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 Le premier baptistère de Rome
Le baptistère du Latran a été offert par Constantin lui-même. A ce souvenir vénérable, l’histoire a joint l’oratoire qui dit la foi du pape du Ve siècle au cœur de la crise arienne. Pour affirmer la divinité du Christ, il entoure l’Agneau de Dieu des Evangiles, de la création et du cosmos tout entier. Cette proclamation évangélique s’étend même au monde barbare représenté ici par la chapelle du pape dalmate.
 

Citations :Distique de Sixte III
Justin
Cyprien de Carthage raconte les étapes de sa conversion
Cyprien de Carthage explique l’illumination du Baptême
Tertullien
Concile Vatican II


 
Distique de Sixte III
Inscriptiones Christianae Urbis Romae 2, 1

Distiques de Sixte III ou de son archidiacre, le futur Léon le Grand, dans le baptistère:
“Un peuple destiné au ciel, d’une semence sacrée naît ici:
des eaux qu’il a fécondées l’Esprit le met au monde.
Plonge-toi, pécheur qui veux être pur, dans les flots sacrés:
Celui qui dans les flots entre vieux est rendu à une vie nouvelle.
Aucune différence ne partage les nouveau-nés qu’unissent
une seule source, un seul Esprit, une seule et même Foi.
Les enfants qu’elle a conçus de l’Esprit divin comme une progéniture virginale
l’Eglise Mère les fait naître ici des sources du baptême.
Toi qui veux être sans tache, purifies-toi sous l’eau qui se déverse,
accablé que tu es de ton propre péché ou du péché originel.
Ici jaillit la fontaine de vie qui peut laver la terre entière,
elle qui dans la plaie du Christ prend sa source.
Attends le royaume des cieux, toi qui, dans cette source, es né une nouvelle fois:
cette vie-là n’adopte pas celui qui ne naît qu’une fois.
Que personne ne se décourage devant le nombre et la gravité de ses péchés:
régénéré par ces eaux, il fera un croyant.”

Texte latin:
“Gens sacranda polis hoc semine nascitur almo
Quam foecundatus Spiritus edit aquis
Mergere peccator sacro purgande fluento
Quem veterem accipiet proferet unda novum
Nulla renascentum est distantia quos facit unum
Unus fons unus Spiritus una Fides
Virgineo foetu genitrix Ecclesia natos
Quos spirante Deo concipit amne parit
Insons esse volens isto mundare lavacro
Seu patrio premeris crimine seu proprio
Fons hic vita et qui totum diligit orbem
Sumens de Christi vulnere principium
Coelorum regnum sperate hoc fonte genitos
Nec numeros quemqua scelerum nec forma suorum
Terreat hoc natus flumine sanctus erit.”

 


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Justin
La Grande Apologie, 61

“Nous vous exposerons maintenant comment, renouvelés par le Christ, nous nous consacrons à Dieu. Si nous omettions ce point dans notre exposition, nous paraîtrions être en faute.
Ceux qui croient à la vérité de nos enseignements et de notre doctrine promettent d’abord de vivre selon cette loi. Alors nous leur apprenons à prier et à demander à Dieu, dans le jeûne, la rémission de leurs péchés, et nous-mêmes, nous prions et nous jeûnons avec eux.
Ensuite, nous les conduisons en un endroit où il y a de l’eau et là, de la même manière que nous avons été régénérés nous-mêmes, ils sont régénérés à leur tour. Au nom de Dieu le père et le maître de toutes choses, et de Jésus-Christ, notre Sauveur, et du Saint-Esprit, ils sont alors lavés dans l’eau. Car le Christ a dit: “Si vous ne renaissez, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux” (Jn 3,5 et Mt 18,3). Il est bien évident pour tout le monde que ceux qui sont nés une fois ne peuvent pas rentrer dans le sein de leur mère. Le prophète Isaïe, comme nous l’avons dit plus haut, enseigne de quelle manière les pécheurs repentants effaceront leurs péchés. Il s’exprime en ces termes:
“Lavez-vous, purifiez-vous
enlevez le mal de vos coeurs,
apprenez à bien faire,
rendez justice à l’orphelin
et défendez la veuve;
venez alors et comptons, dit le Seigneur.
Vos péchés vous eussent-ils rendus rouges comme la pourpre,
je vous rendrai blancs comme la laine;
fussiez-vous rouges comme l’écarlate,
je vous rendrai blancs comme la neige.
Mais si vous ne m’écoutez pas,
le glaive vous dévorera.
C’est la bouche du Seigneur qui a parlé” (Is 1,16-20)
Voici la doctrine que les apôtres nous ont transmise sur ce sujet. Dans notre première génération, nous naissons sans le savoir et par nécessité, d’une semence humide, grâce à l’union mutuelle de nos parents. Nous vivons ensuite avec des habitudes mauvaises et des inclinaisons perverses. Pour que nous ne restions pas ainsi les enfants de la nécessité et de l’ignorance, mais de l’élection et de la science, pour que nous obtenions la rémission de nos fautes passées, on invoque dans l’eau sur celui qui veut être régénéré et qui se repent de ses péchés le nom de Dieu le père et le maître de l’univers. Cette dénomination seule est précisément celle que prononce celui qui conduit au bain le candidat qui doit être lavé. Peut-on donner en effet un nom au Dieu ineffable, et ne serait-ce pas folie orgueilleuse que d’oser dire qu’il en a un?
Cette ablution s’appelle illumination, parce que ceux qui reçoivent cette doctrine ont l’esprit rempli de lumière. Et aussi au nom de Jésus-Christ, qui fut crucifié sous Ponce Pilate, et au nom de l’Esprit Saint, qui prédit par les prophètes toute l’histoire de Jésus, est lavé celui qui est illuminé.”
 


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Cyprien de Carthage raconte les étapes de sa conversion
A Donat, ch. 3-4

“Pour moi, lorsque j’étais prostré dans les ténèbres d’une nuit sans clarté, et lorsque, hésitant et indécis, j’étais ballotté au hasard par la houle dans la mer du siècle agité, ignorant de ma vie, étranger à la vérité et à la lumière, j’estimais vraiment difficile et pénible, vu mes habitudes d’alors, ce que promettait pour me sauver la divine miséricorde: on pouvait naître à nouveau, et, enfanté à une vie nouvelle par le bain de l’eau qui procure le salut, dépouiller ce que l’on avait été auparavant, et, tout en gardant sa constitution physique, changer l’homme, esprit et âme. Je me disais: comment est possible une aussi complète transformation, se débarrasser soudain et d’un seul coup de vices qui, ou innés ont durci du fait de la dégradation de notre nature matérielle, ou contractés depuis longtemps se sont développés avec l’âge et l’ancienneté? Par de longues et profondes racines ils se sont installés jusqu’au fond de l’être. Quand apprend-il la tempérance, l’habitué des dîner d’apparat et des festin copieux? Et celui qui s’est fait remarquer par des vêtements de prix et qui a resplendi dans l’or et dans la pourpre, quand s’abaisse-t-il à une mise commune et sans recherche? Celui qui a trouvé du charme aux faisceaux et aux honneurs ne peut être un simple particulier sans notoriété. Celui-ci, escorté d’une avant-garde de clients, honoré du cortège compact d’un bataillon de gens empressés considère comme une punition d’être seul. Elle sont tenaces toujours les séductions du mal, et inévitablement, selon l’habitude prise, l’ivrognerie attire, l’orgueil enfle, la colère échauffe, la convoitise tourmente, la cruauté excite, l’ambition sollicite, la débauche fait déchoir.
Voilà ce que souvent je me disais en moi-même. Effectivement moi aussi j’étais retenu, empêtré dans les mille égarements de ma vie précédente, dont je ne croyais pas pouvoir me défaire: c’est ainsi que j’obéissais aux vices qui faisaient corps avec moi, désespérant de m’améliorer j’encourageais mes maux comme s’ils étaient déjà mon bien propre et mes esclaves de naissance.
Mais après qu’avec le secours de l’eau qui régénère les taches de mon ancienne vie eurent été lavées et que la lumière d’en haut se fut répandue dans mon âme délivrée et purifiée, après que j’eus reçus l’Esprit venu du ciel et qu’une seconde naissance m’eut changé en un homme nouveau, ce fut merveille comme aussitôt je vis la certitude lever mes doutes, s’ouvrir les barrières, s’éclairer les ténèbres devenir facile ce qui précédemment semblait difficile, possible à pratiquer ce que je croyais impossible, à telle enseigne qu’il m’était donné de reconnaître comme terrestre ce qui auparavant, né de la chair, était enclin au péché, comme déjà divin ce que dorénavant animait l’Esprit Saint. Tu sais assurément et tu reconnais tout comme moi ce que nous a enlevé ou ce que nous a apporté cette mort des péchés, cette vie des vertus. Tu le sais toi-même et je ne me glorifie pas. Se louer soi-même est odieuse vantardise; et pourtant ce ne saurait être vantardise mais reconnaissance ce que l’on n’attribue pas à la valeur de l’homme, mais que l’on glorifie comme un don reçu de Dieu, au point que ne plus pécher désormais provient de la foi, alors que les péchés antérieurs tenaient à l’égarement humain.
C’est de Dieu, oui de Dieu que vient tout notre pouvoir. De lui nous tenons la vie, de lui la force, de lui nous recevons toute énergie surnaturelle, et, tout en étant encore ici-bas, nous avons par une connaissance anticipée la révélation des réalités futures. Puisse seulement la crainte être la gardienne de notre innocence, pour que le Seigneur, qui avec bonté a fait irruption dans nos âmes par l’effusion de la grâce céleste, soit retenu, par des oeuvres de justice, dans la demeure d’une âme qui lui plaît, de peur qu’une sécurité agréable n’engendre la négligence et que le vieil ennemi ne se glisse de nouveau furtivement!”
 


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Cyprien de Carthage explique l’illumination du Baptême
Lettre 69

“Bien au contraire le Saint-Esprit n’est pas donné avec mesure, il est répandu tout entier sur le croyant. Si le jour naît également pour tous et si le soleil répand sur tous pareillement une égale lumière, à combien plus forte raison le Christ soleil et jour véritables répand-il dans son Eglise, avec la même égalité, la lumière de la vie éternelle.”
 


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Tertullien
Traité du Baptême, 7,1-8,1.3

“Au sortir du bain salutaire, on fait sur nous une onction sainte, suivant l’ancienne cérémonie où l’on avait coutume de prendre de l’huile renfermée dans une fiole pour en oindre ceux que l’on consacrait au sacerdoce. C’est ainsi qu’Aaron fut sacré par son frère Moïse. Notre nom de “Christ” vient de ce “chrême”, onction qui fournit aussi son nom au Seigneur puisqu’il fut spirituellement oint de l’Esprit en son Père, selon ce qui est dit dans les Actes. Ils se sont véritablement assemblés en cette ville contre votre saint Fils que vous avez oint. Ainsi l’onction que nous recevons se fait à la vérité sur la chair, mais son effet se répand dans l’âme. De même l’action du baptême est extérieure, puisqu’il n’y a que le corps qui soit plongé dans l’eau, mais l’effet en est tout spirituel, puisque nous sommes purifiés de nos péchés.
Après cela, on nous impose les mains en invoquant et attirant sur nous le Saint-Esprit par la prière qui accompagne cette sainte cérémonie. Il est possible à un talent humain d’appeler sur l’eau un souffle d’air et d’animer l’union de ces deux éléments d’un nouveau souffle d’une riche harmonie, par le jeu des mains parfaitement accordées au-dessus des tuyaux (d’un orgue hydraulique). Pourquoi dès lors Dieu ne pourrait-il moduler, de ses mains saintes, sur son orgue, le son d’une admirable mélodie spirituelle?
C’est donc alors que l’Esprit très saint descend volontiers du sein du Père sur les corps ainsi purifiés et bénis: il se repose sur les eaux du baptême sur Notre-Seigneur sous la figure d’une colombe. Il voulait ainsi nous faire connaître son caractère par la simplicité et l’innocence de cet oiseau. Car on assure que les colombes n’ont point de fiel. C’est pour cela que Jésus dit à ses disciples: ‘Soyez simples comme les colombes’ et cela n’est pas sans rapport avec une figure antécédente.”
 


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Concile Vatican II
Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, Préambule

“Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter toute la race humaine sur la face de la terre; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s’étendent à tous, jusqu’à ce que les élus soient réunis dans la Cité sainte, que la gloire de Dieu illuminera et où tous les peuples marcheront à sa lumière. ”
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Le Baptistère de St-Jean-du-Latran
Description de l'image : 
Porte primitive
Narthex primitif
Intérieur du baptistère
Histoire : 
La vasque baptismale
Sens actuel : 
Le baptême de toutes les nations
Signes de la foi : 
L’acte de foi du pape Hilaire
Centre de la voûte de la chapelle St-Jean l’Evangéliste
L’Agneau
Les Evangiles
Les animaux