Terres d'Evangile / Vie publique /Les marchands du Temple

 
 
 Les vendeurs chassés du Temple
La demeure de Dieu parmi les hommes ne peut être un bâtiment précis, tout à fait inadéquat à la grandeur de Dieu, mais les Chrétiens reconnaissent en Jésus Christ “l’Emmanuel, Dieu avec nous”, le vrai temple de Dieu.
 

Citations :Saint Vincent de Paul, XVIIe siècle
Augustin (354-430)
Irénée de Lyon, IIe siècle


 
Saint Vincent de Paul, XVIIe siècle
“Au temps de st-Vincent-de-Paul.... et aujourd’hui 1581-1981”, animation Vincentienne, Bordeaux, 1981

“La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent (I Timothée VI, 10). Il n’y a point de mal au monde qui ne vienne de cette maudite passion d’en AVOIR. La cupidité, l’avarice, l’amour des richesses, c’est la source de toutes sortes de maux... Qui est sujet à cette convoitise a en soi le principe, l’origine et la source de tout le mal. Il n’y a rien dont un homme piqué de ce désir, frappé au coin, n’est capable; il a en soi tout ce qu’il faut pour pouvoir effrontément tout commettre; il n’y a crime si énorme, si étrange, si horrible, dont un homme attaché à ses intérêts ne puisse aisément se rendre coupable... Voilà la semence et la racine de tout... n’en cherchez point d’autre cause; la voilà” (XI, 241-242).
 


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Augustin (354-430)
Commentaire sur l’évangile de Jean, 10, 4-6, 9-10

Jésus n’a pas permis que la maison de prières devint une maison de commerce. Disons cependant, frères, que Jésus nous a indiqué là un symbole, en faisant un fouet avec des cordes et en frappant avec ce fouet des hommes de désordre qui faisaient du Temple de Dieu une maison de commerce. En effet, c’est avec ses péchés que chacun se fait une corde. Le prophète dit: Malheur à ceux qui traînent leurs péchés comme une longue corde (Is 5, 18). Quel est celui qui se fait une longue corde? Celui qui, à un péché, en ajoute un autre... La corde s’allonge: crains le fouet. Il t’est avantageux de recevoir ici-bas le châtiment qui peut te corriger; on ne dira pas au dernier jour: Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres (Mt 22, 13). Car chacun est lié par les chaînes de ses péchés...
Qui sont ceux qui vendent des brebis et des colombes? Ceux qui, dans l’Eglise, recherchent leur intérêt plutôt que celui de Jésus-Christ. Ils trafiquent de tout, eux qui ne veulent pas être rachetés; ils ne veulent pas être rachetés, et ils vendent. Il leur serait pourtant avantageux d’être rachetés par le sang du Christ, pour parvenir à la paix du Christ...
Un mot de l’Ecriture revint à la mémoire de ses disciples. Le zèle pour ta maison me dévorera. C’est à cause de son zèle pour la maison de Dieu que le Seigneur a chassé les marchands du Temple. Frères, que chaque chrétien, parmi les membres du Christ, soit dévoré du zèle de la maison de Dieu. Qui est dévoré par ce zèle? Celui qui s’efforce de corriger toutes les vilenies qu’il voit, qui désire les faire disparaître et y travaille sans repos; s’il ne peut les corriger, il les supporte, mais il en est attristé. Le bon grain West pas jeté hors de l’aire, il supporte la paille, afin d’entrer dans le grenier quand la paille en aura été séparée. Avant d’être porté dans le grenier, si tu es du bon grain, ne te laisse pas jeter hors de l’aire, de peur que les oiseaux ne te dévorent avant que tu ne sois recueilli dans le grenier. Car les oiseaux du ciel attendent la permission d’enlever quelque chose de l’aire, mais ils n’emportent que ce qui a été rejeté. Que le zèle de la maison de Dieu te dévore donc, qu’il dévore chaque chrétien, puisque tous sont membres de la maison de Dieu. Aucune maison n’est plus à toi que celle où tu obtiens le salut éternel. Tu entres dans ta maison pour un repos passager, tu entres dans la maison de Dieu pour un repos éternel. Tu veilles à ce qu’il ne se passe rien de répréhensible dans ta maison: et dans la maison de Dieu, où t’attendent le salut et le repos éternels, dois-tu souffrir la moindre action coupable, si tu peux l’empêcher?...
Alors les Juifs intervinrent et lui dirent: Quel signe nous montres-tu pour agir ainsi? Jésus leur répondit: Détruisez ce sanctuaire en trois jours je le relèverai. Les Juifs lui répliquèrent Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire et toi, tu le relèveras en trois jours? Ils étaient matière, ils comprenaient les choses matérielles; lui, il parlait en un sens spirituel. Mais pouvons-nous comprendre de quel sanctuaire il parlait? Nous n’avons pas beaucoup à chercher; l’Evangéliste nous l’a expliqué en précisant de quel sanctuaire il parlait.,Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. Et il est certain que le Seigneur est ressuscité trois jours après sa mort... Ecoute une preuve que le Fils était Dieu lui-même: “Détruisez ce sanctuaire, dit-il, en trois jours je le relèverai.” A-t-il dit: “Détruisez ce sanctuaire que mon Père relèvera en trois jours?” Non: lorsque le Père relève, le Fils aussi, et quand le Fils relève, le Père aussi, car le Fils a dit: Mon Père et moi, nous sommes un (Jn 10, 30).
 


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Irénée de Lyon, IIe siècle
Contre les hérésies 5, 6

Au contraire, Dieu sera glorifié dans l’ouvrage par lui modelé, lorsqu’il l’aura rendu conforme et semblable à son Fils. Car, par les Mains du Père, c’est-à-dire par le Fils et l’Esprit, c’est l’homme, et non une partie de l’homme, qui devient à l’image et à la ressemblance de Dieu. Or l’âme et l’Esprit peuvent être une partie de l’homme, mais nullement l’homme: l’homme parfait, c’est le mélange et l’union de l’âme qui a reçu l’Esprit du Père et qui a été mélangée à la chair modelée selon l’image de Dieu. Et c’est pourquoi l’Apôtre dit: “Nous parlons sagesse parmi les parfaits.” Sous ce nom de “parfaits”, il désigne ceux qui ont reçu l’Esprit de Dieu et qui parlent toutes les langues grâce à cet Esprit, comme lui-même les parlait, et comme nous entendons aussi nombre de frères dans l’Église, qui possèdent des charismes prophétiques, parlent toutes sortes de langues grâce à l’Esprit, manifestent les secrets des hommes pour leur profit et exposent les mystères de Dieu. Ces hommes-là, l’Apôtre les nomme également “spirituel”: spirituels, ils le sont par une participation de l’Esprit, mais non par une évacuation et une suppression de la chair. En effet, si l’on écarte la substance de la chair, c’est-à-dire de l’ouvrage modelé, pour ne considérer que ce qui est proprement esprit, une telle chose n’est plus l’homme spirituel, mais l’“esprit de l’homme” ou l’“Esprit de Dieu”. En revanche, lorsque cet Esprit, en se mélangeant à l’âme, s’est uni à l’ouvrage modelé, grâce à cette effusion de l’Esprit se trouve réalisé l’homme spirituel et parfait, et c’est celui-là même qui a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Quand au contraire l’Esprit fait défaut à l’âme, un tel homme, restant en toute vérité psychique et charnel, sera imparfait, possédant bien l’image de Dieu dans l’ouvrage modelé, mais n’ayant pas reçu la ressemblance par le moyen de l’Esprit. De même donc que cet homme est imparfait, de même aussi, si l’on écarte l’image et si l’on rejette l’ouvrage modelé, on ne peut plus avoir affaire à l’homme, mais, ainsi que nous l’avons dit, a une partie de l’homme ou à quelque chose d’autre que l’homme. Car la chair modelée, à elle seule, n’est pas l’homme parfait: elle n’est que le corps de l’homme, donc une partie de l’homme. L’âme, à elle seule, n’est pas davantage l’homme: elle n’est que l’âme de l’homme, donc une partie de l’homme. L’Esprit non plus n’est pas l’homme: on lui donne le nom d’Esprit, non celui d’homme. C’est le mélange et l’union de toutes ces choses qui constitue l’homme parfait. Et c’est pourquoi l’Apôtre, s’expliquant lui-même, a clairement défini l’homme parfait et spirituel, bénéficiaire du salut, lorsqu’il dit dans sa première épître aux Thessaloniciens: “Que le Dieu de paix vous sanctifie en sorte que vous soyez pleinement achevés, et que votre être intégral - à savoir votre Esprit, votre âme et votre corps - soit conserv sans reproche pour l’avènement du Seigneur Jésus.” Quel motif avait-il donc de demander pour ces trois choses, à savoir l’âme, le corps et l’Esprit, une intégrale conservation pour l’avènement du Seigneur, s’il n’avait su que toutes les trois doivent être restaurées et réunies et qu’il n’y a pour elles qu’un seul et même salut? C’est pour cela qu’il dit “pleinement achevés” ceux qui présentent sans reproche ces trois choses au Seigneur. Sont donc parfaits ceux qui, tout à la fois, possèdent l’Esprit de Dieu demeurant toujours avec eux et se maintiennent sans reproche quant à leurs âmes et quant à leurs corps, c’est-à-dire conservent la foi envers Dieu et gardent la justice envers le prochain.
De là vient qu’il appelle temple de Dieu l’ouvrage modelé: “Ne savez-vous pas, dit-il, que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes vous-mêmes’”: de toute évidence, il appelle le corps un temple en lequel habite l’Esprit. Le Seigneur disait lui aussi a propos du corps: “Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai.” “Or, note l’Ecriture, il disait cela de son corps,.” De plus, l’Apôtre sait que nos corps sont non seulement le temple, mais les membres du Christ, car il dit aux Corinthiens: “Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ? Prendrai-je donc les membres du Christ pour en faire les membres d’une prostituée ?” Ce n’est pas de quelque autre «homme pneumatique” qu’il dit cela, car celui-ci ne pourrait s’unir à une courtisane, mais c’est de notre propre corps, autrement dit de notre chair, qu’il parle: le corps persévère-t-il dans la sainteté et la pureté, il est membre du Christ; s’unit-il au contraire à une courtisane, il devient membre de cette courtisane. Et c’est pourquo’ l’Apôtre dit: “Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira.” Dès lors, prétendre que le temple de Dieu, en lequel habite l’Esprit du Père, et les membres du Christ n’ont point part au salut, mais vont à la perdition, comment ne serait-ce pas le comble du blasphème?
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Le Temple
Texte de l'Evangile : 
Jean 2, 13-22
Clés de Lecture : 
Les vendeurs chassés du Temple
Symboles : 
Les images protectrices
Expérience humaine : 
L’écoute
Accomplissement des Ecritures : 
De la première alliance à son renouvellement