Le chemin des Cathédrales / Raison et foi /Dieu est-il connaissable?

 
 
 Dieu est-il connaissable?
Dieu a-t-il laissé des empreintes dans l’œuvre qu’il a créée, en sorte que celle-ci le reflète comme des miroirs?
 
Présupposés théologiques :
 
Les étapes de la manifestation de Dieu.
Aussi bien les Grecs que les sages de Cordoue et de Tolède s’attachent d’abord aux conditions morales qui permettent à l’homme de chercher la vérité. En ce sens ils sont très modernes, puisqu’ils reconnaissent l’influence des passions sur l’acte d’intelligence et vice-versa, ainsi peut-on remarquer qu’ils anticipent les recherches de la psychologie moderne. La Bible avait déjà montré comment la pureté du cœur conditionne l’approche des mystères divins. Jésus résume cette tradition en proclamant: “bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu”. Pour la première fois la cathédrale Notre Dame de Paris figure donc autour de son entrée principale une série de médaillons qui opposent les vices et les vertus dans une composition toute nouvelle. Jusque là les vertus étaient figurées comme des soldats casqués, armés, en lutte avec le mal, à la manière de la mythologie greco-romaine. Maintenant elles sont assises comme des sages et elles opposent un symbole du Christ aux vices. Ceux-ci ne sont plus représentés par des guerriers ou des monstres, mais par des scènes de la vie quotidienne la plus banale. La maîtresse en colère frappe son serviteur, le chevalier lâche fuit devant un lièvre au risque de trahir le seigneur qu’il doit défendre. On fait donc de cette purification des passions humaines un effort quotidien et universel, il ne s’agit plus d’une violence exposée à l’orgueil, mais d’une fidélité modeste qui conduit à ressembler au Christ. Ce miroir moral conditionne non seulement l’entrée dans la cathédrale, mais même l’intelligence du dessein de Dieu qui est présenté sur toute la façade.
Reste la réponse chrétienne à la question récurante: “Comment notre esprit peut-il comprendre ce dessein de Dieu?” Une telle distance sépare la sagesse divine de la raison humaine que l’action de la Providence ne peut être reconnue que s’il s’établit une connexion entre la transcendance et la finitude. La réponse proposée par les Chrétiens s’exprime dans la composition du portail central qui dresse à la même hauteur que les fidèles la statue de Dieu fait homme. Il tient dans la main les Ecritures, mais c’est par sa vie que le Christ en délivre le sens et ce sont les douze apôtres qui, après avoir partagé son ministère, attestent pour les siècles la simplicité de l’intelligibilité divine. Oui, la raison et le cœur humain sont faits pour comprendre les mystères divins; oui, Dieu a établi quelque chose de commun entre Lui et l’homme, et cependant il a préservé la distinction infinie entre eux. Ce n’est pas l’homme qui est Dieu, c’est Dieu qui s’est fait homme, c’est la Parole créatrice de Dieu, le Fils égal au Père, éternel comme lui. Dieu fait homme s’est fait voir par des témoins qui rapportent non seulement son enseignement, mais ses actions et ouvrent ainsi le sens des Ecritures prophétiques. L’histoire du monde décrite du haut en bas de la façade devient signe non seulement de l’existence de Dieu, mais du “rêve” de celui-ci qui parvient à vaincre l’éloignement de la création, tout en la préservant distincte de Lui.
 
La douceur portant l’agneau

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
La force et la lâcheté

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
La douceur portant la colombe

Notre-Dame de Paris

[ Paris, France ]
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Notre-Dame de Paris
Description de l’image : 
La façade ouest
Histoire : 
La réintégration de la philosophie rationnelle en Occident
Experience humaine : 
Parler à Dieu plutôt que de parler sur Dieu
Citations : 
Le prophète Ezéchiel
Saint Jean
Saint Paul
Le Coran, Sourate 24 (La lumière), v. 25
Le Coran, Sourate 29, v. 46
Al-Ghazali
Averroès
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), l’âme intelectuelle se connaît-elle par son essence?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), Dieu existe-t-il?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), pouvons-nous, en cette vie, connaître Dieu par la raison naturelle?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), au-dessus de la connaissance naturelle, y a-t-il une connaissance de Dieu par la grâce?
Thomas d’Aquin (XIIIe siècle), Dieu peut-il être nommé par nous?
Rûmi (XIIIe siècle)
Ibn Arabi
Bonaventure
Guillaume de Tocco sur saint Thomas d’Aquin
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Thomas d’Aquin, La défence de la vérité
Thomas d’Aquin, Dieu a imprimé son image en nos âmes
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