Le chemin des Cathédrales / Raison et foi /Joie de vivre médiévale

 
 
 Jongleurs et troubadours
L’effloraison artistique exceptionnelle née dans la Chrétienté médiévale va de paire avec une joie de vivre dont témoignent l’évolution sociale et la littérature.
 
Histoire :
 
Les bienfaits de la courtoisie
L’Antiquité, spécialement gréco-romaine a peu parlé d’un amour entre homme et femme qui soit autre chose qu’un attrait passager ou l’utilisation réciproque. Les Scythes et les Celtes semblent aussi avoir été plus sensibles à la fonction maternelle de la femme qu’à l’amour qu’elle pouvait inspirer pour elle-même. Il faut la condamnation du divorce par le Christ dans l’Evangile pour que l’Eglise naissante préserve les droits de la femme même en cas de stérilité. Cette nouveauté absolue suscite une réflexion sur la fidélité conjugale qui rejoindra au Moyen Age le respect de la femme pour elle-même dans les cours andalouses. A ce moments de l’histoire se développe une réflexion sur la valeur de l’amour pour lui-même, car il est restitué dans un cadre qui dépasse l’attrait immédiat et le hausse jusqu’à en faire une image adéquate au mystère divin. Cette transformation de la conscience médiévale a des résultats concrets:

Les progrès de la condition féminine dans la chrétienté médiévale
L’action des moines a permis un développement économique considérable et beaucoup amélioré la sécurité des communications. Ce nouveau bien-être facilite la promotion féminine au point que le statut des femmes ne sera plus jamais aussi favorable qu’en cette époque. Les jeux de la société médiévale associent publiquement hommes et femmes tout en tentant de transformer la rivalité guerrière des joueurs en jeu de société.
A cette occasion, femmes et jeunes filles de toutes conditions recevaient des hommages de la part des hommes. Les fêtes de printemps, en particulier, introduisaient à l’éducation courtoise la jeunesse de toute la nation.
La romance ci-dessous explique bien comment de l’attrait instinctif qui rapproche les couples, on passe à la découverte des plus hauts sentiments humains. L’aumônière, c’est-à-dire la petite bourse qui pend à la ceinture de la dame contient la clé de la chambre et sans doute l’alliance. Le poète dit qu’elle est d’amour et par amour fut donnée. L’importance donnée aux sentiments hausse l’attrait réciproque jusqu’à en faire le seuil d’une découverte spirituelle qui va transformer le couple. La liaison passagère dans le décor de la nature printanière disparaît au profit du choix réciproque qui va créer un couple.
“ Voulez-vous que je vous chante
Un son d’amour avenant ?
Ceinturette avait de feuilles
Qui verdit quand le temps mouille,
Et boutons dorés;
L’aumônière était d’amour,
Les pendants étaient de fleurs,v Par amour fut donnée.” Romance anonyme du XIII°s.
Tout un rituel permettait ainsi aux jeunes gens d’échanger roses et poèmes, de danser sur les places et d’apprendre une convivialité donnant la priorité aux sentiments plutôt qu’à l’attrait physique. Les jeunes filles se choisissaient un cavalier qu’elles couronnaient d’un petit chapeau, un “chapelet” de roses. Pendant qu’ils “font la cour” à leur belle, les jeunes hommes oublient de faire valoir leur force par la violence.

L’avènement de la courtoisie
En effet, les progrès de la sécurité associent les femmes aux responsabilités des hommes, artisanat, commerce, gestion des domaines seigneuriaux et leur ouvre une place publique dans la société.
Poètes et musiciens, troubadours d’Aquitaine ou trouvères du nord de la Loire, s’inspiraient des chanteurs andalous pour animer la cour des riches.
Le développement des cours d’amour occupe jeunes ou chevaliers, tout en affinant leurs mœurs par un code de civilités courtoises.
L’aveu du jeune homme: “gracieuse madame, je suis vaincu”, place l’honneur d’être aimé avant la fierté de la force et de la violence. C’est, du reste, sa Dame qui encourage le chevalier qui va combattre en son honneur.

L’attitude de l’Eglise
L’Eglise qui bénit la chevalerie comme une éducation de la violence en corrige le risque en parlant de Marie comme de la Dame de tous. L’amour exclusif et peut-être captatif de la dame et de son chevalier sont réintroduits dans la communauté par la dévotion médiévale à “Notre Dame”. L’optimisme de ces temps de chrétienté n’est pas naïveté, mais seulement confiance dans le pardon de Dieu qui rend possibles tous les espoirs et toutes les fidélités:
“ …Comme on dit du coudrier
Et de la plante chèvrefeuille :
Quand il est pris et enlacé
Et enroulé autour du fût
Ensemble ils peuvent bien durer.
Mais, qu’on veuille les séparer,
Se meurt bientôt le coudrier
De même fait le chèvrefeuille.
“Belle amie, si est de nous,
Ni vous sans moi, ni moi sans vous.” Lai de Marie de France, XIIe siècle.

 
Couple de danseurs

Stalles de St-Gervais

[ Paris, France ]
Dos de miroir, fêtes de Mai. Ivoire, XIVe siècle

Musée du Louvre

[ Paris, France ]
Comte Thibaud de Champagne, le maître des trouvères du nord, vitrail de Charlemagne
(© A. et U. Held)

Notre-Dame de Chartres

[ Chartres, France ]
Troubadour jouant pour une dame
Chapiteau
cloître de l’église de l’Estany

[ Estany, Espagne ]
Scène de courtoisie
Tapisserie
Musée de Cluny

[ Paris, France ]
Scène de courtoisie, XVe siècle
coffret
Musées Royaux d’Art et d’Histoire

[ Bruxelles, Belgique ]
Couvercle de boîte à miroir: homme et femme jouant aux échecs, XIVe siècle
Valve de boîte à miroir, ivoire
Musée du Louvre

[ Paris, France ]
Scène de tournoi, coffret en ivoire


[ Ravenne, Italie ]
Tête de femme
Ebrasure
Eglise de Rampillon

[ Rampillon, France ]
Tête sculptée
Stalles
Cathédrale de Bâle

[ Bâle, Suisse ]
Plaque d’un coffret d’ivoire

Musée du Louvre

[ Paris, France ]
Départ à cheval, XIVe siècle
Valve de boîte à miroir, ivoire
Musée du Louvre

[ Paris, France ]


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  Documents associés : 
Lieu : 
Rues de la Cité
Présupposés théologiques : 
La foi, condition de la joie
Experience humaine : 
L’incontournable gravité devant l’échec et la mort
Symboles : 
La rose de Mai
Citations : 
Hafez, XIVe siècle
Ansari XIe siècle
Guillaume de Lorris
Pastourelle
Poésie lyrique courtoise.
Ronsard, “Mignonne” (1558)
Chrétien de Troyes, “Perceval”.