Le chemin des Cathédrales / Révélation /La prophétie

 
 
 Prophétie
Si Dieu, au-delà de tout, est accessible à l’homme, comment est-ce possible?
Les savants juifs, musulmans et chrétiens du Moyen Age ont attaché tant d’importance à cette question qu’elle est illustrée dans toutes les cathédrales.
 

Citations :Introduction aux prophéties sur le Messie
Saint Ambroise (339-397 apr.J.-C.), Abraham 1,4,28.
Jérémie, Lamentations 3, 17.21
Denys l’aréopagite
Al-Fârâbi
Introduction aux textes de Thomas, Maïmonide, Averroès
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), l’intelligence est-elle un don de l’Esprit Saint?
Averroès
Maïmonide
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), est-il nécessaire de croire ce que peut atteindre la raison naturelle?
Maïmonide
Al-Ghazali
Al-Ghazali
Emile Mâle
Jean 21, 25 et Coran 31, 26


 
Introduction aux prophéties sur le Messie
Parmi toutes les prophéties d?Isaïe, les artistes médiévaux ont sélectionné celle qui touche à la naissance du Christ, ?une vierge concevra et elle enfantera un fils? (Isaïe 7,14), et l?insertion de celle-ci dans toute l?histoire sainte. C?est pourquoi on développera l?arbre de Jessé, annoncé par Isaïe, ?Il sortira un rejeton de la tige de Jessé? (Isaïe 11, 2) on développera ce thème au vitrail qui représente les ancêtres du Christ jusqu?à la venue de celui-ci.
 


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Saint Ambroise (339-397 apr.J.-C.), Abraham 1,4,28.
Dieu fit alliance avec Abraham. “Abraham est béni 3 fois : la première avec Melchisédek après la victoire remportée sur les rois et Dieu lui dit que sa descendance sera comme les étoiles du ciel; la deuxième après la circoncision et il est appelé Abraham, c’est à dire père d’une multitude; la troisième après le sacrifice d’Isaac et il lui est dit “en Isaac seront bénies toutes les nations de la terre”.
 


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Jérémie, Lamentations 3, 17.21
Les Chrétiens connaissaient bien les autres annonces de la Passion qu?ils lisaient dans le livre d?Isaïe, mais ils ont confié le thème du salut inespéré à un autre symbole du prophétisme: Jérémie. Les Lamentations de Jérémie accompagnaient solennellement la méditation du Vendredi Saint sur la souffrance du Christ, dépeinte à l?avance par ce prophète. Ainsi est-il considéré comme un ?type? du Christ, une figure modèle qui permettra de discerner les traits du Messie quand il apparaîtra, voilà pourquoi en face de ces deux écrivains sacrés, apparaissent des personnages de l?histoire sainte comme Melchisedek, Moïse, David et aussi le dernier des prophètes, Jean-Baptiste.
N?importe quel homme a connu ces moments de profond découragement où même le souvenir du bonheur a disparu, Jérémie, dont la vie a été tragique, raconte tout au long de ses écrits sa propre détresse, celle qui va recouvrir son peuple et s?étendre à toute l?humanité, mais toujours la grâce de Dieu lui fait entrevoir la victoire de l?espérance en la bonté de Dieu. Par là, il est une figure particulièrement émouvante de Jésus condamné à mort, enseveli et ressuscité au matin de Pâques.
?J?ai oublié le bonheur, la paix a déserté mon âme?, mais voici que je rappelle en mon c?ur ce qui fait mon espérance.? (Jérémie, Lamentations 3, 17.21)
 


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Denys l’aréopagite
Oeuvres complètes du pseudo-Denys l’aréopagite, traduction, préface, notes et index de Maurice De Gandillac, éditions Aubier, 1943

§ 1. - [1104 B] Je ne sais, beau Titos, si saint Timothée s’en est allé sans rien entendre des symboles théologiques dont je fus l’exégète. Du moins, dans la Théologie symbolique, lui avons-nous expliqué par le détail toutes ces expressions dont use l’Ecriture pour parler de Dieu et qui paraissent monstrueuses au vulgaire. Pour les âmes non initiées, c’est bien, en effet, une impression de terrible absurdité que produisent nos Anciens quand ils révèlent à travers des énigmes secrètes et audacieuses cette vérité mystique de l’inaccessible Sagesse qui demeure incompréhensible aux profanes. C’est pourquoi la plupart d’entre nous demeurent incrédules devant la révélation scripturaire des divins mystères, car nous ne les contemplons qu’à travers les symboles sensibles dont on les a revêtus.
Mais il faut les en dépouiller et les considérer dans leur nudité pure. En les contemplant de la sorte, nous pourrons vénérer cette Source de vie qui s’épanche en soi-même et qui demeure en soi-même, [1104 C] cette Puissance unique, simple, qui se meut et agit spontanément, qui ne sort pas de soi-même, mais qui constitue en soi la connaissance de toutes les connaissances, car elle ne cesse jamais de se contempler elle-même. Aussi bien avons-nous jugé nécessaire de t’exposer, pour toi et pour d’autres, dans la mesure de nos forces, toute la variété des symboles sacrés par lesquels l’Ecriture représente Dieu. Car si on les considère du dehors, ils paraissent remplis d’une incroyable et fantasmagorique monstruosité.
 


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Al-Fârâbi
La città virtuosa, Biblioteca Universale Rizzoli, Milano, 1996, par Massimo Campanini, pp.199.201

Avviene, dunque, che la potenza immaginativa di una persona possa essere assai perfezionata, e che i dati sensibili provenienti dall’esterno non la occupino e non l’assorbano interamente, né la sottomettano all’(esclusivo) servizio della potenza razionale. [Tale facoltà immaginativa], anzi, possiede ancora, malgrado questi due impegni, capacità tali da svolgere diverse attività che le sono proprie, e il suo stato, nell’espletamento delle funzioni caratteristiche della veglia, è simile a quello che ottiene nel rilassamento del sonno. Quando la potenza immaginativa sa riprodurre la gran parte delle cose che le sono date dall’Intelligenza Agente, partendo dai dati sensibili che le imitano, le cose immaginate ritornano e si imprimono nella potenza sensitiva. Ora, quando queste immagini si imprimono nel senso comune, la potenza visiva ne patisce ricevendone, appunto, in sé l’impressione. Quel che si trova nella potenza visiva si riproduce pure nell’aria luminosa, che connette l’organo visivo con il raggio della visione. Una volta che tali immagini si trovano nell’aria, ritornano e si reimprimono daccapo nella potenza visiva dell’occhio; poi ripercorrono la strada inversa, [ritornando] nel senso comune e nella potenza immaginativa. Poiché tutte queste [facoltà] si trovano unite tra loro, ciò che l’Intelligenza Agente fornisce diviene “visibile” [cioè “intelligibile”] all’uomo.
Quando la potenza immaginativa imita [i dati dell’Intelligenza Agente] utilizzando sensibili d’una bellezza e di una perfezione estreme, coluì che “vede” (cioè “intellige”) ciò, proclamerà la sublime e mirabile maestà di Dio; vedrà cose straordinarie, che non possono assolutamente esistere [in modo analogo] in altrì esseri esistenti. Non è dunque impossibile che l’uomo, la cui potenza immaginativa abbia attinto il livello più alto di perfezione, riceva dall’Intelligenza Agente, durante lo stato di veglia, i particolari presenti e futuri, o i sensibili che ne consentono l’imitazione, insieme alle imitazioni degli intelligibili separati e delle altre nobili realtà [superiori] che egli “vede”. Egli avrà allora, grazie alla ricezione degli intelligibili, la profezia (nubuwwah) delle cose divine. Si tratta del più alto grado di perfezione al quale arrivi la potenza immaginativa, e del più perfetto stadìo attingibile dall’uomo grazie alla potenza immaginativa.
 


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Introduction aux textes de Thomas, Maïmonide, Averroès
La connaissance à laquelle l?homme aspire progresse tout au long d?un patient cheminement dont il espère le bénéfice complet après la mort. Il reconnaît l?aide nécessaire du Créateur pour opérer ce travail de purification. Les Juifs et les Chrétiens de son époque ne refusaient pas cette démarche, mais leur attachement à la Bible leur faisait concevoir le secours de la grâce divine d?une autre manière. Maïmonide insistera sur la lumière surnaturelle donnée par Dieu en réponse à l?effort de l?homme, la tradition chrétienne espère le face à face avec Dieu, fruit de l?incarnation de Dieu dans l?humanité.
 


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Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), l’intelligence est-elle un don de l’Esprit Saint?
Somme théologique, la foi, tome second, IIa-IIae, Le don de l’intelligence, Q. 8, art.1

Réponse:
Le mot d’intelligence implique une certaine connaissance intime: faire acte d’intelligence c’est en effet comme “lire dedans” Et c’est là une chose évidente pour ceux qui voient la différence entre l’intelligence et le sens ; car la connaissance par sensation est tout occupée de ce qui concerne les qualités sensibles extérieures, tandis que la connaissance intellectuelle pénètre jusqu’à l’essence de la réalité.
L’objet de l’intelligence, c’est en effet le “ce que c’est”, comme dit Aristote (Ibid. VI 7 (430 b 27)). Or les choses cachées au-dedans sont de beaucoup de sortes, et il faut que la connaissance de l’homme pénètre pour ainsi dire au-dedans. Car, sous les accidents se cache la nature substantielle des choses, sous les mots se cache ce qui est signifié par les mots, sous les similitudes et les figures se cache la vérité figurée; de même les réalités intelligibles sont en quelque sorte intérieures par rapport aux réalités sensibles qui se font sentir extérieurement, comme dans les causes sont cachés les effets, et inversement. D’où, par rapport à tout cela, on peut parler d’intelligence. Mais, puisque la connaissance, chez l’homme, commence par les sens comme à partir de l’extérieur, il est évident que plus la lumière de l’intelligence est forte, plus elle peut pénétrer à l’intime des choses. Or la lumière naturelle de notre intelligence n’a qu’une vertu limitée; de là elle ne peut parvenir qu’à certaines limites déterminées. Donc, l’homme a besoin d’une lumière surnaturelle pour pénétrer au-delà, jusqu’à la connaissance de choses qu’il n’est pas capable de connaître par sa lumière naturelle. C’est cette lumière surnaturelle donnée à l’homme qui s’appelle le don d’intelligence.
Solutions : 1. La lumière naturelle qui est innée en nous fait connaître immédiatement certains principes généraux qui sont connus naturellement. Mais, parce que l’homme est ordonné, avons-nous dit (Q. 2, a. 3; 1, Q. 12, a. I ; III, Q. 3, a. 8) à la béatitude surnaturelle, il est nécessaire qu’il parvienne au-delà jusqu’à des réalités plus hautes, et pour cela il faut le don d’intelligence.
 


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Averroès
L’incoerenza dei filosofi di Averroè, Unione Tipografico-Editrice Torinese, 1997, Torino, par Massimo Campanini, p.269-270

Rispondo: è vero che in ogni argomento in cui l’intelletto umano è incapace di arrivare, dobbiamo trovar rifugio nella Legge religiosa (shar`). La scienza arricchita dall’accettazione della rivelazione, infatti, viene a perfezionare le conoscenze [puramente] intellettuali. Tutto ciò che la debolezza dell’intelletto è incapace di attingere viene profuso sull’uomo da Dio Eccelso per mezzo della rivelazione(wahy). Ma l’incapacità di apprendere (256) cose comunque necessarie per la vita e l’esistenza umana, è vuoi assoluta, per ciò che tale conoscenza non compete alla natura dell’intelletto in quanto tale, vuoi [solo relativa] a particolari categorie di uomini: in quest’ultimo caso, o è connaturata al carattere (fitrah) o è accidentale, e dipende dalla mancanza di educazione. La rivelazione, d’altro canto, è una benedizione per tutte le classi degli uomini.
 


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Maïmonide
Guide des égarés, II, 32

La nature veut que tout homme qui, par sa constitution naturelle, est propre à la prophétie et qui s’est exercé par son éducation et son étude, devienne réellement prophète. Peu importe, selon eux, que cet homme soit savant ou ignorant, vieux ou jeune. Cependant, ils mettent aussi pour condition qu’il soit un homme de bien et de bonnes mœurs, car personne n’a prétendu jusqu’ici que, selon cette opinion, Dieu accorde quelque fois le don de prophétie à un homme méchant, à moins qu’il ne l’ait d’abord ramené au bien
 


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Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), est-il nécessaire de croire ce que peut atteindre la raison naturelle?
Som. théol., II, Il, q. 2, a. 4.

Il est nécessaire que l’homme reçoive, par mode de foi, non seulement les vérités qui dépassent la raison, mais même celles que la raison est capable de connaître. Et cela pour trois motifs. Premièrement, pour que l’homme parvienne plus tôt à la connaissance de la vérité divine. En effet la science qui doit prouver que Dieu existe, et les autres vérités du même ordre concernant Dieu, est enseignée la dernière, parce qu’elle présuppose beaucoup d’autres sciences; de cette façon, l’homme serait tenu d’attendre longtemps avant de parvenir à la connaissance de Dieu. Deuxièmement, pour que la connaissance de Dieu soit plus communément accessible; en effet, beaucoup ne peuvent tirer profit de l’étude d’une science, soit à cause de l’engourdissement de leur esprit, soit à cause des charges et des nécessités de la vie, ou bien même en raison de leur paresse pour l’étude. Ceux-là seraient totalement et injustement privés de la connaissance de Dieu si les vérités divines ne leur étaient pas proposées par mode de foi. Troisièmement, pour que soit garantie la certitude de cette connaissance. En effet la raison humaine est bien débile devant les réalités divines, la preuve en est que, même dans la connaissance naturelle des réalités humaines, les philosophes ont commis pas mal d’erreurs et avancé des thèses contradictoires. Pour que les hommes eussent de Dieu une connaissance certaine et à l’abri du doute, il fallait donc que les vérités divines leur fussent enseignées par mode de foi, comme proférées, pour ainsi dire, par Dieu qui ne peut pas mentir.
 


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Maïmonide
Livre de la connaissance, I, 7, dans Avital Wohlmann, Thomas d’Aquin et Maïmonide, p.270

L’un des articles principaux de la religion nous oblige à savoir que Dieu accorde aux hommes le don de la prophétie. Toutefois, l’inspiration prophétique n’échoit qu’à un homme éminent en sagesse, pleinement maître de soi, ne se laissant dominer à aucun égard par ses passions, mais, au contraire, triomphant sans cesse, grâce à sa raison, de la partie passionnelle de son être et possédant une vaste et très sûre intelligence.
 


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Al-Ghazali
LE TABERNACLE DES LUMIèRES (MICHKÂT AL-ANWÂR), Seuil, Paris, 1981. Traduction Roger Deladrière, pp.45-46

Quand brille la lumière de la sagesse, l’intellect voit en acte après n’avoir été qu’en puissance de voir. Or la plus magnifique des sagesses est la Parole de Dieu, en particulier le Coran. Les versets du Coran sont pour l’œil de l’intellect ce qu’est la lumière du soleil pour l’œil externe, puisque c’est par elle que s’actualise la vision (note1). Le nom de “ lumière ” convient donc bien au Coran, comme il convient à celle du soleil. Et il y a le même rapport de similitude entre le Coran et la lumière du soleil qu’entre l’intellect et la lumière de l’œil. Ainsi pouvons-nous comprendre le sens de Sa parole: “Croyez donc en Dieu, en Son Envoyé, et en la Lumière que Nous avons fait descendre. (Coran, LXIV, 8)”, et de celle-ci: “Une preuve vous est venue de votre Seigneur, et Nous avons fait descendre vers vous une Lumière éclatante. (Coran, IV, 174)”
 


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Al-Ghazali
LE TABERNACLE DES LUMIèRES (MICHKÂT AL-ANWÂR), Seuil, Paris, 1981. Traduction Roger Deladrière, pp.48-49.69

Nous dirons donc ceci: si ce qui se voit soi-même et voit les autres mérite bien le nom de lumière, ce qui, en plus de ces deux propriétés, rend visibles les autres le mérite davantage que ce qui n’a aucun effet sur eux. Bien plus, il est digne d’être appelé “flambeau qui illumine”, puisque ses lumières se répandent sur les autres. Cette propriété appartient à l’esprit saint prophétique (al-rûh al-qudsî al-nabawî), par l’intermédiaire duquel se répandent sur les créatures les lumières des connaissances. Ainsi comprenons-nous ce que signifie le fait que Dieu ait appelé Muhammad “flambeau qui illumine (Coran, XXXIII, 46)” (sirâj munîr). Tous les prophètes sont des “flambeaux”, les savants aussi, mais il y a entre les deux une différence incalculable.
Si le nom de “flambeau qui illumine” convient bien a ce qui procure la lumière de la vision, ce à quoi le flambeau lui-même l’emprunte mérite d’être désigné sous le nom de “feu” (nâr). Et les flambeaux terrestres empruntent originellement aux lumières supérieures. Ainsi l’esprit saint prophétique est tel que “son huile éclairerait même si nul feu ne le touchait”, mais il devient “lumière sur lumière (Coran, XXIV, 35)” quand le feu le touche. Plus exactement, la source lumineuse des flambeaux terrestres c’est l’Esprit divin éminent (al-Rûh al-ilâhiyya al-ulwiyya), décrit par Ali et Ibn Abbâs en ces termes: Dieu a un Ange qui possède soixante-dix mille visages, et chacun de ces visages possède soixante-dix mille langues, qui toutes ensemble lui servent à proclamer la gloire de Dieu (note 1).” C’est lui qui est mentionné à côté de tous les anges dans le verset: “Le Jour où l’Esprit et les Anges se tiendront en rangs (Coran, LXXVIII, 38)”. Si on le Considère comme étant la source lumineuse qui alimente les flambeaux terrestres, il n’a pas d’autre symbole que le feu, mais celui dont la présence ne se constate que “ sur le flanc du Mont Sinaï “
Si l’esprit du prophète est un “flambeau qui illumine (Coran, XXXIII, 46)”, et si cet esprit est éclairé par le moyen d’une révélation (wahy), selon Sa parole: “Nous t’avons révélé un Esprit [issu] de Notre Ordre (Coran, XLII, 52)” celui dont il tire sa lumière sera symbolisé par “le feu”. Parmi ceux qui sont instruits par les prophètes, les uns ne font que se conformer purement et simplement à ce qu’ils entendent, les autres ont le privilège de la vision intérieure. Ce que reçoit le conformiste traditionnel sera symbolisé par “l’encre”, et ce dont bénéficie celui qui voit sera représenté par “le tison”, “le brandon” et “la flamme brillante”. L’homme qui a une expérience spirituelle personnelle (dhawq) a en commun avec le prophète certains états; cette participation est symbolisée par le fait de “se chauffer”. Celui qui se chauffe est en effet uniquement l’homme qui est à proximité du feu, et non pas celui qui en a simplement entendu parler.
 


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Emile Mâle
Emile Mâle, l’art religieux du XIII siècle en France, Le miroir Historique, Livre IV, ch. VII.

“On voit quelle place les prophètes et leurs prophéties ont tenue dans l’imagination des hommes du Moyen Age. Les voyants d’Israël furent pour eux les plus graves des témoins. Ils aimaient à les ranger à la façade ou au porche, et à leur mettre aux mains sur des philactères, les preuves de la mission divine de Jésus Christ. Le peuple du Moyen Age connaissait familièrement les prophètes. Chaque année, au temps de Noël ou de l’Epiphanie, il les voyaient défiler sous la figure de vieillards à barbe blanche, vêtus de longues robes… Tous les prophètes que les fidèles avaient vu défiler devant leurs yeux dans l’église, ils les reconnaissaient au portail. Cette procession, d’où est sorti le drame religieux, et qui est déjà elle-même un drame, n’a pas été sans influence sur l’art. Les artistes y assistaient, mêlés à la foule; ils admiraient comme les autres, et il leur était probablement bien difficile de se figurer les prophètes autrement qu’ils les avaient vu ce jour là. Telle est la forte unité du Moyen Age : le culte, le drame, l’art donnent les mêmes leçons, rendent manifeste la même pensée.”
 


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Jean 21, 25 et Coran 31, 26
cités dans “Nous avons tant de choses à nous dire”, pour un vrai dialogue entre chrétiens et musulmans, Rachid Benzine et Christian Delorme, Paris, Albin Michel, 1997

En revanche, le lecteur chrétien du Coran ne pourra qu’être mal à l’aise avec un grand nombre de versets qui évoquent les “ déviations chrétiennes “. Mais il pourra se rappeler que ces versets ont été délivrés dans un où les prédicateurs chrétiens (lesquels appartenaient à des Eglises sémitiques ayant rompu, au IVe siècle, avec le christianisme grec de Byzance) pouvaient représenter une concurrence menaçante pour la religion musulmane naissante. Il pourra se souvenir aussi des passages de ses propres Ecritures qui font parfois preuve d’une grande dureté à l’égard de tel ou tel groupe de croyants, et notamment ces passages d’Evancgile (particulièrement chez saint Jean) aux expressions très hostiles aux juifs. Et même si les musulmans lisent ces versets très durs pour les chrétiens comme étant Parole de Dieu, ils ne les absolutisent pas nécessairement: le musulman informé, en effet, sait que cette Parole de Dieu est toujours délivrée en situation.
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Notre-Dame de Chartres
Description de l’image : 
Statues des patriarches et des prophètes au portail Nord, cathédrale de Chartres
Histoire : 
De l’affirmation de la prophétie à la présentation de chaque prophète.
Présupposés théologiques : 
Peut-on savoir qui est Dieu?
Experience humaine : 
Les points de repère de l’intelligence
Symboles : 
Les étapes de la démarche religieuse le long des voies sacrées antiques