Histoires de Rome / Après la chute de Rome /Les souvenirs de saint Augustin

 
 
 Les souvenirs de saint Augustin
Impressionné par les troubles intellectuels et matériel de la chute de l’empire romain, Augustin a élaboré la théologie de la grâce, trouvant dans le secours de Dieu l’entrée dans une cité impérissable.
 

Citations :Augustin et la vie facile
Angoisses de saint Augustin
Augustin et Ambroise
L’extase de Ostie
Le péché et la grâce selon saint Augustin
L’espérance en Jésus Christ


 
Augustin et la vie facile
Confessions X,27

“Même après sa conversion, si Augustin condamne la littérature profane comme une empoisonneuse des âmes, il absout la beauté de la langue”, remarque Louis Bertrand dans son “Saint Augustin”, et il cite le docteur de l’Eglise: “Je n’accuse pas les mots, les mots sont des vases choisis et précieux. J’accuse le vin d’erreur que des docteurs ivres nous versaient dans de belles coupes.”
“J’aimais la vie heureuse,... Pourquoi souhaiter l’impossible? il faut si peu de choses pour remplir une âme humaine!” se disait Augustin avant d’être illuminé par la grâce de Dieu, comme il l’avoue dans ses Confessions.
“Je t’ai aimé bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je t’ai aimé bien tard! Mais voilà: tu étais au-dedans de moi quand j’étais au dehors, et c’est dehors que je te cherchais; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n’existeraient pas si elles n’existaient en toi. Tu m’as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement; tu as répandu ton parfum, je l’ai respiré et je soupire maintenant pour toi; je t’ai goûtée, et j’ai faim et soif de toi; tu m’as touché et je me suis enflammé pour obtenir la paix qui est en toi.”
 
Mosaïque représentant un poète

Musée de Rhénanie

[ Trèves, Allemagne ]
La gargoulette et le gobelet
Mosaïque
Musée National du Bardo

[ Tunis, Tunisie ]
Eros cueillant des fleurs
(© A. et U. Held)


[ Rome, Italie ]
 


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Angoisses de saint Augustin
Partagé entre sa soif de la Vérité et ses passions, Augustin connut de longs déchirements: “Mes vieilles amies, écrit-il, me tiraient par le vêtement de ma chair et elles murmuraient à mon oreille: - est-ce que tu nous quittes? Quoi! dès ce moment nous ne serons plus avec toi pour jamais?... Et, dès ce moment, telle chose que tu sais bien et telle autre chose encore ne te sera plus permise, pour jamais, pour l’éternité ?...” - “Je vous connais, je vous connais trop! Vous êtes le désir sans espérance, le gouffre sans fond que rien ne rassasie. J’ai assez souffert à cause de vous”.“J’étais las de dévorer le temps et d’être dévoré par lui.” (Confessions)

“Bien que la mort de la chair ait pris son origine dans le péché du premier homme, cependant son saint usage a fait de très glorieux martyrs. Voilà pourquoi, non seulement la mort, mais tous les maux de ce monde, les douleurs et les travaux des hommes, quoique résultant du péché, et surtout du péché originel, qui a enchaîné la vie à la mort, ont dû subsister après la rémission des péchés, pour donner à l’homme l’occasion de combattre pour la vérité, pour exercer la vertu des fidèles, afin que le nouvel homme se préparât par un nouveau testament à une vie nouvelle, à travers les maux de ce monde, en supportant courageusement la misère que lui a attirée une vie coupable, en se félicitant humblement de la voir bientôt finir, en attendant avec patience et fidélité le bonheur qui sera le partage immortel de la vie future complètement affranchie.
Car le démon expulsé du domaine et des coeur des fidèles, sur lesquels il régnait à raison de leur condamnation et de leur infidélité, quoique condamné lui-même, le démon, dis-je, n’a permission de les combattre que durant cette existence mortelle, et dans la mesure où le juge utile à leurs intérêts Celui dont les saintes Ecritures nous disent hautement par la bouche de l’apôtre: “Dieu est fidèle il ne souffrira pas que vous soyez tentés par dessus vos forces; mais il vous fera tirer profit de la tentation même, afin que vous puissiez persévérer” (1 Co 10,13). Or, ces maux pieusement supportés par les fidèles servent ou à expier les péchés, ou à exercer et éprouver la vertu, ou à faire ressortir la misère de cette vie afin de faire désirer plus vivement et chercher avec plus d’ardeur cette autre vie, où le bonheur sera véritable et immortel. Mais là-dessus nous nous en tenons à ce que dit l’apôtre: “Or, nous savons que tout coopère au bien pour ceux qui aiment Dieu, pour ceux qui, selon son décret, sont appelés à être saints. Car ceux qu’il a connus par sa prescience, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin qu’il fût lui-même le premier-né entre beaucoup de frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a appelés; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés” (Rm 8,28-30). De ces prédestinés pas un seul ne périra avec le démon; pas un seul ne restera sous la puissance du démon jusqu’à la mort. Puis l’apôtre ajoute ce que j’ai déjà cité plus haut: “Que dirons-nous donc après cela? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Lui qui n’a pas épargné même son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous aurait-il pas donné toutes choses avec lui?” (Rm 8,31-32).” (Augustin, De la Trinité, 13,16,20, Ve siècle)

“Inquietum est cor nostrum, donec requiescat in Te”, “Notre coeur est inquiet, mon Dieu, jusqu’à ce qu’il se repose en Toi.” (Confessions I, 1)

 
Tireur d’épine

Musée du Capitole

[ Rome, Italie ]
Monogramme du Christ
(© Collection particulière)


[ Rome, Italie ]


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Augustin et Ambroise
“... Quand Ambroise lisait, ses yeux parcouraient les pages, son coeur s’ouvrait pour les comprendre, sa voix seule et ses lèvres demeuraient en repos. Il m’arriva souvent qu’étant venu le visiter (car tout le monde pouvait entrer chez lui sans être annoncé), je le trouvais lisant en silence et jamais autrement. Je m’asseyais et, après être resté longtemps sans rien dire, je me retirais présumant que, pendant les courts instants qu’il pouvait saisir, pour délasser son esprit fatigué du tracas de tant d’affaires étrangères, toute distraction nouvelle lui serait importune.”
Plus loin, parlant de son désarroi à Milan, saint Augustin remarque: “On aurait donc eu alors, en moi, un disciple on ne peut mieux disposé et plus docile, s’il s’était trouvé quelqu’un pour m’instruire.” (Confessions)

“Comment Dieu put-Il être bon en permettant au mal d’entrer dans ce monde? En vérité une telle accusation pourrait tenir si le mal corrompait la vigueur de l’esprit au point que celui-ci ne puisse plus l’éliminer.” (Saint Ambroise, 339-397 apr.J.-C., De Paradiso 8, 41)

 
Linteau
Portail d’entrée
L’église St-Ambroise

[ Milan, Italie ]
 


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L’extase de Ostie
Confessions

“Nous admirions la beauté de tes oeuvres, ô mon Dieu!... Alors, nous portâmes plus haut nos esprits... Nous parvînmes à nos âmes, mais nous les dépassâmes pour atteindre, Seigneur, à cette région d’inépuisable abondance, où tu rassasies éternellement Israël du pain de Vérité... Or, tandis que nous parlions, et que nous nous élancions, affamés, vers cette région divine, par un bond de tout notre coeur, nous y touchâmes un instant... Puis, en soupirant, nous retombâmes, y laissant attachées les prémisses de notre esprit, et nous redescendîmes à ces balbutiements de nos lèvres, à cette parole mortelle qui commence et qui finit.”
“Enterrez ce corps où vous voudrez, et ne vous en mettez point en peine! La seule chose que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, partout où vous serez!...”
 
Basilique chrétienne d’Ostie


[ Ostie, Italie ]
 


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Le péché et la grâce selon saint Augustin
La Cité de Dieu, 22,17; De la Trinité, IV, 1, 2

“Il fallait, au commencement du genre humain, qu’une côte fût tirée du flanc de l’homme endormi pour en faire une femme; car c’est là un symbole prophétique de Jésus-Christ et de son Eglise. Ce sommeil d’Adam était la mort du Sauveur, dont le côté fut percé d’une lance sur la croix, après qu’il eut rendu l’esprit; il en sortit du sang et de l’eau, lesquels figurent les sacrements, sur lesquels l’Eglise est “édifiée”; aussi l’Ecriture s’est-elle servie de ce mot: car elle ne dit pas que Dieu forma ou façonna la côte du premier homme, mais qu’il “l’édifia en femme”, d’où vient que l’apôtre appelle l’Eglise l’édifice du corps de Jésus-Christ. La femme est donc la créature de Dieu aussi bien que l’homme, mais elle a été faite de l’homme, pour consacrer l’unité, et elle en a été faite de cette manière pour figurer Jésus-Christ et l’Eglise. Celui qui a créé l’un et l’autre sexe les rétablira tous deux.”

“L’homme par le péché s’est éloigné de la joie suprême et incommunicable: et toutefois il n’a pas entièrement brisé avec elle tout rapport et toute relation. Aussi parmi toutes les vicissitudes des temps et des lieux, cherche-t-il toujours l’éternité, la vérité et le bonheur. Eh! quel est l’homme qui voudrait mourir, être trompé, ou être malheureux? C’est pourquoi le Seigneur, condescendant aux besoins de notre exil, nous a révélé certaines vérités qui nous avertissent que la terre ne peut nous donner ce que nous cherchons, et que pour le trouver, il faut remonter au ciel. Mais si nous n’étions tombés du ciel, nous n’y chercherions pas le souverain bonheur. Au reste il fallait d’abord nous convaincre que Dieu nous aimait bien tendrement, car sans cela nous n’eussions osé nous rapprocher de lui. Mais il n’était pas moins nécessaire qu’il nous démontrât toute la gratuité de son amour, de peur que l’orgueil ne nous fît attribuer ses grâces à nos propres mérites, et que par là, nous éloignant encore plus de lui, nous ne fussions faibles en notre force. C’est pourquoi Dieu a agi envers nous avec tant de ménagement, que nous ne pouvons attribuer nos succès qu’à son appui et à son concours. Mais alors notre amour se fortifie dans la même proportion, que notre faiblesse se reconnaît humble et impuissante. Aussi le psalmiste s’écrie-t-il: ‘Vous séparâtes, ô Dieu! pour votre héritage une pluie toute volontaire: il était affaibli, mais vous l’avez fortifié’ (Ps 67,10). Or cette pluie volontaire désigne la grâce divine, et on la nomme grâce, parce qu’elle n’est point un salaire qui nous soit dû, mais un don entièrement gratuit. Et en effet, Dieu nous la donne par sa pure bonté, et non en vertu de nos mérites.
Convaincus de cette vérité, nous nous défions de nous-mêmes, et en cela nous sommes faibles. Mais Dieu nous fortifiera selon cette parole qui fut dite à l’Apôtre: ‘Ma grâce te suffit, car la force se perfectionne dans la faiblesse’ (2 Co 12,9). Il fallait donc prouver d’abord à l’homme combien Dieu l’aimait, et ensuite en quel état le trouvait cet amour. La première chose était nécessaire pour que l’homme ne tombât pas dans le désespoir, et la seconde, pour qu’il ne devînt pas le jouet de l’orgueil. Au reste, c’est ce qu’explique très-bien ce passage de l’épître aux Romains: “Dieu a fait éclater son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Jésus-Christ est mort pour nous. Maintenant donc que nous sommes justifiés par son sang, nous serons délivrés par lui de la colère de Dieu. Car si lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés serons-nous sauvés par la vie de ce même Fils”. Après cela que dirons-nous? “Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? S’il n’a pas épargné son propre Fils, et s’il l’a livré à la mort pour nous tous, que nous donnera-t-il point, après nous l’avoir donné?” (Rm 5,8-10 et 8,31-32). C’est cette rédemption qui était montrée de loin aux anciens justes, afin que par la croyance au Messie futur ils fussent tout ensemble humbles et faibles, forts et affermis.”

 
Oiseaux sur un nid donnant la becquée


[ Rome, Italie ]
 


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L’espérance en Jésus Christ
Registre supérieur: Sacrifice d’Abraham, arrestation de Pierre, Le Sauveur trônant au dessus des cieux, arrestation et Jugement de Jésus par Pilate.
Registre inférieur: Jésus lave les pieds de Pierre, la faute d’Adam et d’Eve, L’entrée de Jésus à Jérusalem, Daniel dans la fosse au lions, Paul est conduit au supplice.
A ses diocésains épouvantés par les victoires des barbares qui allaient prendre Thagaste, l’évêque Augustin rappelait la différence entre les sécurités terrestres et celles de la foi: “Le Goth n’enlève pas ce que le Christ garde ”
 
Sarcophage de Junius Bassus
(© A. et U. Held)

Musées du Vatican

[ Rome, Italie ]
Jérusalem et Bethléem, Cité céleste

Basilique de St-Laurent-hors-les-murs

[ Rome, Italie ]


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  Documents associés : 
Lieu : 
Ostie
Histoire : 
La porte de l’Afrique
La fin de l’empire romain
Histoire de saint Augustin
Sens actuel : 
Le Jérusalem céleste
Signes de la foi : 
Augustin, théologien de la grâce