Histoires de Rome / La Réforme catholique /Développement de la réflexion théologique

 
 
 Développement de la réflexion théologique
La confrontation de la foi et de la raison est constante dans l’Eglise depuis son origine.
 

Citations :Epictète
Discussion sur la doctrine de Platon
Justin critique les philosophies antiques
Adhésion de Justin à la doctrine des prophètes
Premier récit de la liturgie eucharistique
Le martyre de saint Justin
Clément d’Alexandrie
Augustin “De Trinitate”
Madeleine Delbrêl, missionnaire à “Ivry, ville marxiste”


 
Epictète
Diatribes, 2,23,5

“Homme, ne soit pas ingrat... mais remercie Dieu pour la vue, l’ouïe, pour la vie elle-même... pour le vin, pour l’huile; mais rappelle-toi qu’il t’a donné quelque chose de plus grand que tout cela: la faculté de les employer, de les juger, d’estimer chacune d’entre elles à sa juste valeur... Et la faculté du choix moral... Que fait-il l’oeil, lorsqu’il est ouvert, si ce n’est regarder? mais qui est-ce qui nous dit si et de quelle façon il faut regarder la femme d’autrui, qui nous dit cela? le choix moral... et qu’est-ce qui est capable, de par sa nature, d’obstruer ce choix moral? Rien qui ne dépende de lui, mais de lui seulement, lorsqu’il est perverti. Ainsi ce choix peut devenir vice, mais de lui seul aussi provient toute vertu.”
 
Buste d’Epictète

Musée du Capitole

[ Rome, Italie ]
 


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Discussion sur la doctrine de Platon
“Platon le philosophe, proposant comme fin le bonheur, dit qu’il consiste ‘à ressembler à Dieu autant que possible’ (Théèt., 176 b); peut-être se rencontre-t-il ainsi avec le principe de la loi - ‘car le grands génies, dépouillés de passions, atteignent directement, pour ainsi dire, la vérité’, comme le dit Philon le Pythagoricien dans l’explication du texte de Moïse -; peut-être aussi s’est-il laissé enseigner en son temps par certains savants, puisqu’il avait toujours soif d’apprendre. La loi dit, en effet: ‘Marchez derrière le Seigneur votre Dieu, et gardez mes commandements’ (Dt 13,14). La loi appelle, en effet, l’assimilation une marche à la suite; et celle-ci rend semblable autant qu’il est possible. ‘Soyez, dit le Seigneur, pleins de miséricorde et de pitié, comme votre Père du Ciel est miséricordieux’ (Lc 6,39).” (Clément d’Aléxandrie Stromates II,19,100,3-4)

“Je suis chrétien, je m’en fais gloire, et, je l’avoue, tout mon désir est de me faire reconnaître comme tel. Ce n’est pas que la doctrine de Platon soit incompatible avec celle du Christ, mais elle ne lui est pas en tout semblable, pas plus que celles des autres, stoïciens, poètes ou écrivains. Chacun d’eux en effet a vu du Verbe divin disséminé dans le monde ce qui était en rapport avec sa nature, et a pu exprimer ainsi une vérité partielle; mais comme ils se contredisent dans les points essentiels, ils montrent qu’ils n’ont pas une science infaillible et une connaissance irréfutable.
Tout ce qu’ils ont enseigné de bien nous appartient, à nous chrétiens. Car après dieu nous adorons et nous aimons le Verbe né du Dieu éternel et ineffable, puisqu’il s’est fait homme pour nous, afin de nous guérir de nos maux en prenant part. Les écrivains ont pu voir indistinctement la vérité, grâce à la semence du Verbe qui a été déposée en eux. Mais autre chose est de posséder une semence et une ressemblance proportionnée à ses facultés, autre chose l’objet même dont la participation et l’imitation procèdent de la grâce qui vient de lui.” (Justin, Deuxième Apologie 13,2-6)

 
Buste de Platon


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Justin critique les philosophies antiques
“Dans cette situation donc, je résolus de me rassasier de solitude et de fuir les pas des hommes. Le silence et la solitude sont recommandés par Platon à qui veut atteindre Dieu...”

“Ceux qu’on appelle les philosophes naturalistes disent que l’univers est fait soit de matière et d’un dieu, tel Platon, soit d’atomes et de vide, tel Epicure, soit de quatre éléments -terre, eau, air, feu-, tels les stoïciens. Ils suffit de rappeler les doctrines principales.
Selon Platon, tout a été créé par Dieu à partir de la matière et selon son projet. Epicure et ses disciples pensent quant à eux que c’est à partir des atomes et du vide, selon un mouvement spontané du cours naturel des corps. Pour les stoïciens, l’univers est formé des quatre éléments, et Dieu se trouve répandu en eux.
Malgré cette diversité des doctrines, il y a cependant des dogmes communs à toutes: le premier consiste à dire que rien ne vient du néant, que rien ne peut y retourner et s’y perdre; le second, qu’il existe des éléments incorruptibles à partir desquels se produit la création de toute chose. Cela étant, chez tous ces penseurs la renaissance de la chair est évidemment possible.

Le Platonisme:
En effet, s’il y a, selon Platon, la matière et Dieu, tous deux sont incorruptibles. Dieu joue le rôle d’un artisan, par exemple un statuaire; la matière joue le rôle de glaise, de cire, ou tout autre matériau analogue. Ce qui provient de la matière est donc comme un modelage corruptible, une statue ou une image; mais la matière proprement dite est incorruptible, comme la glaise, la cire ou tout autre aspect de la matière. Ainsi le statuaire façonne la cire ou la glaise et en tire la forme d’un être vivant. A rebours, si le modelage se trouve détruit, il ne lui est pas impossible, en malaxant et en régénérant la même matière, de refaire un modelage identique. De la même façon, selon Platon, il ne sera pas non plus impossible à Dieu, qui est incorruptible et qui se sert d’une matière également incorruptible, quand le modelage tiré d’elle est détruit, de la régénérer et de refaire le modelage tel qu’il était avant.

Le Stoïcisme:
Chez les Stoïciens, pour qui le corps est formé d’une combinaison de quatre éléments, qui eux demeurent incorruptibles. Il est alors possible à ces quatre éléments de recevoir du Dieu qui y est répandu le pouvoir de se mélanger, de se combiner d’une façon identique et de reformer un corps identique. C’est comme lorsqu’on fait un alliage d’or, d’argent, de cuivre et d’étain et qu’on veut le redécomposer pour isoler chaque métal; si on mélange de nouveau les mêmes proportions, on obtiendra un alliage identique.

L’Epicurisme:
Selon Epicure, les atomes et le vide étant incorruptibles, de telle ou telle disposition, de tel ou tel ordre des atomes naissent divers composés, et notamment le corps; détruit avec le temps, il se redécompose en atomes, ces atomes dont il était formé. Comme ils sont incorruptibles, il ne leur est pas impossible, s’ils se réunissent et reprennent le même ordre, la même disposition, de reformer le même corps qu’avant.
C’est comme un mosaïste qui, avec ses petit cubes, dessine l’image d’un être vivant, puis, quand le temps ou lui-même auront détruit son oeuvre, rassemblera ces mêmes cubes: il ne lui sera pas impossible, après les avoir rassemblés et disposés de la même façon, de refaire le même motif d’être vivant.
Eh bien! Le mosaïste, avec ses cubes, ne sera pas incapable de les rassembler, de les disposer et de refaire le même motif d’être vivant, tandis que Dieu, lui, ne sera pas capable de rassembler les éléments épars de la chair pour refaire un corps tel qu’il l’avait fait auparavant?
Ainsi, j’ai suffisamment démontré contre les Gentils la possibilité de la résurrection de la chair. Si l’on découvre chez les incroyants que la résurrection de la chair n’est pas impossible, à plus forte raison chez les croyants!
Il me faut à présent réfuter ceux qui vilipendent la chair sous prétexte qu’elle ne mériterait ni la résurrection ni la cité céleste; d’abord parce que son essence est la terre; ensuite parce que, pourrie de péché, elle entraîne l’âme aussi à pécher avec elle.
Ainsi, quand nous considérons les raisonnements “mondains” et qu’à travers eux nous trouvons qu’il n’est pas impossible à la chair de renaître, quand, de surcroît, à travers tout l’Evangile nous voyons le Sauveur nous montrer le salut de notre chair, pourquoi supporter plus longtemps les argument sans foi et insidieux? Pourquoi régresser -pauvres inconscients que nous sommes! - en écoutant ceux qui prétendent que, si l’âme est immortelle, le corps est mortel et ne peut plus revivre?
Car ces arguments, bien avant d’avoir connu la vérité, nous les avons entendus, chez Pythagore et Platon. Or si le Sauveur entendait apporter le même message, n’annonçait la vie éternelle que pour l’âme, que nous apporterait-il de neuf, par rapport à Pythagore, Platon et autres?
En réalité il est venu apporter aux hommes une espérance nouvelle, extraordinaire. N’était-ce pas extraordinaire, nouveau, que dieu promette non pas de conserver l’immortalité à l’immortalité, mais de rendre immortel ce qui était mortel?” (Justin, Traité de la Résurrection, 6.7.10)
“Les stoïciens ont établi en morale un enseignement remarquable -la même chose est parfois arrivée-, car la semence du verbe est innée dans tout le genre humain.
Nos dogmes sont plus augustes que toute doctrine, parce que nous avons tout le Verbe dans le Christ qui a paru pour nous, corps, verbe et âme. Toutes les vérités que les philosophes et les législateurs ont découvertes et exprimées, ils les doivent à ce qu’ils ont trouvé et contemplé partiellement du Verbe. C’est pour n’avoir pas connu tout le Verbe, qui est le Christ, qu’ils se sont souvent contredit eux-mêmes. Ceux qui vécurent avant le Christ, et qui cherchèrent, humainement pour le Verbe, à connaître et à se rendre compte des choses, furent mis en prison comme impies et indiscrets.
Socrate, qui s’y appliqua avec plus d’ardeur que personne, vit porter contre lui les mêmes accusations que nous. On disait qu’il introduisait des divinités nouvelles (Platon, Apologie de Socrate, 24b) et qu’il ne croyait pas aux dieux admis dans la cité. Il chassa de sa république les mauvais démons et les divinités qui commettaient les crimes raconté par les poètes, et aussi Homère et les autres poètes, et il en détournait les hommes, et les exhortait à chercher à connaître par la raison le Dieu qu’ils ignoraient. “Il n’est pas facile, disait-il, de trouver le Père et le Créateur de l’univers et, quand on l’a trouvé, il n’est pas sûr de le révéler à tous” (Platon, Timée, 28c). C’est ce qu’a fait notre Christ, par sa propre puissance.
Socrate ne put persuader personne de mourir pour ce qu’il enseignait. Mais le Christ, que Socrate connut en partie (car il était le Verbe présent en tout, il a prédit l’avenir par les prophètes et prit personnellement notre nature pour nous enseigner ces choses), le Christ a persuadé non seulement des philosophes et des lettrés, mais même des artisans et des ignorants, qui méprisèrent pour lui et l’opinion et la crainte et la mort; car il est la vertu du Père ineffable et non une production de la raison humaine.” (Justin, Deuxième Apologie 8-13)

 
Promenade au Pincio


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Buste de Socrate

Musée du Capitole

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Adhésion de Justin à la doctrine des prophètes
Justin, Dialogue avec Tryphon, 7

“A quel maître, dis-je, peut-on donc recourir et où trouver aide, si même ces grands hommes n’ont pas la vérité?
-Des hommes ont existé, il y a longtemps, qui furent ces grands hommes plus anciens que tous ces prétendus philosophes, des hommes heureux, justes et chers à Dieu, qui parlaient par l’Esprit Saint, et rendaient sur l’avenir des oracles maintenant accomplis: on les appelle les prophètes. Seuls ils ont vu et annoncé aux hommes la vérité, sans égard ni crainte de personne; ils n’obéissaient pas au désir de la gloire, mais ils ne disaient que ce qu’ils avaient entendu et vu, remplis de l’esprit Saint. Leurs écrits subsistent encore: ceux qui les lisent peuvent, s’ils ont foi en eux, en tirer grand profit, tant sur les principes que sur la fin, sur tout ce que doit connaître le philosophe. Ce n’est pas sous forme de démonstration qu’ils ont parlé: au-dessus de toute démonstration, ils étaient les témoins fidèles de la vérité; les événements passés et présents forcent de croire à leur parole. Les prodiges qu’ils ont accomplis les rendaient dignes de foi, car ils ont glorifié l’Auteur de l’univers, Dieu et Père, et ont annoncé le Christ qui vient de lui, son Fils. Cela, les faux prophètes remplis de l’esprit d’erreur et d’impureté ne l’ont pas fait, et ils ne le font pas maintenant; au contraire, ils ont eu l’audace de faire des prodiges pour frapper les hommes de stupeur, et ils glorifient les esprits d’erreur et les démons. Et toi, avant tout, prie, pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, car personne ne peut voir ni comprendre, si Dieu et son Christ ne lui donnent de comprendre.”
 
Centre du sarcophage de Ste-Marie-Antique


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Premier récit de la liturgie eucharistique
Justin, La Grande Apologie, 65-67

“Quant à nous, après avoir lavé celui qui croit et s’est adjoint à nous, nous le conduisons dans le lieu où sont assemblés ceux que nous appelons nos frères. Nous faisons avec ferveur des prières communes pour nous, pour l’illuminé, pour tous les autres, en quelque lieu qu’ils soient, afin d’obtenir, avec la connaissance de la vérité, la grâce de pratiquer la vertu et de garder les commandements, et de mériter ainsi le salut éternel. Quand les prières sont terminées, nous nous donnons le baiser de paix.
Ensuite, on apporte à celui qui préside l’assemblée des frères du pain et une coupe d’eau et de vin trempé. Il les prend et loue et glorifie le Père de l’univers par le nom du Fils et du Saint-Esprit, puis il fait une longue eucharistie (action de grâce) pour tous les biens que nous avons reçus de lui. Quand il a terminé les prières et l’eucharistie, tout le peuple présent pousse l’exclamation: Amen. Amen est un mot hébreu qui signifie: ainsi soit-il.
Lorsque celui qui préside a fait l’eucharistie, et que tout le peuple a répondu, ceux que nous appelons diacres distribuent à tous les assistants le pain, le vin et l’eau consacrés, et ils en portent aux absents.
Nous appelons cet aliment Eucharistie, et personne ne peut y prendre part, s’il ne croit à la vérité de notre doctrine, s’il n’a reçu le bain pour la rémission des péchés et la régénération, et s’il ne vit selon les préceptes du Christ. Car nous ne prenons pas cet aliment comme un pain commun et une boisson commune. De même que par la vertu du Verbe de Dieu, Jésus-Christ notre sauveur consacré par la prière formée des paroles du Christ, cet aliment qui doit nourrir par assimilation notre sang et nos chairs, est la chair et le sang de Jésus incarné: telle est notre doctrine.
Les apôtres, dans leurs Mémoriaux qu’on appelle Evangiles, nous rapportent que Jésus leur fit ces recommandations: il prit du pain, et ayant rendu grâces, il leur dit: “Faites ceci en mémoire de moi: ceci est mon corps.” Il prit de même le calice, et ayant rendu grâces, il leur dit: “Ceci est mon sang” (Lc 22,19-20). Et il les leur donna à eux seuls. (...)
Après cela, dans la suite, nous continuons à nous rappeler le souvenir de ces choses. Ceux qui ont du bien viennent en aide à tous ceux qui ont besoin, et nous nous prêtons mutuellement assistance. Dans toutes nos offrandes, nous bénissons le Créateur de l’univers par son fils Jésus-Christ et par l’Esprit-Saint. Le jour qu’on appelle le jour du soleil, tous, qu’ils habitent les villes et les campagnes, se réunissent dans un même lieu. On lit les Mémoriaux des apôtres et les écrits des prophètes autant que le temps le permet. La lecture finie, celui qui préside prend la parole pour avertir et exhorter à imiter ces beaux enseignements. Ensuite nous nous levons tous et nous prions ensemble à haute voix. Puis, comme nous l’avons déjà dit, lorsque la prière est terminée, on apporte du pain et avec du vin et de l’eau. Celui qui préside fait monter au ciel les prières et les actions de grâces autant qu’il a de force, et tout le peuple répond par l’acclamation Amen.
Puis a lieu la distribution et le partage des aliments consacrés à chacun et l’on envoie leur part aux absents par le ministère des diacres. Ceux qui sont dans l’abondance, et qui veulent donner, donnent librement chacun ce qu’il veut. Ce qui est recueilli est remis entre les mains du président, et il assiste les orphelins, les veuves, les malades, les indigents, les prisonniers, les hôtes étrangers, en un mot, il secourt tous ceux qui sont dans le besoin.
Nous nous assemblons tous le jour du soleil, parce que c’est le premier jour, où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde, et que, ce même jour, Jésus-Christ notre Sauveur ressuscita des morts. La veille du jour de Saturne, il fut crucifié, et le lendemain de ce jour, c’est-à-dire le jour du soleil, il apparut à ses apôtres et à ses disciples et leur enseigna cette doctrine, que nous avons soumise à votre examen.”
 
Banquet céleste

Cimetière de Calliste

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Le martyre de saint Justin
Le martyre de Justin et ses compagnons:
“On arrêta donc ensemble les saints. On les conduisit au préfet de Rome, Rusticus. Quand ils furent devant le tribunal, le préfet Rusticus dit à Justin: “D’abord soumets-toi aux dieux et obéis aux Empereurs.”
Justin: Personne ne peut être blâmé ou condamné pour avoir obéi aux commandements de notre Sauveur, Jésus-Christ.
Le préfet Rusticus: A quelle science te consacres-tu?
- J’ai successivement étudié toutes les sciences. J’ai fini par m’attacher à la doctrine vraie des chrétiens, bien qu’elle déplaise à ceux que l’erreur égare.
- Et cette science-là te plaît, malheureux?
- Oui; car je m’attache à la doctrine véritable, en suivant les chrétiens.
- Quelle est cette doctrine?
- Nous adorons le Dieu des chrétiens; ce Dieu, nous croyons qu’il est unique, que dès l’origine il est le créateur et le démiurge de tout l’univers, des choses visibles et invisibles. Nous croyons que Jésus-Christ, l’enfant de Dieu est Seigneur; annoncé par les prophètes comme devant assister la race des hommes, messager du salut et maître du beau savoir, moi qui ne suis qu’un homme, je suis trop petit, je l’avoue, pour parler dignement de sa divinité infinie; je reconnais qu’il y faut une puissance de prophète. Mais les prédiction existent qui concernent celui que j’ai dit le Fils de Dieu. Or les prophètes étaient inspirés d’en-haut, quand ils ont annoncé sa venue parmi les hommes.
Le préfet Rusticus demanda: “Où vous réunissez-vous?”
- Où chacun veut et peut le faire. Crois-tu donc que nous nous assemblons dans un même endroit? Non point: le Dieu des chrétiens n’est pas prisonnier d’un lieu. Il est invisible, il remplit le ciel et la terre; partout il est adoré et glorifié par les fidèles.
- Réponds-moi donc: Où vous réunissez-vous? Où rassembles-tu tes disciples?
- Je demeure au-dessus d’un certain Martin, près du bain de Timothée. J’y reste de toujours, depuis que pour la deuxième fois, j’habite à Rome. Je ne connais pas d’autre lieu de réunion. Tous ceux qui ont voulu m’y trouver, je leur ai communiqué la doctrine de la vérité.
- Tu es donc chrétien?
- Oui, je suis chrétien.
...Le préfet revint à Justin: “Ecoute-moi, toi qu’on dit éloquent et qui crois posséder la doctrine véritable. Si tu es fouetté, puis décapité, es-tu convaincu qu’après tu monteras au ciel?”
Justin: J’espère que j’y aurai ma demeure, si je supporte tout cela. Et je sais que la récompense divine est réservée, jusqu’à la consommation de l’univers entier, à tous ceux qui auront vécu de la sorte.
Rusticus: Tu t’imagines donc que tu monteras au ciel pour recevoir des récompenses?
Justin: Je ne l’imagines pas, j’en suis convaincu, j’en ai la certitude.
Rusticus: Au fait. Arrivons à la chose qu’on vous demande et qui presse: Approchez et, tous ensemble, sacrifiez aux dieux.
Justin: Personne, à moins de perdre la raison, n’abandonne la piété pour l’impiété.
Rusticus: Si vous n’obéissez pas, vous serez châtiés sans pitié.
Justin: C’est là notre désir le plus cher: souffrir pour notre Seigneur Jésus-Christ, afin d’être sauvés. Ce sera notre salut et notre sécurité devant le tribunal plus redoutable de notre Maître et Sauveur, où le monde entier passera.
Les autres martyrs s’écrièrent de même: “Fais ce que tu veux. Nous sommes chrétiens et nous ne sacrifions pas à des idoles.”
Alors le préfet Rusticus rendit la sentence: “Que ceux qui n’ont pas voulu sacrifier aux dieux et obéir aux ordres de l’Empereur soient fouettés et emmenés pour subir la peine capitale, conformément aux lois.”
Les saints martyrs glorifièrent Dieu, puis furent conduits au lieu ordinaire des exécutions. Là, ils furent décapités, consommant ainsi le martyre dans la confession de notre Sauveur.
Quelques fidèles enlevèrent secrètement leurs corps et les déposèrent dans un lieu convenable soutenus par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles! Amen.” (Actes du martyre de Justin et ses compagnons, dans Les premier martyrs de l’Eglise, coll. Les Pères dans la foi, ed. Desclée De Brouwer)
 
Trois Hébreux dans la Fournaise

Cimetière de Priscille

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Clément d’Alexandrie
Le Pédagogue III , 1,1.5. 2,1, IIe siècle

“Il semble donc bien que la plus grande de toutes les connaissances soit la connaissance de soi-même; car celui qui se connaît lui-même aura la connaissance de Dieu et, ayant cette connaissance, sera rendu semblable à Dieu: sans vêtement brodé d’or ni robe tombant jusqu’aux pieds, il fait le bien, et il a aussi peu de besoins que possible; or, seul Dieu est sans besoin et il se réjouit lorsqu’il nous voit surtout purs et ornés de la beauté intérieure, mais aussi revêtus de la beauté du corps, de cette robe sainte qu’est la chasteté.
Mais l’homme tel que nous l’avons défini plus haut, en qui habite le Logos, ne prend pas toutes sortes d’apparences diverses, il garde la forme du Logos, il prend la ressemblance de Dieu, il est beau, il n’est pas embelli. Il y a une beauté qui est la vraie: c’est Dieu; et cet homme-là devient Dieu, parce que Dieu le veut.
Héraclite a donc eu raison de le dire: “Les dieux sont des hommes et les hommes des dieux. C’est en effet le même Logos.” Mystère manifeste: Dieu est dans l’homme, et l’homme est Dieu, et le médiateur accomplit la volonté du Père; car le Logos, commun à l’un et à l’autre, est médiateur, à la fois fils de Dieu et sauveur des hommes, serviteur de Dieu et notre pédagogue.”
IIe Epître aux Corinthiens 13,5: “Examinez-vous vous-mêmes pour voir si vous êtes dans la foi. Eprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous? A moins peut-être que l’épreuve ne tourne contre vous.”
 


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Augustin “De Trinitate”
Quant à ce qui suit: “Et le Verbe était en Dieu”, il y a de fortes raisons de l’entendre ainsi: “Le Verbe” - et le Fils seul est Verbe - était en Dieu” - et le Père n’est pas le seul qui soit Dieu, - mais le Père et le Fils sont Dieu ensemble. Et comment s’étonner de cela, quand le même raisonnement peut s’appliquer à des choses de nature différente? Quoi de plus différent, par exemple, que l’‚me et le corps? On peut dire cependant: L’âme était chez l’homme, c’est-à-dire dans l’homme, bien que l’‚me ne soit pas corps et que l’homme soit tout à la fois ‚me et corps. Ce qui se lit ensuite: “Et le Verbe était Dieu”, doit s’entendre ainsi: Le Verbe, qui n’est pas le Père, était Dieu avec le Père. Dirons-nous donc que le PËre engendre sa grandeur, c’est-à-dire engendre sa vertu ou engendre sa sagesse; que le Fils est grandeur, vertu et sagesse, mais que les deux ensemble sont le Dieu grand, tout-puissant, sage? Mais alors comment expliquerons-nous: “Dieu de Dieu, lumière de lumière?” Car le Père et le Fils ne sont pas tous deux Dieu de Dieu, le Fils seul est Dieu de Dieu, du Père; tous deux ne sont pas non plus lumière de lumière, mais le fils seul, engendré du Père qui est lumière, ne pourrait-on pas dire que pour indiquer brièvement et bien faire comprendre que le Fils est coéternel au Père, on a employé ces expressions: “Dieu de Dieu et lumière de lumière”, au lieu de celles-ci: ce que le Fils n’est pas sans le Père, vient de ce que le Père n’est pas sans le Fils, c’est-à-dire: Lumière qui n’est pas lumière sans le Père vient de lumière qui est le Père, lequel ne serait pas lumière sans le Fils; afin que quand on dit: Dieu - ce que le Fils n’est pas sans le Père, - de Dieu - ce que le Père n’est pas sans le Fils - il soit parfaitement entendu que celui qui engendre n’est point antérieur à celui qui est engendré. Cela posé, le seul cas où l’expression est exclusivement applicable à l’un d’eux, c’est quand ils ne sont pas tous les deux la chose que cette expression désigne. Ainsi on ne peut dire Verbe de Verbe, parce que tous les deux ne sont pas Verbe, mais le fils seulement; ni image d’image, parce qu’ils ne sont pas tous les deux image; ni: Fils de Fils, parce qu’ils ne sont pas fils tous les deux, d’après cette parole: “Moi et mon Père nous sommes un”. En effet: “Nous sommes un” signifie: Ce qu’est mon Père quant à l’essence, je le suis aussi, mais non ce qu’il est au point de vue relatif.” (Augustin, De la Trinité, 6,2,3)
“Au surplus, dans cette souveraine Trinité qui est Dieu, il n’y a aucun intervalle de temps, qui permette de croire ou au moins de demander, si le Fils est d’abord né du Père, et si c’est postérieurement que le Saint-Esprit a procédé des deux. Car celui dont l’Apôtre a dit: “Parce que vous êtes enfants, Dieu a envoyé dans vos coeurs l’Esprit de son Fils”, est le même que celui dont le Fils a dit: “Car ce n’est pas vous qui parlez, mais “l’Esprit de votre Père qui parle en vous”. Beaucoup d’autres témoignages des divines Ecritures prouvent que celui qu’on appelle proprement Esprit-Saint dan la Trinité, est l’Esprit du Père et du Fils; celui dont le Fils lui-même a dit: “Celui que je vous enverrai du Père”; et ailleurs: “Celui que mon Père enverra en mon nom”. Ce qui prouve qu’il procède des deux, c’est que le Fils lui-même a dit: “Il procède du Père”; puis après sa résurrection d’entre les morts, apparaissant à ses disciples, il souffla sur eux et leur dit: “Recevez le Saint-Esprit”, pour faire voir qu’il procède aussi de lui. Et c’est là cette “vertu” qui “sortait de lui”, comme on le voit dans l’Evangile, “et les guérissait tous”” (Augustin, De la Trinité, 15,26,45)
 
Fresque du deuxième concile de Constantinople

Salle Sixtine

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Madeleine Delbrêl, missionnaire à “Ivry, ville marxiste”
“Ivry, ville marxiste”

“Nous sommes des gens qui faisons profession de foi, comme d’autres de boulanger ou de médecin. Nous sommes là, non pour donner la foi - elle est le don de Dieu - mais pour ‘l’exploiter’ en nous, manifester le contenu de son message, tracer des chemins qu’elle puisse prendre. Etre au service de son jaillissement, c’est notre travail. (...)
Nous n’avons pas à expliquer les choses de la foi avec la logique de la raison; mais avec notre raison nous devons pouvoir dire comment il faut vivre, agir, penser, pour rester dans la logique de la foi.
La foi nous permet de connaître et d’aimer Dieu assez pour qu’il en ait de la gloire. Elle nous lie à lui, vivante dans notre vie, elle nous révèle tout ce qui est lien vital de Dieu à nous.
Conformer sa vie à la foi, ce n’est pas seulement meubler son esprit. Croire, c’est devenir autre, pas un autre, mais autre. (...)àl La présence de l’athéisme est devenue pour nous l’occasion d’un ardent retour à vivre pratiquement notre vie de foi, à prendre cette foi pour ce qu’elle est: la possibilité inouïe de connaître Dieu qui existe et d’aimer Dieu qui nous aime.”
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
L’université Grégorienne
Histoire : 
La longue recherche des philosophes
La réponse de l’Eglise
Sens actuel : 
L’enjeu intellectuel: la prise en compte de l’actualité
Signes de la foi : 
Sources de la foi
L’expression de la foi