Le chemin des Cathédrales / Eglise /Les martyrs

 
 
 Les martyrs
Le culte des martyrs n’est pas une superstition, puisqu’il se réfère directement au Christ qui leur a fait la grâce de lui être fidèles, comme le démontre le décor de la châsse de l’abbé Nantelme.
 
Description de l’image :
 
Châsse de l’abbé Nantelme
En un temps où on rapportait les reliques des martyrs dans le chœur des églises, Nantelme, abbé de St-Maurice, choisit de rapprocher les restes de saint Maurice de l’autel de la basilique. En 1225, il commanda une châsse et en précisa le décor met en parallèle les représentations de la vie du Christ aux scènes de la vie des martyrs honorés à St-Maurice:
- la décapitation de saint Maurice, ordonnée par Maximien, correspond à la scène de la Nativité.
- l’offrande de leur vie par ses compagnons et les fils de saint Sigismond répond au “fiat” de la Vierge à l’Annonciation. Les soldats acceptent la mort et elle accepte d’être la mère du Messie dont le prophétie ont annoncé la passion.
- la glorification de saint Maurice est parallèle à celle du Christ sur la croix et sur le trône de gloire.
- les deux attitudes des rois s’opposent: Maximien, le persécuteur, porte sa couronne avec arrogance, tandis que saint Sigismond, fondateur de l’Abbaye, offre la sienne dans un geste d’offrande comparable à celui de “rois” mages.
Ces épisodes donnent un sens inattendu au supplice des martyrs en rapprochant leur sacrifice de l’abaissement que le Fils de Dieu a choisi pour nous introduire dans la compagnie de Dieu: le Seigneur avait accepté l’abaissement de notre condition pour faire renaître notre humanité à la vie nouvelle et les martyrs acceptant de mourir renaissent à la vie nouvelle. “Tandis que par le glaive Maurice est sacrifié, en échange de la mort la vie lui est donnée.”
C’est justement la glorification de Maurice assis sur un trône, entouré de Sigismond et de ses fils, qui fait face à la méditation sur la crucifixion, figurée sur le toit de la châsse. Ce ne sont plus des saints, mais l’Eglise elle-même et la Synagogue qui entourent la crucifixion. La passion n’est pas représentée comme un supplice, puisque la croix est pattée, donc glorieuse, d’autant plus que l’étroit support qui servait à clouer les pieds du condamné est élargi comme l’escabeau que l’artiste a placé sous les pieds du Christ trônant dans la gloire sur le petit côté de la châsse. Ce symbole de la royauté était commun aux princes de l’antiquité biblique et le psalmiste annonce la seigneurie du Christ par ces mots: “Il a fait de ses ennemis le marchepied de son trône” (psaume 110, 1). Le soleil, antique symbole de la divinité, et la lune, éclairée par lui, entourent la croix. Ce sont des signes de puissance valables pour toutes les religions: ces astres commandent simultanément l’expérience de la nuit et du jour qui lui succèdent, donc ils sont symboles du temps. De plus ils éclairent et réchauffent la terre en en commandant les marées, autrement dit, ils conditionnent la possibilité de vivre sur la terre. Leur association sur la même image dit la puissance et l’omniprésence de l’action qui est décrite entre eux, l’effigie impériale, qu’elle soit romaine ou chinoise, l’arbre signe de la vie de la communauté ou la croix. Ici, ils affirment que l’essentiel de la foi se joue devant le crucifix suprême révélation de l’amour de Dieu. La lune éclairée par le soleil évoque l’acte de foi de l’Eglise, mais face à celle-ci se tient la Synagogue qui est libre de refuser de reconnaître le Fils de Dieu dans le supplicié du Calvaire.
Ce paradoxe de la manifestation de la puissance divine dans la faiblesse est attesté sur cette châsse par les deux symboles des évangélistes qui surplombent les petits côtés de la châsse. Un aigle, emblème de saint Jean, domine la Vierge à l’enfant pour annoncer que celui-ci est vraiment le Fils de Dieu, tandis qu’un ange tend un labelle au dessus du Christ glorieux pour dire sa victoire sur les forces du mal, annoncée par les Ecritures.
 
Saint Maurice dans la mandorle
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Châsse de l’abbé Nantelme, 1225

Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Inscription avec date, détail.
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Décapitation de saint Maurice
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
La nativité
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
La Crucifixion
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Saint Maurice sur le trône de gloire
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
L’Annonciation
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Les compagnons de Maurice
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Mages suivant l’étoile
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
L’empereur Maximien
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Le roi Sigismond offre sa couronne
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Ecclesia
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Les fils de saint Sigismond
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
La vierge avec l’enfant sur le petit côté de la châsse
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Christ en gloire sur le petit côté de la châsse
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Ange avec libelle
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]
Aigle représentant saint Jean
châsse de l’abbé Nantelme, 1225
Trésor de l’abbaye de St-Maurice

[ St-Maurice, Suisse ]


haut de la page

 
  Documents associés : 
Lieu : 
Trésor de l’abbaye de St-Maurice
Histoire : 
La décimation de la Légion Thébaine
Présupposés théologiques : 
Les martyrs ne sont pas des surhommes, mais des images du Christ
Symboles : 
Les événements de la vie des martyrs chrétiens sont image de ceux de la vie du Christ.
Citations : 
Actes des martyrs, Patrologie Orientale, Tome 1, ch.8.
Saint Eucher