Histoires de Rome / Après la chute de Rome /L’élan missionnaire

 
 
 L’élan missionnaire
En cherchant la solitude d’un monastère bénédictin, saint Grégoire le Grand a été conduit à organiser les missions du nord de l’Europe, dans le respect des traditions de ces peuples.
 

Citations :La mission de saint Benoît
Règle de saint Benoît
Grégoire le Grand
La tradition rapporté par Jean Diacre
Le risque de l’évangélisation


 
La mission de saint Benoît
Card. Newman, Mission of S.Benedict

“Saint Benoît trouva le monde social et matériel en ruine, et sa mission fut de le remettre en état non par des méthodes scientifiques, mais par celles de la nature, non en s’acharnant ni en prétendant le faire en un temps requis, mais si calmement, si patiemment, si graduellement que bien souvent on ignorait que ce travail fût en train jusqu’au moment où on le trouvait terminé. Ce fut une restauration plutôt qu’une oeuvre charitable, une correction, une conversion. Le nouvel édifice qu’il aidait à créer fut un jaillissement plutôt qu’une construction. Des hommes silencieux apparaissaient dans la campagne ou dans la forêt, creusant, défrichant, bâtissant. D’autres hommes silencieux, qu’on ne voyait pas, se tenaient assis dans le cloître glacé, fatiguant leurs yeux et tendant leur esprit, péniblement occupés à copier et à recopier les manuscrits qu’ils avaient sauvés. Nul ne contestait ou ne renonçait, nul n’attirait l’attention sur ce qui se faisait, mais peu à peu les bois marécageux devenaient un ermitage, une maison religieuse une ferme, une abbaye, un séminaire, une école, une cité. Des routes et des ponts la mettaient en rapport avec d’autres abbayes et d’autres cités qui avaient grandi de la même manière. Et ce que l’orgueilleux Alaric et le cruel Attila avaient ruiné, ces hommes de patience et de méditation l’ont réparé et rendu à la vie.”
 


haut de la page

 
Règle de saint Benoît
“Ecoute, mon fils, les préceptes du maître et prête l’oreille de ton coeur, accepte de bon gré les recommandations d’un père aimant et accomplis-les avec exactitude, pour que, par l’effort de l’obéissance, tu puisses retrouver vers lui le chemin dont tu t’es écarté par le relâchement de la désobéissance. Mes paroles s’adressent donc à toi qui, renonçant à ta volonté propre pour servir le Christ, notre Seigneur, le vrai Roi, saisis les puissantes et glorieuses armes de l’obéissance. En premier lieu, quelque bonne oeuvre que tu entreprennes, demande-lui, en une ardente prière de la mener à bien, afin qu’après avoir daigné nous compter au nombre de ses fils, il n’ait jamais à s’attrister de nos mauvaises actions. Car, avec les dons qu’il nous a faits, nous devons lui obéir toujours pour éviter que, père courroucé, il n’en vienne à déshériter ses fils, mais aussi que, comme un maître redoutable, irrité de nos péchés, il ne nous livre aux peines éternelles comme de mauvais serviteurs qui n’ont pas voulu le suivre dans la gloire.” (Règle de S.Benoît, Prologue et début).

“Du travail manuel de chaque jour.
L’oisiveté est ennemie de l’âme: pour éviter ce danger, les frères s’occuperont à certains moments au travail des mains, et consacreront d’autres heures, également déterminées, à l’étude des choses divines. Et voici, à notre avis, comment peuvent se répartir l’une et l’autre tâche dans la journée.” (La règle de saint Benoît, ch. 48)
“Des frères qui sont au travail loin de l’oratoire ou qui vont en voyage.
Les frères que leurs travaux retiennent trop loin de l’oratoire pour qu’ils s’y rendent à l’heure voulue, - l’abbé jugeant que cet éloignement motive leur absence, - accompliront, à l’endroit même de leur travail, l’oeuvre de Dieu avec les génuflexions et toutes les marques de la crainte religieuse.
D’une manière analogue, les frères partis en voyage n’omettront pas de dire l’Office aux Heures régulières, mais il les célébreront de leur mieux en particulier, sans manquer jamais de satisfaire à cette obligation du service sacré.” (La règle de saint Benoît, ch. 50)

“De la réception des hôtes.
Tous les hôtes qui se présentent seront reçus comme le Christ en personne, si bien qu’il puisse nous dire un jour: “J’ai demandé l’hospitalité, et vous m’avez accueilli”. Pour tous on aura les égards qui s’imposent, mais on en témoignera principalement aux gens de la maison de Dieu, ainsi qu’aux voyageurs venus de loin.
Lorsqu’on a connaissance de l’arrivée d’un hôte, le supérieur ou les frères vont au devant de lui, afin de lui rendre tous les bons offices de la charité. Dès l’abord, on prie ensemble, de manière à se trouver en communion dans la paix, le baiser de paix ne devant s’échanger que si la prière, au préalable, a déjoué les “illusions diaboliques”. Pour saluer les hôtes, tant à l’arrivée qu’au départ, on fait, en toute humilité, l’inclination de tête ou même la prostration jusqu’à terre, adorant en eux le Christ qu’on reçoit.” (La règle de saint Benoît, ch. 53)

“Des artisans du monastère.
S’il se trouve dans le monastère des artisans qualifiés, qu’ils exercent leur métier en toute humilité, dès lors que l’abbé le permet. Que si l’un d’eux, infatué de son savoir-faire personnel, se prévaut des avantages qu’il s’imagine procurer au monastère, il sera, le prétentieux, relevé de son emploi, et désormais ne s’en mêlera plus, à moins que l’abbé, le voyant revenu à d’humbles sentiments, ne l’autorise à reprendre sa tâche.
S’il faut vendre quelque produit du travail des artisans, ceux qui seront chargés des transactions doivent se garder les mains nettes de toute fraude. Ils auront en la mémoire Ananie et Saphire: et la mort que ceux-ci éprouvèrent dans leur corps, ils craindront de la subir dans leur âme, eux et tous ceux qui trafiqueraient malhonnêtement des biens du monastère.
En fixant les prix, qu’on ne se laisse jamais envahir par la passion du lucre: on cédera plutôt la marchandise à meilleur compte que ne font les séculiers, et en toutes choses on ne recherchera que la seule gloire de Dieu.” (La règle de saint Benoît, ch. 57)

“Nous allons donc fonder une école d’entraînement au service du Seigneur. En la fondant, nous espérons ne rien prescrire qui soit trop sévère ou trop difficile. Mais si, sous la dictée de justes considérations, pour corriger les fautes ou maintenir la charité, nous aboutissons à quelque rigueur, ne va pas aussitôt prendre peur et quitter le chemin du salut, dont l’accès doit forcément être étroit. Quand on progresse dans la vie monastique et dans la foi, le coeur s’élargit: l’ineffable douceur de l’amour fait avancer vite sur le chemin des commandements de Dieu. Et ainsi, sans se dérober jamais à son magistère, mais en persévérant dans sa doctrine jusqu’à la mort au monastère, nous pouvons par notre patience partager les souffrances du Christ et mériter ainsi de participer à son Royaume. Amen.” (Règle de saint Benoît, In fine).

 


haut de la page

 
Grégoire le Grand
Moralia in Job, VIII, 34

“L’homme était fait pour contempler son Créateur, pour chercher toujours son image et habiter dans la solennité de son amour.”
Saint Grégoire fit illustrer l’Evangile pour que l’image assure une exacte compréhension entre les Latins et les Anglais qui ne parlaient pas la même langue! A saint Augustin qui lui demandait que faire devant les temples païens, le pape conseilla: “Ne les détruis pas, consacre-les.”
 


haut de la page

 
La tradition rapporté par Jean Diacre
La tradition, rapportée par Jean Diacre, veut que Grégoire, élu pape par l’acclamation du peuple romain, se cachât dans le parc de sa maison. Venant, le soir, prendre son repas en secret, il aurait vu la Vierge le menacer de son index comme une mère qui gronde un fils. Se rendant enfin à la volonté divine, il se montra au peuple et accepta le Pontificat. Et cette fresque commémore l’anecdote parce qu’il y a des vérités profondes, comme le drame de conscience de ce saint contemplatif, qui ne peuvent s’entrevoir que par le langage de la poésie.
 


haut de la page

 
Le risque de l’évangélisation
Augustin, La Cité de Dieu, 1,10

Le seul fait de défendre la population face aux invasions barbares exposait les évêques au martyre:
“C’est ainsi que notre cher Paulin, évêque de Nole, de très-riche qu’il était, devenu volontairement très-pauvre, et d’autant plus opulent en sainteté, quand il fut fait prisonnier des barbares, à la prise de Nole, adressait en son coeur (c’est lui-même qui nous l’a confié) cette prière à Dieu: “Seigneur, ne permettez pas ‘que je sois torturé pour de l’or et de l’argent; car où sont toutes mes richesses, voue le savez’. Elles étaient, en effet, aux lieux où nous recommande de les recueillir et de thésauriser le Prophète qui avait prédit au monde toutes ces calamités.”
 


haut de la page

 
  Documents associés : 
Lieu : 
St-Grégoire-au-Caelius
Description de l'image : 
St-Grégoire-au-Caelius
Histoire : 
La sagesse de saint Benoît
L’activité missionnaire des Bénédictins
L’influence civilisatrice des Bénédictins
Sens actuel : 
Sacrifice des moines de Tibhirine
Signes de la foi : 
Le martyre accepté pour la mission