Histoires de Rome / Les premiers Chrétiens /La violence des dernières persécutions

 
 
 La violence des dernières persécutions
Le sang des martyrs a coulé partout dans la Rome antique, puisque la loi autorisait leur mise à mort sur le lieu de leur arrestation, sur les marches des temples, devant le bureau des édiles. Cependant la passion populaire pour «les jeux» a fait réserver le plus grand nombre des supplices aux spectacles du cirque, aussi est-ce là que la mémoire chrétienne honore le souvenir des persécutions.
 

Histoire :Les premières persécutions
L’ébranlement de l’empire
Les jeux du cirque
L’adoration de Rome
L’aggravation du conflit de l’Empire et des Chrétiens
La fécondité du martyre
La persécution générale


 
Les premières persécutions
Rome vit affluer vers elle toutes les richesses de l’empire. Un simple particulier pouvait les faire figurer sur le sol de sa salle à manger... Ce fut l’origine des malheurs de la ville de Romulus car cette opulence devait susciter des luttes acharnées pour s’en emparer.
“Sois aussi bon que Titus” souhaitait-on au nouvel empereur lors de son triomphe! Celui-ci fut assassiné par son frère Domitien qui lui dédia cet arc de triomphe pour détourner les soupçons du peuple après ce crime.
Ne pouvant se satisfaire de la première résidence impériale au Palatin: celle de Tibère, Domitien fit construire une demeure immense, à la mode orientale, la cour jadis entourée de portiques était décorée avec un luxe écrasant. Mais cette ostentation coûtait aux peuples soumis des impôts de plus en plus lourds.
“Domitien a été le premier à se faire appeler “seigneur et dieu” (Chronique d’Eusèbe, Domitien VI) “Après Néron, Domitien a été le deuxième à persécuter les chrétiens et c’est sous son règne que Jean, banni à Patmos, a vu la Révélation”, nous dit l’évêque historien Eusèbe de Césarée au IIIe siècle. (Chronique d’Eusèbe, Domitien XIV)
 
Mosaïque des richesses de Rome

Musée National Romain

[ Rome, Italie ]
Inscription dédicatoire de l’Arc de Titus

Forum

[ Rome, Italie ]
La grande cour intérieure du Palais des Flaviens au Palatin
(© Colorama Studio)


[ Rome, Italie ]
Domitien, monnaie romaine, 90-91 ap. J.C.
(© A. et U. Held)

Médailler vaudois

[ Lausanne, Suisse ]


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L’ébranlement de l’empire
Le long de la voie des Fora Impériaux, ces cartes de marbre montrent l’expansion constante de l’empire, dont la domination était de plus en plus impopulaire, et qui ne voyait plus d’autres moyens pour défendre ses frontières que de les repousser indéfiniment.
Auguste avait mis sa gloire à instaurer la Paix par le Droit; mais, dès le deuxième siècle, Trajan faisait sculpter sur une colonne honorifique les détails cruels de sa guerre contre les Daces. A sa mort, ses cendres furent placées dans le piédestal de la colonne...
L’empereur Trajan qui fit ériger cette colonne en mémoire de ses conquêtes entretint une correspondance suivie avec Pline le Jeune, préfet de Bythinie en Asie mineure. Elle est d’autant plus impressionnante que les deux hommes sont exceptionnels: il en ressort que c’est le fait d’être et de rester chrétien qui encourt la peine capitale.
L’opposition entre cette civilisation dégénérée et l’idéal chrétien ne pouvait manquer de croître jusqu’au conflit.

La sculpture de toutes les Provinces s’accommoda de cette cruauté. Le réalisme de l’art remplaça l’antique sobriété, trop heureux de présenter l’agonie de l’ennemi tel ce Gaulois mourant sculpté dans la province de Pergame.

 
Cartes de l’expansion de Rome, via dei Fori Imperiali


[ Rome, Italie ]
Détail de la colonne Trajane


[ Rome, Italie ]
Colonne Trajane


[ Rome, Italie ]
Gaulois mourant

Musée du Capitole

[ Rome, Italie ]


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Les jeux du cirque
Tout l’empire dût envoyer des victimes humaines pour les jeux du cirque, car le dévoiement de la fierté romaine en était venu au goût du massacre, non seulement des animaux, mais aussi des hommes. Il y eut plus de vies sacrifiées pour satisfaire le peuple romain que de martyrs chrétiens, cependant le choix de ceux-ci était libres, puisqu’ils auraient pu renier leur foi, tandis que les barbares donnés en spectacles n’y pouvaient rien.
Cela devint une attraction pour le peuple de voir les chrétiens jetés en pâture aux animaux féroces jusque-là promis à l’abattage public par les gladiateurs. Désormais, la déchéance du Peuple Romain en vint à jouir de la mort non seulement des gladiateurs combattants, mais des victimes devenues nourriture des fauves.
“L’an Onze du règne de Trajan, Ignace, évêque d’Antioche, est conduit à Rome et livré aux bêtes.” (Chronique d’Eusèbe, Trajan III) Ce sarcophage décrit avec un réalisme poignant le courage des “témoins” dont la fidélité a garanti l’annonce de la foi en Jésus-Christ jusqu’à nous.
 
Détail de la statue du Gaulois mourant

Musée du Capitole

[ Rome, Italie ]
Jeux du cirque

Musée National Romain

[ Rome, Italie ]
Chrétiens jetés aux bêtes
sarcophage
St-Martin-aux-Monts

[ Rome, Italie ]
 


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L’adoration de Rome
Les “Mémoires d’Hadrien” présentées par Marguerite Yourcenar ont immortalisé le cas de conscience de cet empereur qui fit face au vertige de la puissance pendant son règne de 117 à 138 après Jésus-Christ.
Mesurant l’effritement de la fierté des citoyens romains, qui n’attendaient plus des autorités que “du pain et des jeux”, il chercha à souder les peuples de l’empire au nom de Rome.
Il osa diviniser la Ville et lui bâtir un temple dont il se fit lui-même l’architecte sourcilleux. Sa sévérité envers Apollodore de Damas qui avait osé critiquer l’édifice trahit la vigueur du désir impérial de sauver Rome.
Pourtant, il accola à l’abside du temple de Vénus et Rome une seconde cella dédiée à Vénus, la déesse de l’amour. Sans cette précaution, les sévères descendants des premiers romains auraient-ils pu supporter l’audace d’Hadrien?
Déçu de ses tentatives pour épargner à Rome les affres du déclin d’abord moral puis militaire et politique, le vieil homme s’enferma dans une île au sein de son palais de Tivoli pour éviter les courtisans importuns.
 
Cérémonies officielles présidées par l’Empereur


[ Rome, Italie ]
Façade du Temple de Vénus et Rome construit par Hadrien


[ Rome, Italie ]
Profil du Temple de Vénus et Rome


[ Rome, Italie ]
Théâtre maritime de la Villa d’Hadrien à Tivoli


[ Rome, Italie ]


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L’aggravation du conflit de l’Empire et des Chrétiens
Devant un danger si grave, la liberté des chrétiens qui échappaient au culte public ne pouvait qu’inquiéter le gouvernement. Si les usages religieux qui l’avaient constitué se délitaient, que resterait-il de l’empire? Tout en conservant dans son oratoire personnel une image du Christ, Marc-Aurèle persécuta les chrétiens.
L’incompréhension envers eux était si profonde qu’au deuxième siècle cet empereur stoïcien pouvait juger le courage héroïque des disciples du Christ comme une simple obstination. Pline parlait déjà “d’une superstition fausse et sans bornes.”
L’opposition devint alors totale entre l’empire et les chrétiens auxquels les politiques attribuèrent la responsabilité de tous les mécomptes des guerres et des révolutions de plus en plus fréquentes. L’arc de triomphe que Septime Sévère se fit élever ne fait pas oublier sa faute car il exigea non plus la seule adoration de Rome, mais même celle de l’empereur évoqué par un buste dans tous les lieux publics.
Les calomnies qu’entraînait la clandestinité des chrétiens nourrissaient l’hostilité populaire et les procès des martyrs se contractaient en une seule épreuve: adorer les dieux de l’empire et même, au IIIe siècle, l’effigie de l’empereur ou mourir.
 
Marc-Aurèle sur son quadrige

Place du Capitole

[ Rome, Italie ]
Buste de Marc-Aurèle

Musée du Capitole

[ Rome, Italie ]
L’Arc de Septime Sévère devant le Temple de Jupiter Capitolin
(© Colorama Studio)


[ Rome, Italie ]
Scène du refus de l’adoration de l’empereur

Musée du Palais des Conservateurs

[ Rome, Italie ]


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La fécondité du martyre
Et pourtant, en 230, une jeune patricienne comme sainte Cécile pouvait faire partager sa foi au fiancé païen qu’on lui destinait et au frère de celui-ci. Tertullien remarquait en ces temps tragiques: “le sang des Martyrs est une semence de chrétiens.”
Les premiers sarcophages des Martyrs feront de l’adoration des Mages le modèle de l’adoration. A la naissance de l’Eglise, on ne conçoit pas le martyre comme une mort, mais comme la plus haute expression de l’adoration, puisqu’il va jusqu’au sacrifice de soi-même. C’est pour chanter la victoire de la foi dans les martyrs que l’Eglise primitive l’a célébré par le Gloria que nous chantons encore.
 
Statue de sainte Cécile
Maderno

Basilique de Ste-Cécile-au-Transtévère

[ Rome, Italie ]
Adoration des mages
Cloître
St-Jean-du-Latran

[ Rome, Italie ]

Liens associés :

Les martyrs image du Christ, châsse de l’abbé Nantelme, St-Maurice, Suisse

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La persécution générale
Pour raffermir l’unité de l’empire et rassurer le peuple en désignant des coupables responsables de la crise, Dèce aggrava les édits de persécution contre les chrétiens. En 250 il fit rechercher non seulement les responsables de la communauté tels le pape Corneille et le fameux Hippolyte mais tous les chrétiens sommés de sacrifier aux dieux.
Le pape Corneille et le rigoureux Hippolyte qui s’étaient opposés à Rome jusqu’au schisme se réconcilièrent lorsqu’ils se retrouvèrent aux mines pour le nom du Christ. Ils y succombèrent et leurs corps furent rapportés ensemble à Rome par le pape Miltiade.
L’historien Eusèbe déplore: “L’an dix-neuf du règne de Dioclétien, au mois de Mars, à Pâques, les églises furent détruites.”
Dans la catacombe de Calliste, la crypte dite des papes réunit des martyrs que le pape Damase a chanté au IVe siècle: Fabien, victime de l’empereur Dèce, et Sixte II exécuté en 258 avec son diacre Laurent sous Valérien.
 
Buste de Dèce

Musée du Capitole

[ Rome, Italie ]
Saint Hippolyte
(© A. et U. Held)

Basilique de St-Laurent-hors-les-murs

[ Rome, Italie ]
Buste de Dioclétien

Musée du Capitole

[ Rome, Italie ]
Crypte des Papes
(© A. et U. Held)

Catacombe de Calliste

[ Rome, Italie ]


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  Documents associés : 
Lieu : 
Le Circo Massimo
Sens actuel : 
Canonisation des Martyrs de l’Ouganda
Signes de la foi : 
Le culte des martyrs
Citations : 
Le martyre de saint Cyprien
Lettre de Pline le Jeune à l’empereur Trajan au sujet des chrétiens (année 111-113)
Réponse de l’empereur Trajan à Pline
Sénèque
Le martyre de Saturus
Le martyre de Perpétue et Félicité
Justin
Marc Aurèle
Pape Damase
Edit de Dioclétien, année 297
Eusèbe de Césarée sur les persécutions
Eusèbe de Césarée sur les martyrs de Palestine
Lactance
Jérôme Carcopino
Thomas Becket