Le chemin des Cathédrales / Révélation /La Rédemption

 
 
 La Rédemption
Le salut apporté par le Christ est la possibilité offerte à chaque homme de voir la gloire du ciel malgré les fautes qu’il a pu commettre.
 

Citations :Thomas d’Aquin (XIIIe siècle)
Saint Ambroise (339-397 apr.J.-C.)
Père Christian de Chergé


 
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle)
Som. théol., I, q. 12, a. 1

Un être est connaissable dans la mesure où il est en acte. Dieu qui est l’acte pur, sans aucun mélange de puissance, est en soi suprêmement connaissable. Mais ce qui est en soi suprêmement connaissable ne l’est pas à un intellect qu’il dépasse par excès d’intelligibilité ; par exemple le Soleil qui est extrêmement visible ne peut pas être vu par l’oiseau de nuit, en raison même de l’excès de sa lumière. C’est en s’appuyant sur cet argument que l’on a prétendu qu’un intellect créé ne peut pas voir l’essence divine. Une telle affirmation est inacceptable. Puisque l’ultime bonheur de l’homme réside dans sa plus haute opération, c’est-à-dire la connaissance, si l’intellect créé ne pouvait jamais voir l’essence de Dieu, ou bien l’homme n’obtiendrait jamais sa béatitude, ou bien sa béatitude serait ailleurs qu’en Dieu. Un tel point de vue est étranger à la foi: l’ultime perfection de la créature raisonnable se trouve en celui qui est, pour elle, le principe de son existence; car une chose est d’autant plus parfaite qu’elle est plus proche de son principe. Ce point de vue est contraire aussi à la raison. Il y a, en effet, en l’homme un désir naturel de connaître la cause quand il voit un effet; de là naît l’étonnement. Si donc l’intellect de la créature raisonnable ne pouvait pas atteindre la cause des choses, son désir naturel serait vain. Il faut donc absolument admettre que les bienheureux voient l’essence de Dieu.
 


haut de la page

 
Saint Ambroise (339-397 apr.J.-C.)
De Paradiso 1, 3-5.

Adam et Eve
“Le Seigneur dit à l’homme : “Tu peux manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.” -- Genèse 2,16. Les paroles de Dieu nous invitent à recevoir de Lui la vie, parce que nous ne pouvons pas nous en saisir sans la casser. La faute d’Eve est d’avoir cru le mensonge du serpent, c’est à dire que Dieu ne voulait pas partager sa vie, tandis qu’Il nous a créé pour nous la donner.

“L’homme a été mis au Paradis terrestre en attente du Royaume des cieux. La vertu y a été plantée et parmi les arbres, l’arbre de vie. Celui-ci représente la Sagesse née du Père, c’est-à-dire son Fils splendeur de lumière éternelle. L’arbre du mal y a été mis pour que nous puissions connaître la grandeur du bien et pouvoir discerner entre les deux et repousser le mal. Le Seigneur tourne à notre salut la méchanceté du démon, qui finit pour exalter nos vertus.”

 


haut de la page

 
Père Christian de Chergé
Testament sprituel du prieur des moines de Notre-Dame de l’Atlas dans Thibirine, les veilleurs de l’atlas, robert Masson, cerf, Paris, 1997

Quand un À-DIEU s’envisage

S’il m’arrivait un jour - et ça pourrait être aujourd’hui -
d’être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant
tous les étrangers vivant en Algérie,
j’aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille,
se souviennent que ma vie était DONNÉE à Dieu et à ce pays.
Qu’ils acceptent que le Maître unique de toute vie
ne saurait être étranger à ce départ brutal.
Qu’ils prient pour moi:
comment serais-je trouvé digne d’une telle offrande?
Qu’ils sachent associer cette mort à tant d’autres aussi violentes,
laissées dans l’indifférence de l’anonymat.
Ma vie n’a pas plus de prix qu’une autre.
Elle n’en a pas moins non plus.
En tout cas, elle n’a pas l’innocence de l’enfance.
J’ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal
qui semble, hélas, prévaloir dans le monde,
et même de celui-là qui me frapperait aveuglément.
J’aimerais, le moment venu, avoir ce laps de Lucidité
qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu
et celui de mes frères en humanité,
en même temps que de pardonner de tout cœur a qui m’aurait atteint.
Je ne saurais souhaiter une telle mort.
Il me paraît important de le professer.
Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir
que ce peuple que j’aime soit indistinctement accusé de mon meurtre.
C’est trop cher payer ce qu’on appellera, peut-être, la “grâce du martyre”
que de la devoir à un Algérien, quel qu’il soit,
surtout s’il dit agir en fidélité à ce qu’il croît être l’islam.
Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement.
Je sais aussi les caricatures de l’Islam
qu’encourage un certain islamisme.
Il est trop facile de se donner bonne conscience
en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes.
L’Algérie et l’islam, pour moi, c’est autre chose, c’est un corps et une âme.
Je l’ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j’en ai reçu,
y retrouvant si souvent ce droit fil conducteur de l’Évangile
appris aux genoux de ma mère, ma toute première Église,
précisément en Algérie, et, déjà, dans le respect des croyants musulmans.
Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison
à ceux qui m’ont rapidement traité de naïf, ou d’idéaliste
“Qu’il dise maintenant ce qu’il en pense!”
Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité.
Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu,
plonger mon regard dans celui du Père
pour contempler avec lui ses enfants de l’Islam
tels qu’il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ,
fruits de sa Passion, investis par le don de l’Esprit
dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion
et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.
Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur,
je rends grâce à Dieu qui semble l’avoir voulue tout entière
pour cette JOIE-là, envers et malgré tout.
Dans Ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie,
je vous inclus bien sûr, amis d’hier et d’aujourd’hui,
et vous, ô mes amis d’ici,
aux côtés de ma mère et de mon père, de mes soeurs et de mes frères et des leurs,
centuple accordé comme il était promis
Et toi aussi, l’ami de la dernière minute, qui n’auras pas su ce que tu faisais.
Oui pour toi aussi je le veux ce MERCI, et cet “À-DIEU” envisagé de toi.
Et qu’il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux,
en paradis, s’il plait à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN
Inch’Allah!

Alger, 1er décembre 1993.
Tibhirine, janvier 1994.
Signé: Christian.

 


haut de la page

 
  Documents associés : 
Lieu : 
Abbaye de St-Maurice
Description de l’image : 
La châsse de saint Maurice: le Christ sur le petit côté
Les médaillons de la toiture de la châsse
La Vierge sur le petit côté
Les grands côtés
Histoire : 
La châsse de saint Maurice
Présupposés théologiques : 
La Rédemption permet à l’homme de voir Dieu
Experience humaine : 
La confiance, condition de la sécurité