Le chemin des Cathédrales / Eglise /L’histoire de l’Eglise

 
 
 L’histoire de l’Eglise
Les questions que pose le décor de cette châsse introduisent à une réflexion sur le régime de la grâce qui abolit la distance du temps entre les personnages et le poids de leur erreurs devenu occasion de la manifestation de la Providence.
 
Présupposés théologiques :
 
L’action de Dieu manifestée dans l’histoire
La châsse de l’abbé Nantelme manifestait la relation entre les martyrs et l’Incarnation du Verbe de Dieu, l’option apocalyptique de la châsse de saint Maurice montre la gloire du Ciel, celle de saint Sigismond est non seulement attentive à l’histoire dont elle représente les acteurs, mais surtout au rôle que joue l’histoire dans l’action de la Providence.
La juxtaposition de la Passion, événement historique de la vie du Christ représentée sur le toit de la châsse, et l’histoire des saints de l’abbaye ne serait pas acceptable si elle n’était expliquée par la rangée des apôtres sur les côtés de la châsse. La seule cohérence entre ces scènes qui représentent des événements distants de plusieurs siècles c’est le régime de la grâce qui nous a été révélé par les apôtres: pour Dieu la durée telle que nous la percevons n’existe pas, en sorte que les différents martyrs sont en quelque manière contemporains de l’instant où Jésus a imploré sur la croix: “Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.” Ainsi quelles que aient pu être leurs fautes, les hommes peuvent participer à l’œuvre même du salut et entrer dans la gloire du Messie crucifié. Grâce à l’action du Christ, que les apôtres nous ont fait connaître, l’Eglise perdure à travers les siècles dans l’ambiguïté de l’histoire humaine.
Celle de Sigismond, croyant ses fils coupables et les condamnant à mort, est certes troublante, mais faire de saint Maurice, victime sacrifiée sans se défendre, un chevalier magnifique protégé par un bouclier somptueux est aussi un paradoxe. Cependant c’est une leçon admirable: les juxtapositions surprenantes des scènes représentées sur cette châsse prennent un sens magnifique puisqu’elles manifestent la puissance de la Passion-Résurrection du Seigneur capable de transformer de l’intérieur les faits dont l’initiative est laissée aux hommes - mais qui peuvent devenir œuvre de grâces! C’est le sommet du mystère de l’Incarnation: non seulement le Verbe s’est fait chair, mais le Premier Né de toutes créatures transfigure la vie des hommes en haussant ses possibilités jusqu’à pouvoir l’imiter.
Alors, il n’est plus surprenant que saint Maurice prenne ici le costume d’un chevalier du Moyen Age puisque, participant à la gloire du Christ, il devient frère de tous les membres du Corps du Christ. Aussi, soucieux d’aider ses chevaliers à dépasser la tentation de la force conquérante pour se mettre au service “de la veuve et de l’orphelin”, le roi saint Louis, a pu instituer saint Maurice comme leur patron. Le Martyr leur montre l’exemple et, par sa prière, leur obtient la grâce d’exposer leur vie à leur tour pour secourir les pauvres.
 

Liens associés :

Corrélation entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux, arc de Constantin, Rome
Corrélation entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux, arc de Constantin, Rome

haut de la page

 
  Documents associés : 
Lieu : 
Abbaye de St-Maurice
Description de l’image : 
La châsse de saint Sigismond
Histoire : 
La fondation de la louange perpétuelle
Experience humaine : 
L’ambiguïté de l’histoire
Citations : 
Saint Maxime le Confesseur (v.580-662)
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), toutes choses sont-elles soumises à la providence divine?