des hommes peuvent le faire, mais il la reçoivent du Dieu de l’univers. Or il n’y a pas d’égalité entre miséricorde divine et miséricorde humaine; elles diffèrent entre elles autant que la bonté diffère de la méchanceté. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Voilà maintenant une récompense spirituelle. Le Christ appelle “purs” ceux qui pratiquent toutes les vertus et dont la conscience est sans reproche, ou ceux qui vivent dans la chasteté; car il n’est pas de vertu qui conduise autant qu’elle à la vision de Dieu. Voilà pourquoi Paul disait: Vivez en paix avec tous et dans la continence, sans laquelle personne ne verra le Seigneur (He 12, 14)...
Heureux les artisans de paix. Jésus ne se contente pas de condamner les discordes et les inimitiés, il exige quelque chose de plus: que nous tâchions de réconcilier ceux qui sont en désaccord. Puis il promet encore une récompense spirituelle. Quelle est-elle? Car ils seront appelés fils de Dieu. Car ce fut l’œuvre du Fils unique d’unir ce qui était séparé et de faire cesser la guerre. Puis, de peur que tu ne regardes la paix comme étant toujours un bien, il a ajouté: Heureux les persécutés pour la justice, c’est-à-dire pour la vertu, pour la défense du prochain, pour la religion. Car Jésus appelle constamment “justice” l’ensemble des qualités de l’âme.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse. C’est comme s’il disait: Même si l’on vous traite de séducteurs, de charlatans, de méchants, ou de n’importe quel nom, vous êtes heureux. - Que pourrait-il y avoir de plus étrange que ces préceptes, que les autres, dit-on, doivent fuir et redouter: mendier, pleurer, subir la persécution et l’insulte? Et pourtant le Christ l’a dit, J’a persuadé, non à deux, à dix, à cent, à mille personnes, mais au monde entier. Et en écoutant des choses si terribles, si contraires aux habitudes du monde, les foules étaient frappées d’étonnement, tant était grande la puissance de celui qui parlait. Mais ne va pas croire qu’il nous suffit de recevoir des injures pour être bienheureux. A cela le Christ a posé deux conditions: que ces injures soient souffertes pour lui et qu’elles soient mensongères. S’il n’en est pas ainsi, celui qui les subit n’est pas heureux, il est même à plaindre... Et après avoir dit: Votre récompense sera grande dans les Cieux, le Sauveur a ajouté cette autre consolation: C’est bien ainsi qu’on a persécuté les prophètes, vos devanciers...

 


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Polycarpe
Lettre aux Philippiens

Souvenons-nous des paroles du Seigneur: “Ne jugez pas pour ne pas être jugés, pardonnez et l’on vous pardonnera, soyez miséricordieux pour obtenir miséricorde; la mesure avec laquelle vous mesurerez servira aussi pour vous”, et “bienheureux les pauvres et ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume de Dieu est à eux”. La foi est notre mère à tous, l’espérance la suit, l’amour pour Dieu, le Christ et le prochain la précède. Celui qui demeure en ces vertus accomplit les commandements de la justice. Celui qui a la charité est loin de tout péché. Soyons sans cesse fermement attachés à notre espérance et au gage de notre justice, le Christ Jésus qui a porté nos fautes en son corps sur le bois, qui n’a pas commis de péché et dont la bouche n’a pas connu le mensonge. Pour nous, pour que nous vivions en lui, il a tout supporté. Soyons donc les imitateurs de sa patience et, si nous souffrons pour son nom, rendons-lui gloire. C’est un exemple qu’il nous a proposé en lui et c’est là ce que nous avons cru. Demeurez donc en ces sentiments, suivez l’exemple du Seigneur, fermes et inébranlables dans la foi, aimant vos frères, vous aimant les uns les autres, unis dans la vérité, vous attendant les uns les autres dans la douceur du Seigneur, ne méprisant personne.
Que Dieu le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et Jésus-Christ lui-même, grand prêtre éternel, le Fils de Dieu, vous fassent croître dans la foi et dans la vérité, en toute douceur, sans colère, avec patience et grandeur d’âme, endurance et chasteté. Qu’il vous donne part à l’héritage de ses saints et à nous aussi avec vous et à tous ceux qui sont sous le ciel qui croient en notre Seigneur Jésus-Christ et en son Père qui l’a ressuscité des morts.
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Le Mont des Béatitudes
Texte de l'Evangile : 
Matthieu 5, 1-12
Clés de Lecture : 
Les Béatitudes
Expérience humaine : 
Le désir d’être heureux
Accomplissement des Ecritures : 
Le bonheur suprême
Bienheureux les pauvres, bienheureux les affligés, bienheureux les affamés
Bienheureux les doux, les miséricordieux, les artisans de paix
Bienheureux êtes vous si on vous persécute à cause de moi