Histoires de Rome / Les premières paroisses romaines /Emprisonnement de Pierre et Paul

 
 
 Emprisonnement de Pierre et Paul
Cette basilique a été plusieurs fois remaniée depuis l’origine de l’Eglise à cause de la dévotion des Romains qui pensaient y reconnaître le lieu de l’incarcération des apôtres Pierre et Paul.
 

Citations :Sénèque
Tacite
Cyprien de Carthage
Eusèbe de Césarée
Pape Damase
Michel-Ange, Rima X
Michel-Ange, Sonnet sur un Ami défunt (Rima 46)
Michel-Ange, Rima 288
Michel-Ange, Sonnet envoyé a Vasari (Rima 285)


 
Sénèque
Lettre 101, 10-15

“Au moins cette donnée même, que tout ce qui se tient asservi aux sens, tout ce qui nous enflamme et nous irrite, Platon ne veut pas qu’il soit de l’ordre des choses qui sont véritablement. Ce ne sont donc rien que des êtres imaginaires, porteurs pour un temps d’une certaine figure; ici rien de permanent, de solide. Et cependant nous sommes pleins de désirs, comme si les objets en devaient être toujours, comme si nous devions les posséder toujours. Créatures débiles et sans consistance, nous sommes arrêtés parmi les illusions. Elançons notre âme vers les réalités éternelles! Admirons, planant au plus haut de l’espace, les formes idéales de toutes choses; un Dieu séjournant au milieu de ces êtres, une Providence qui, si elle n’a pu donner aux créatures une immortalité à laquelle la matière s’opposait, veille à les garder de la mort, à surmonter l’imperfection corporelle par la raison. En effet, le monde demeure, non parce qu’il est éternel, mais parce qu’il est sous la sauvegarde du curateur qui le régit. Or, d’un tuteur des êtres immortels n’auraient pas besoin. Notre monde se conserve par son ouvrier dont l’énergie surmonte la fragilité de la matière. Méprisons un ensemble d’objets qui sont à ce point sans valeur qu’on se demande si seulement ils sont.” (Senèque, lettre 58,26-28)

“Ainsi donc, mon cher Lucilius, hâte-toi de vivre et compte chaque journée pour une vie distincte. L’homme qui s’est donné cette armature, celui qui a vécu chaque jour sa vie complète, possède la sécurité; mais qui a l’espoir comme raison de vivre, voit le présent lui échapper d’heure en heure. Alors entre en lui, avec l’appétit de la durée, ce sentiment si misérable qui rend toutes choses si misérables: la peur de la mort. De là l’infâme souhait de Mécène qui accepte les infirmités, les difformités et, pour finir, le pal, en croix, pourvu qu’au milieu de ces disgrâces sa vie soit prolongée:
‘Fais de moi un infirme, manchot, estropié d’une jambe, boiteux; campe sur mon dos une énorme bosse; ébranle et fais tomber mes dents: tant que la vie me reste, tout est bien. Même en croix, sur le pal, conserve-moi la vie.’
Ce qui serait, si la chose advenait, le comble des misères, voilà son voeu. Il pense demander la vie, et c’est une prolongation de supplice! Je le jugerais déjà bien méprisable, s’il souhaitait de vivre jusqu’à la mise en croix, mais écoutons-le: ‘Oui, estropie-moi, pourvu que le souffle reste à mon corps épuisé et impotent. Rends-moi contrefait, pourvu que le monstre que tout le monde fuit obtienne quelques instants. Cloue-moi à la croix, assieds-moi sur le pal.’ Est-ce la peine de peser sur sa plaie, de pendre au gibet les bras étendus, dans l’espoir de différer ce qu’il y a de plus désirable dans les tourments, le terme du supplice? - ‘Est-ce la peine que je garde le souffle pour le rendre dans l’agonie?’ Que souhaiter à cet homme-ci, sinon des dieux qui lui soient complaisants?
Mais que signifient ces vers d’une inspiration outrageusement efféminée, ce pacte de la peur délirante, cette écoeurante façon de mendier l’existence? Comment s’imaginer que devant un tel homme Virgile ait jamais lu ce vers:
‘Est-ce donc un si grand malheur que de mourir? Il appelle de ses voeux les pires des maux; les plus pénibles souffrances, il désire de tout son coeur qu’on les prolonge, qu’on les continue. Qu’y gagnera-t-il? Eh! bien, de vivre un peu plus; mais est-ce une vie qu’une mort qui traîne?
Il se trouve donc un homme qui aime mieux fondre dans les tourments, périr membre à membre et répandre autant de fois sa vie goutte à goutte, que de l’exhaler d’un seul coup? Oui, qui attaché au gibet maudit, déjà infirme, déjà difforme, les épaules et la poitrine remontée en deux bosses affreuses , ayant ainsi, même avant la croix, mille motifs de mourir, veut prolonger une existence qui prolongera tant de tortures? Ne dis plus après cela que la nécessité de mourir est un grand bienfait de la nature.
Beaucoup sont prêts pour des pactes encore plus dégradants: prêts même à trahir un ami afin de conserver l’existence, à livrer de leur main leurs enfants à la prostitution afin de jouir d’une lumière témoin de tous ces crimes.
Dépouillons-nous donc de la passion de vivre, et sachons que peu importe à quel moment on souffre ce qu’il faut tôt ou tard souffrir; que l’important est de voir dans la vie ce qu’elle vaut, non ce qu’elle dure et que souvent l’essentiel pour bien vivre est de ne pas vivre longtemps. Adieu!”

 


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Tacite
Annales, 15,44,2-5

“Ni les efforts des hommes, ni les largesses du prince, ni les prières des dieux n’ébranlèrent la conviction que Néron avait commis l’infamie d’ordonner l’incendie. Pour faire taire cette rumeur, l’empereur produisit des accusés et livra aux supplices les plus raffinés des hommes odieux pour leurs crimes que le peuple appelle “chrétiens”. Celui dont ils tenaient ce nom, Christ, avait été supplicié sous le règne de Tibère, par le procureur Ponce-Pilate. Réprimée d’abord, l’exécrable superstition faisait irruption non seulement en Judée, berceau de ce fléau, mais jusque dans Rome, ou reflue et se rassemble ce qu’il y a partout ailleurs de plus repoussant et de plus honteux.
On saisit d’abord ceux qui avouaient; puis, sur leur déposition, un grand nombre fut convaincu moins du crime d’incendie que de la haine du genre humain. On ajouta la dérision au supplice; des hommes enveloppés de peaux de bêtes moururent déchirés par les chiens, ou bien furent attachés à des croix, d’autres enfin furent allumés, à la chute du jour, afin d’éclairer la nuit.
Néron avait prêté ses jardins pour ce divertissement et y donnait des courses. Il se mêlait à la foule en habit de cocher, ou monté sur un char. Ces hommes avaient beau être coupables et dignes des derniers supplices, l’on avait pitié d’eux, parce qu’ils étaient sacrifiés non à l’utilité publique mais à la barbarie d’un seul.”
 


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Cyprien de Carthage
Exhortation au martyre, IIIe siècle, dans “Le martyre dans l’Eglise ancienne”, Migne, Paris, 1990

“Et saint Pierre affirme dans sa lettre (1P 4,12-14): ‘Très chers, ne jugez pas étrange l’incendie survenu au milieu de vous en vue de vous éprouver, et ne vous démontez pas, comme s’il vous arrivait quelque chose de nouveau. Mais toutes les fois que vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous en tout, pour que, lors de la révélation de sa gloire, dans la joie, vous exultiez. Heureux si l’on vous insulte pour le nom du Christ, le nom du Seigneur, son nom de majesté et de force repose sur vous: ce nom, plusieurs le blasphèment, mais nous, nous l’honorons.’”
 


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Eusèbe de Césarée
Histoire ecclésiastique, II, 25, 5-7

“...C’est lui (Néron) qui, le premier, fit mettre à mort les apôtres. On raconte que Paul fut décapité à Rome même et Pierre crucifié sous son règne. Ce récit est confirmé par le fait que leur tombe porte toujours les noms de Pierre et Paul. Un homme d’Eglise, nommé Caius, qui vivait à l’époque où Zéphyrin était évêque de Rome (199-217), a dit, dans son dialogue avec Proclus, au sujet de l’endroit où l’on avait déposé les restes des Apôtres: “Je peux vous montrer les Trophées des apôtres. Si vous voulez vous rendre au mont du Vatican ou à la route d’Ostie, vous trouverez les trophées de ceux qui ont fondé cette Eglise.”
 


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Pape Damase
Epigramme 26

“Ici demeuraient autrefois les saints: vous devez le savoir, vous qui cherchez les noms de Pierre et de Paul. L’Orient (nous) envoya ces disciples (du Christ), nous en témoignons volontiers. Grâce au mérite de leur sang versé ici, ils ont suivi le Christ dans les étoiles et ils sont parvenus aux sphères célestes et au royaume de ceux qui craignent Dieu. Rome peut donc les revendiquer comme ses propres citoyens. Qu’il soit permis à Damase de vous faire ces louanges, étoiles nouvelles au firmament.”
 


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Michel-Ange, Rima X
“Ici l’on vous fait d’un calice un casque, un glaive
et le sang du Christ se trafique à pleines mains;
de la croix, des épines, on forge des lances,
tant et si bien que le Christ même perd patience.
Ah! qu’il se garde de venir en cette ville
car son sang éclabousserait jusqu’aux étoiles
dès lors qu’à Rome c’est sa peau que l’on monnaie
comme c’est la voie de tout bien que l’on condamne.
Pour dilapider mon avoir, pas de meilleur
endroit qu’ici où l’on m’arrache à mon travail
et où la Tiare en use en numide Méduse.
Mais si la pauvreté au Ciel est en honneur,
quel salut espérer pour nous quand nous suivons
un autre signe et qui suffoque l’autre vie?”
(Michel-Ange, Poèmes, traduits par Pierre Leyris, Gallimard, 1992)
 


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Michel-Ange, Sonnet sur un Ami défunt (Rima 46)
“Si mon rude marteau tire du dur rocher
telle ou telle forme humaine, c’est du ministre
qui le tient en main et le guide et l’accompagne
qu’il reçoit son élan, c’est autrui qui le mène.
Mais celui-là du Ciel, c’est par Sa vertu propre
qu’Il embellit le monde et S’embellit lui-même,
et comme nul marteau n’est sans marteau forgé,
de ce vivant Modèle tout autre procède.
Or, parce que le coup est d’autant plus puissant
qu’il choit de plus haut sur l’enclume, c’est au Ciel
qu’au-dessus du mien celui-ci s’est envolé.
De moi, dès lors, si imparfait, qu’en sera-t-il
si la divine forge n’accorde à celui
qui fut mon seul recours ici-bas, de m’aider?”
(Michel-Ange, Poèmes, traduits par Pierre Leyris, Gallimard, 1992)
 


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Michel-Ange, Rima 288
“Les fables dont le monde est plein m’ont dérobé
le temps qui pour contempler dieu m’était donné;
j’ai fait fi de ses grâces; oui, c’est avec elles,
non sans elles, que j’ai chu dans le péché.
Ce qui rend autrui sage m’a rendu stupide,
aveugle et lent à reconnaître mon erreur;
l’espoir me manque et néanmoins croît mon désir
que de tout amour-propre enfin tu me délivres.
Daigne m’abréger de moitié la voie du Ciel,
mon cher Seigneur! Encore faudrait-il que pour
la moitié qui m’incombera, tu me secoures.
Avec les biens du monde fais-moi prendre en haine
les beautés que j’ai cultivées et honorée
afin qu’avant la mort j’aie la vie éternelle.”
(Michel-Ange, Poèmes, traduits par Pierre Leyris, Gallimard, 1992)
 


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Michel-Ange, Sonnet envoyé a Vasari (Rima 285)
“Voici que le cours de ma vie en est venu
par tempétueuse mer et fragile nacelle
au commun havre où les humains vont rendre compte
et raison de toute oeuvre lamentable ou pie.

Dès lors, je sais combien la trompeuse passion
qui m’a fait prendre l’Art pour idole et monarque
était lourde d’erreur et combien les désirs
de tout homme conspirent à son propre mal.

Les penser amoureux, jadis vains et joyeux,
qu’en est-il à présent que deux morts se rapprochent?
De l’une je suis sûr et l’autre me menace.

Peindre et sculpter n’ont plus le pouvoir d’apaiser
mon âme, orientée vers ce divin amour
qui, pour nous prendre, sur la Croix ouvrit les bras.”
(Michel-Ange, Poèmes, traduits par Pierre Leyris, Gallimard, 1992)

 


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Lieu : 
St-Pierre-aux-liens
Description de l'image : 
Le Moïse de Michel-Ange
Histoire : 
Le persécuteur
L’occasion de la persécution
L’horreur du massacre