Terres d'Evangile / Passion /L’Agonie

 
 
 Le jardin des oliviers
Comment comprendre que le Christ se soumette au stress le plus aigu en présence de ses disciples, alors que le reste de l’Evangile le montre si fort, sinon parce qu’il communie totalement à la volonté de son Père qui l’a envoyé pour sauver les hommes de leurs pires malheurs. Le plus malheureux, le plus humilié des hommes trouve à côté de lui Dieu fait homme.
 
Citations :
 
Métropolite Antoine Bloom
Le pouvoir du mal, Bernard Bro, Cerf, Paris, 1976

Alors écoutez encore cet ultime témoignage. C’est l’éternelle et bouleversante définition de la miséricorde chrétienne: prendre la place de celui qui souffre. Cette histoire est rapportée par un des grands témoins spirituels de notre temps. Moine, évêque, archevêque, il vit pauvre avec les pauvres, médecin dans la banlieue de Londres. C’est le métropolite Antoine Bloom, qui a payé le droit de rapporter ceci: “Ce récit appartient à l’histoire de l’Eglise russe durant la guerre civile, lorsque les armées en présence se disputaient le pouvoir. Une petite ville tombe aux mains de l’armée rouge. Dans cette ville se trouve, en danger de mort parce que Son ami appartenait au camp adverse, une jeune femme et ses deux enfants âgés de quatre et trois ans. Elle se cache, espérant trouver un jour la possibilité de s’enfuir. Un soir, une autre jeune femme, âgée comme elle d’une vingtaine d’années et nomm Nathalie l’avertit que sa retraite a été découverte et qu’on viendra l’arrêter le soir même pour la fusiller. Elle ajoute: “ Il vous faut fuir tout de suite! “ La femme lui répond en regardant ses enfants: “Comment le pourrais-je? “ Nathalie qui, jusqu’alors, n’avait été pour elle qu’une voisine, devient à cet instant son prochain, le prochain de l’Évangile. Elle lui dit seulement: “ C’est possible parce que je resterai ici et que je répondrai à votre nom lorsqu’on viendra vous arrêter. - Mais on vous fusillera! - Oui, mais moi je n’ai pas d’enfants! “ Nathalie est restée dans la maison. Il est facile d’imaginer la suite, à mesure que la nuit tombe, les ténèbres, l’humidité, le froid se referment sur la maison. Là, une femme attend la mort et comment ne pas penser alors à Gethsémani? On l’imagine demandant que la coupe s’éloigne, et se trouvant comme le Christ, affrontée au silence de Dieu. On l’imagine se tournant en pensée vers ceux qui pourraient la secourir s’ils n’étaient au loin... Les disciples du Christ dormaient, et elle ne peut appeler à l’aide sans trahir. On la voit priant pour que, au moins, son sacrifice ne soit pas vain. Elle s’est demandé sans doute quel serait le sort des enfants et de leur mère, sans autre réponse que les paroles du Christ: “ Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. “ Elle a dû penser que, si elle voulait, elle pourrait en un instant se trouver en sécurité; elle n’avait qu’à ouvrir la porte: une fois sur la route, elle n’était plus l’autre femme, elle redevenait elle-même; il lui suffisait de ne pas reconnaître cette identité d’emprunt qu’elle avait choisi de partager... Elle mourut, fusillée. Les enfants et leur mère eurent la vie sauve.”
 


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Ambroise de Milan, IVe siècle
Traité sur l’Evangile de S. Luc 10, 56.60-62

Beaucoup s’attachent à ce passage pour exploiter la tristesse du Seigneur comme la preuve d’une infirmité innée dès le principe, et non pas prise pour un temps; ils voudraient détourner les mots de leur sens naturel. Pour moi, non seulement je ne vois pas qu’il y ait sujet de l’excuser, mais nulle part je n’admire davantage sa tendresse et sa majesté: son bienfait eût été moindre s’Il n’avait pris mes sentiments. C’est donc pour moi qu’Il s’est affligé, n’ayant pour Lui nul sujet d’affliction; et, mettant de côté la jouissance de sa divinité éternelle, Il se laisse atteindre par la lassitude de mon infirmité. Il a pris ma tristesse, pour me prodiguer sa joie; sur nos pas Il est descendu jusqu’à l’angoisse de la mort, voulant sur ses pas nous rappeler à la vie. Je n’hésite donc pas à parler de tristesse, puisque je prêche la croix. C’est qu’Il n’a pas pris de l’incarnation l’apparence, mais la réalité; Il devait donc aussi prendre la douleur, afin de triompher de la tristesse, et non de l’écarter: on ne saurait être loué pour son courage si l’on n’a connu des blessures que l’étourdissement sans la douleur.

60. Lorsqu’Il dit: “Que ce ne soit pas ma volonté, mais la vôtre, qui s’accomplisse”, Il rapporte la sienne à son humanité, celle du Père à la divinité. La volonté de l’homme est temporaire; la volonté de Dieu est éternelle. Il n’existe pas une volonté du Père autre que celle du Fils: ils n’ont qu’une volonté, comme une divinité. Apprenez cependant à être soumis à Dieu, à ne pas choisir votre propre vouloir, mais ce que vous savez devoir plaire à Dieu.

61. Considérons enfin la valeur propre des mots: “Mon âme est triste”, et ailleurs: “Maintenant mon âme est dans un trouble extrême”-le trouble n’est donc pas pour Celui qui a pris une âme, mais pour celle qui a été prise: car l’âme est sujette aux passions, la divinité en est exempte-enfin: “L’esprit est prompt, la chair infirme.” Triste, ce n’est pas Lui qui l’est, mais son âme. La Sagesse n’est pas triste, ni la substance divine, mais l’âme: car Il a pris mon âme, Il a pris mon corps. Il ne m’a pas trompé en étant autre qu’Il paraissait: triste Il paraissait, et triste Il était, non de sa souffrance, mais de notre dispersion; aussi bien est-il dit: “Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées”, Mt 26,31, d’après Zc 13,7. Il était triste de nous laisser si petits. Quant au reste, l’Ecriture nous dit avec quel courage Il s’offre à la mort, allant au-devant de ceux qui le cherchent, raffermissant les troublés, excitant les tremblants, daignant accepter le baiser du traître.

62. Il n’est d’ailleurs pas contraire à la vérité qu’Il ait été triste pour ses persécuteurs, sachant qu’ils expieraient dans les supplices leur sacrilège. C’est pour cela qu’Il dit: “Eloignez de moi ce calice”: non pas que le Fils de Dieu craignît la mort, mais parce qu’Il n’eût pas voulu la perte des méchants eux-mêmes. Aussi bien dira-t-Il : “Seigneur, ne mettez pas ce péché à leur compte”, Lc 23,34 afin que sa Passion fût salutaire à tous

 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Le jardin des Oliviers
Texte de l'Evangile : 
Luc 22, 39-46
Marc 14, 32-38
Matthieu 26, 36-41
Clés de Lecture : 
L’agonie
Symboles : 
L’huile
Expérience humaine : 
La peur
Accomplissement des Ecritures : 
Le secours de Dieu dans la détresse