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 Théologie de la lumière - Les trois rosaces de la cathédrale de Paris
Non seulement Dieu est lumière, mais il veut être lumineux pour ceux qui le cherchent dans leur expérience quotidienne.
 

Description de l’image :Les trois rosaces: la rosace nord
La Rosace ouest
La Rosace Sud


 
Les trois rosaces: la rosace nord
Avec la rosace sud, la rosace nord éclaire la célébration de la messe aujourd’hui comme lors de la construction de Notre-Dame car on situe le premier autel au devant du chœur. La correspondance de ces deux fleurs jumelles articule les deux autres perceptions du temps que la liturgie unit en un seul instant puisqu’elle commémore le passé et permet aux fidèles de participer déjà à l’éternité. A l’autel, le prêtre “fait mémoire” de l’accomplissement de l’Alliance entre Dieu et son peuple lors de la Passion et de la Résurrection du Christ et annonce son retour glorieux dans l’avenir.
La lumière plus froide de la baie placée au nord donne tout leur éclat aux dominantes bleues qu’elle traverse et évoque les lentes étapes qui ont préparé la venue du Messie, “la Lumière du monde qui se lève sur ceux qui sont assis à l’ombre des ténèbres de la mort”. Le génie de l’architecte a dressé la rosace avec un décalage de son axe à peine perceptible qui donne l’impression qu’elle “tourne”. Viollet-le-Duc attribuait sa vocation à cette vision du mouvement de la rosace un jour que son père l’emmenait à Notre-Dame et qu’il s’était écrié : “Regarde, papa, elle tourne.”
La ligne irréversible de l’histoire s’enroule sur elle-même comme les pétales de la fleur et dessine un collier dont les perles seraient les personnages de l’Histoire Sainte égrenés jusqu’à Celui qu’ils attendaient. Les médaillons des prophètes sont placés au plus près de l’Enfant assis sur les genoux de sa mère, car ce sont eux qui conduisent jusqu’à Lui les patriarches et les rois. Les différentes restaurations qui sont intervenues depuis huit cents ans ont pu inévitablement en intervertir l’ordre.
La dévotion médiévale à la Vierge a été source de nombreux poèmes en son honneur:
“Rose à qui neige ou gelée
Ne change point la couleur,
Dans la haute mer salée,
Vive source de douceur,
Très claire en noirceur,
Joie dans le malheur,
En flamme rosée.
Fleur de beauté recherchée,
Fleur de très rare couleur,
Château dont resta fermée
La porte, sauf au Seigneur,
Santé en langueur,
Repos en labeur,
Et paix en mêlée.” (Chanoine Gauthier de Coincy, XIIIe s.)

La Rosace ouest
Cette rosace éclaire la nef des fidèles et prend en compte leur vie quotidienne. La perception rurale de la durée cyclique des saisons est lourde de la monotonie des jours, plus encore celle du travail citadin que chantait déjà Chrétien de Troyes:
“Toujours draps de soies tisserons
Et n’en serons pas mieux vêtues
Toujours serons pauvres et nues
Et toujours faim et soif aurons;
Jamais tant gagner ne saurons
Que mieux en ayons à manger.” (“La complainte des tisserandes” dans “ Le chevalier au lion ”, fin du XII°siècle)
Et pourtant l’Eglise, qui élabore à cette époque une véritable théologie du travail, fait représenter les métiers dans les médaillons de cette rosace en même temps que les signes du zodiaque qui mesuraient alors les périodes de l’année. C’est qu’au cœur de la rose la Vierge Marie présente l’enfant Jésus, l’Emmanuel, “Dieu avec nous”. Et cela change tout parce que les tisserandes, comme les princesses, sont plus que des créatures, elles sont enfants de Dieu, adoptées par Lui dans le Christ qui s’est fait leur Frère. C’est justement cette dignité de l’homme qui autorise les théologiens à reconnaître au travail la dignité d’être une participation à l’œuvre de la Création. Les vertus et les vices montrent l’exigence morale d’une telle responsabilité.

 
La rosace nord

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
La Vierge
rosace nord
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Abacuc et Elie
rosace nord
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
 

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Le symbole de la rose

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La Rosace ouest
Cette rosace éclaire la nef des fidèles et prend en compte leur vie quotidienne. La perception rurale de la durée cyclique des saisons est lourde de la monotonie des jours, plus encore celle du travail citadin que chantait déjà Chrétien de Troyes:
“Toujours draps de soies tisserons
Et n’en serons pas mieux vêtues
Toujours serons pauvres et nues
Et toujours faim et soif aurons;
Jamais tant gagner ne saurons
Que mieux en ayons à manger.” (“La complainte des tisserandes” dans “ Le chevalier au lion ”, fin du XIIe siècle)
Et pourtant l’Eglise, qui élabore à cette époque une véritable théologie du travail, fait représenter les métiers dans les médaillons de cette rosace en même temps que les signes du zodiaque qui mesuraient alors les périodes de l’année. C’est qu’au cœur de la rose la Vierge Marie présente l’enfant Jésus, l’Emmanuel, “Dieu avec nous”. Et cela change tout parce que les tisserandes, comme les princesses, sont plus que des créatures, elles sont enfants de Dieu, adoptées par Lui dans le Christ qui s’est fait leur Frère. C’est justement cette dignité de l’homme qui autorise les théologiens à reconnaître au travail la dignité d’être une participation à l’œuvre de la Création. Les vertus et les vices montrent l’exigence morale d’une telle responsabilité.
 
La rosace ouest

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Vierge mère au centre de la rosace
façade ouest
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Le mois d’avril
rosace ouest
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Le signe zodiacal de la Vierge
rosace ouest
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]

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La Rosace Sud
La rosace sud éclaire aussi la célébration de l’Eucharistie, mais comme participation à la louange du ciel. Avant d’attendre le retour régulier des vacances, avant d’attendre plus tard l’accomplissement des projets, la première perception de la durée c’est l’instantanéité de la relation. “Pourquoi il n’y aurait pas des matins qui n’auraient pas de soir?” demande l’enfant qui hésite à se coucher alors qu’il est blotti sur les genoux de sa mère. Ce sentiment instinctif de l’homme que la réalité profonde de la vie tend à dépasser l’effritement des instants est comme un pressentiment de l’éternité. Celle ci ne s’étire pas dans la suite des événements comme l’histoire, elle existe si intensément qu’elle échappe à la succession des moments passagers.
La liturgie donne aux fidèles de prendre part dès cette terre à la louange des saints et des anges au Ciel parce que la célébration eucharistique est signe de la mort et de la résurrection de Jésus. Cet acte a comme perforé la durée des vies humaines en y introduisant le pardon et la recréation des cœurs. Les relations entre personnes peuvent bien être grevées par la jalousie, la rancœur, la haine, voilà qu’à cause de la victoire du Christ sur toutes les formes de mort, “les cœurs de pierre peuvent se changer en cœurs de chair” (Ez.34,26) et associer les humains à la joie du Paradis.
Au cœur de cette rosace dont les teintes rouges sont magnifiées par le soleil de midi, la représentation du Christ Juge explique la joie du Ciel: l’épée qui sort de la bouche du Sauveur montre que sa parole sépare l’erreur de la vérité. Mais “la vérité rend libre” aussi des étoiles brillent au cœur des plaies dans les mains qui ont été clouées le Vendredi Saint, tandis que les lampes du temple sont allumées autour du Seigneur qui trône au milieu des apôtres et des saints. Au bord de la Rose, des anges enfants tiennent les mêmes chandeliers et les mêmes encensoirs que ceux des enfants de chœur à l’autel. Que ce soit des gamins ou des anges, ils prennent tous part à la même liturgie.
 
Extérieur de la Rosace sud

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Ensemble de la rosace sud

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Le Christ aux limbes, écoinçon de la rosace sud

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Adam et Eve aux limbes, écoinçon de la rosace sud

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Le Christ de l’Apocalypse, coeur de la rosace sud

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Le Christ de l’Apocalypse, détail, coeur de la rosace sud

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Saint Potin
rosace sud
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Sainte Blandine
rosace sud
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Saint Denis
rosace sud
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Saint Maurice
rosace sud
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Un Ange
rosace sud
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Ange avec chandelier
rosace sud
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Ange avec encensoir

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
Ange portant les couronnes des martyrs
rosace sud
Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]

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  Documents associés : 
Lieu : 
Notre-Dame de Paris
Histoire : 
L’évolution de la couleur dans l’architecture des églises
Présupposés théologiques : 
L’omniprésence du Christ à l’histoire humaine
Experience humaine : 
Les trois temps de la durée humaine: le temps cyclique, le temps irréversible et l’éternité.
Symboles : 
Les différentes perceptions de la durée
Citations : 
Denys l’aréopagite
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), la béatitude consiste-t-elle dans la vision de l’essence divine?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), faut-il admettre l’existence d’un intellect agent?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), l’intellect créé, pour voir l’essence divine, a-t-il besoin d’une lumière créée?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), le bien est-il la seule cause de l’amour?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), commentaire sur les Noms Divins
Chanoine Gauthier de Coincy, XIIIe s
Guillaume de Lorris
Saadi
Sohrawardi 12e siècle
Rûmi
Hadith