Terres d'Evangile / Vie publique /Le Baptême du Christ

 
 
 L’entrée solennelle du Christ dans sa vie publique
Si Jésus insiste auprès de Jean, c’est pour que ce rite annonce son baptême dans la mort. En effet en rejoignant les auditeurs de Jean qui attendent l’avènement de la justice de Dieu, Jésus signifie qu’il se solidarise avec eux au point de demander à Jean de le baptiser. Comme il est sans péché, le geste de pénitence proposé par le Baptiste n’a pas d’objet ou plutôt il a une signification supérieur en manifestant comment les hommes seront purifiés: parce que Jésus mourra pour eux.
 

Citations :Théodore de Mopsueste, Homélies cathéchétiques 10,8-9
Augustin (354-430), Commentaire évangile de Jean, traité 4
Augustin (354-430), De trinitate 15, 20
Origène, IIIe siècle
Augustin (354-430), Commentaire de l’Évangile de Jean, traité 6
Théodore de Mopsueste, Homélies cathéchétiques 10,8-9


 
Théodore de Mopsueste, Homélies cathéchétiques 10,8-9
“Aussitôt baptisé, Jésus remonta de l’eau; et voici que les cieux s’ouvrirent: il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui” (Matthieu 3,16)
L’Esprit Saint, la troisième personne de la sainte Trinité, n’apparaît que dans la relation du Fils à son Père, spécialement dans la théophanie du baptème du Christ. Dès l’origine, l’Eglise a reconnu la réalisation de la promesse de Jésus puisqu’elle a associé la foi en la résurrection au don de l’Esprit Saint. C’est pourquoi l’iconographie paléochrétienne associe l’effusion de l’Esprit aux sacrements qui nous donnent part au mystère de la rédemption et représente parfois la communauté chrétienne par douzes colombes parce qu’elle est animée par l’Esprit Saint.
“Or, après avoir parlé du don de la grâce de l’Esprit-Saint, Jésus se mit à les entretenir de la nature et de la grandeur de sa dignité, pour indiquer quelle grâce il vont recevoir; il dit “esprit de vérité”, ce qui indique la grandeur de sa nature et qu’il peut donner les biens qui ne passent pas à tous ceux à qui il lui plaît; et c’est alors qu’il ajouta “qui procède du Père”, c’est-à-dire qu’en tout temps il est avec Dieu le Père et n’en est pas séparé.
C’est ce que Notre-Seigneur indiqua de manière cachée en disant : qui procède du Père. C’est une source en effet que l’Esprit-Saint, qui existe en Dieu en tout temps et de (toute) éternité n’en fut pas séparé. Car ce ne fut pas qu’il aurait été créé après un temps, mais de (toute) éternité il est en lui et de la nature de Dieu le Père, et de (toute) éternité il est; et lui, comme le cours d’un fleuve intarissable, (il) distribue ses dons à qui il veut.
C’est ainsi en effet qu’ailleurs aussi il dit : Qui croit en moi, comme disent les Ecritures, des fleuves d’eaux vives couleront de son sein; or il dit ceci de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui, car il n’y avait pas d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié (Ioh. VII, 38-39). Manifestement ici il indique qu’il parle du don de l’Esprit. Ce n’est pas, en effet, de l’hypostase ou de la nature de l’Esprit-Saint dont il disait qu’elle n’était pas parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié; car il est de (toute) éternité, avant toute la création. Mais il parlait du don de l’Esprit-Saint, (don) qui, après l’Ascension de Notre-Seigneur au ciel, fut répandu et vu sur les apôtres bienheureux et sur ceux qui étaient avec eux. Il dit donc que bientôt le don de l’Esprit-Saint se répandra, comme le cours d’un fleuve intarissable, sur ceux qui croiront en lui, parce que l’Esprit sera donné par Dieu; et il indique son opération, à savoir qu’il donnera à ceux qui croient en lui une vie qui ne passe pas.”
 
La colombe, la croix, le calice et la vigne.
sarcophage
Saint-Apollinaire in classe

[ Ravenne, Italie ]
 


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Augustin (354-430), Commentaire évangile de Jean, traité 4
Si un agneau est toujours innocent, Jean s’il est un agneau, n’est-il pas lui-même. innocent? Mais tous viennent de cette race, de laquelle David chante eu gémissant “Voilà que j’ai été conçu dans les iniquités.” Il n’y a donc d’agneau que celui qui vient par une autre origine. Il n’a point été conçu dans les iniquités ni sa mère ne l’a point nourri dans son sein d’un sang souillé. Conçu par une vierge, c’est une vierge qui l’a enfanté par la foi; car c’est par la foi qu’elle le conçut, par la foi qu’elle le reçut dans ses entrailles. C’est celui-là même qui n’a pas pris le péché de notre nature qui enlève notre péché. Vous savez qu’il est des hommes qui disent: “Nous faisons disparaître les péchés des hommes parce que nous sommes saints.” En effet, si celui qui baptise n’est pas saint, comment peut-il faire disparaître, le péché d’un autre, s’il est lui-même un homme rempli de péché? C’est contre ces prétentions que nous lisons: “Voici celui qui enlève les péchés du monde,” afin qu’il n’y ait plus de cette présomption d’hommes par rapport à d’autres hommes.
Dès que le Seigneur fut connu, il devint inutile de lui préparer les Voies, parce qu’il devint lui-même la voie de ceux qui le connaissaient. C’est pourquoi le baptême de Jean ne dure pas longtemps, mais jusqu’à ce que l’humble Seigneur eût été signalé. C’est pour nous donner un exemple d’humilité, et pour nous engager à recevoir le salut qui vient du baptême, qu’il reçut lui-même le baptême du serviteur. Mais afin que le baptême du serviteur ne fût pas préféré au baptême du maître les autres furent baptisés de. Ce baptême du serviteur, toutefois avec cette différence, qu’ils devaient recevoir le baptême du maître, tandis que ceux qui avaient le baptême du maître n’avaient nul besoin de ce baptême du serviteur.
 


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Augustin (354-430), De trinitate 15, 20
Ce n’est pas au moment où, après son baptême, l’Esprit descendit sur lui sous la forme d’une colombe que le Christ fut oint: à ce moment il daignait être la figure de son corps, c’est-à-dire de son Eglise, dans laquelle ce sont surtout ceux qui sont baptisés qui reçoivent l’Esprit-Saint. Il est en effet absurde de croire que c’est, à l’âge de trente-trois ans, âge auquel il fut baptisé par Jean, que ce fut, à cet âge-là. qu’il reçut l’Esprit-Saint et qu’il fût venu là ce baptême sans Esprit-Saint, ainsi qu’il y était venu sans péchés. En effet, s’il a été écrit de son précurseur Jean: “Qu’il était plein de l’Esprit-Saint depuis le ventre de sa mère;” de Jean qui, quoique venu d’une semence mortelle, reçut cependant l’Esprit-Saint dans le sein où il fut formé, que ne faut-il pas croire de l’homme-Christ dont la conception même selon la chair, vint non de la chair, mais de l’esprit.
 


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Origène, IIIe siècle
Commentaire évangile de Jean, traité 9

De cette parole, que le Christ est un agneau, nous pouvons conjecturer plusieurs choses, et c’est des choses corporelles qu’il faut entendre le soir dont il s’agit ici. Celui qui offrit cet agneau, c’est Dieu caché dans l’homme, le grand-prêtre qui a dit: “ Personne ne m’enlève mon âme, c’est moi qui la dépose.” Il est appelé l’agneau de Dieu, car prenant sur lui toutes nos infirmités, c’est-à-dire les péchés du monde entier, il reçut la mort comme un baptême. Dieu ne laisse rien passer sans correction de tout ce que nous faisons de contraire à la discipline établie par lui. C’est au travers des plus grandes difficultés qu’on peut exercer cette discipline. Ainsi que les oblations étaient comme liées par un lien de parenté à l’oblation perpétuelle de l’agneau figuratif, ainsi me paraissaient être parentes de cette oblation de notre agneau celles qui ont répandu le sang des martyrs et qui annulent les machinations des impies contre, le bien, par le mérite de la patience, de la confession et du zèle.
 


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Augustin (354-430), Commentaire de l’Évangile de Jean, traité 6
Dieu nous a montré sous deux formes visibles différentes l’Esprit Saint, par la colombe, qui descend sur Jean-Baptiste, par le feu qui descend sur les apôtres réunis. Ici c’est le symbole de la simplicité, celui-là celui de la ferveur. Par la colombe, il nous est enseigné que celui qui a été sanctifié par l’Esprit-Saint doit être sans ruse, et par le feu, que notre simplicité lie ne doit pas être froide. Ne vous étonnez pas que les langues soient divisées, et que cela ne vous fasse pas craindre de division: l’unité est symbolisée dans la colombe. Il fallait donc qu’ainsi apparût l’Esprit-Saint au moment où il descendit sur le Seigneur, afin que chacun de nous comprît qu’ayant l’Esprit-Saint il devait être simple comme une colombe, et entretenir entre lui et ses frères cette paix véritable que signifient les baisers de la colombe. Il y a aussi les baisers des corbeaux: ces baisers déchirent; la colombe n’a jamais rien déchiré; le corbeau déchire parce que la mort le nourrit; la colombe n’est point ainsi: elle ne vit que des fruits de la terre. Que si la colombe gémit en amour, ne nous étonnons pas que l’Esprit-Saint ait voulu nous apparaître sous la forme d’une colombe; car il intercède pour nous par des gémissements inénarrables. Ce n’est en lui-même, mais en nous que gémit l’Esprit-Saint, nous faisant gémir. Quiconque sent le poids de cette mortalité, et s’aperçoit ainsi qu’il erre loin du Seigneur, tant qu’il gémit pour ce motif, il gémit comme il faut, et c’est l’Esprit qui lui a enseigné à gémir. Plusieurs gémissements pour le bonheur terrestre, ou brisés par les maux ou accablés sous les infirmités du corps; mais ils ne gémissent pas du gémissement de la colombe. Qu’a voulu nous indiquer l’Esprit-Saint par la colombe, si ce n’est l’unité de cette Eglise, de laquelle il dit cette parole, après lui avoir donné la paix: “Une seule est ma colombe;” comment fallait-il figurer l’humilité, si ce n’est par cet oiseau simple et gémissant? D’ailleurs apparaît ici la vraie et sainte Trinité; le Père dans cette voix qui dit “Celui-ci est mon Fils bien aimé;” l’Esprit-Saint dans la colombe c’est en cette Trinité que les apôtres ont été envoyés donner le baptême au nom du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint. Lisons les autres évangélistes, qui ont raconté plus au long le baptême du Sauveur, et nous verrons clairement que la colombe descendit au moment où le Sauveur sortait de l’eau. Si donc ce n’est qu’après le baptême que descendit la colombe, et si c’est avant, le baptême que Jean dit ces paroles de paix: “C’est par vous que je dois être baptisé,” comment a-t-il pu dire: “Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser, celui-là m’a dit: Celui sur lequel vous verrez, etc.” Jean avait-il entendu ces paroles pour qu’il pût connaître celui qu’il ne connaissait pas auparavant, ou plutôt pour qu’il pût connaître plus parfaitement celui qu’il connaissait depuis? ce qu’il avait connu, c’est que le Seigneur était le Fils de Dieu; qu’il baptisait dans l’Esprit-Saint; car avant que le Christ reçût son baptême, au moment où une grande foule l’entourait, il s’était écrié: “Celui qui vient après moi est plus grand que moi: c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le feu.” Mais quoi donc? Ce que le précurseur n’avait pas connu, c’est que le pouvoir du baptême était entre les mains du Seigneur, et que c’est entre ses mains qu’il le retenait, de manière que Pierre et Paul ne pussent pas dire: “Mon baptême,” ainsi qu’on voit Paul dire: “Mon Évangile” le ministère de, ce sacrement passant dans sa plénitude aux bons et aux mauvais. Que vous fait un mauvais ministre, là où vous trouvez un Dieu bon? Est-ce qu’après Jean il y a eu baptême, et après un homicide il n’y aura pas eu baptême? Jean donne son baptême; l’homicide donne le baptême du Christ. Ce sacrement est tellement saint que pas même un homicide ne petit le souiller. Le Seigneur eût pu, s’il avait voulu, donner à ce serviteur le pouvoir d’administrer le baptême en son propre nom et placer dans ce sacrement une telle énergie que le baptême du serviteur eût eu autant d’efficacité que le baptême du Seigneur. Il ne l’a pas voulu, afin que l’espérance de ceux qui sont baptisés remontant jusqu’à celui qu’ils reconnaissaient les avoir baptisés, un serviteur ne se trouvât pas avoir placé son espérance dans un serviteur. S’il avait donné aux serviteurs le pouvoir du sacrement, il y aurait autant de baptêmes qu’il y a de serviteurs, de telle sorte que l’on dirait le baptême de Paul ou de Pierre, ainsi que l’on dit le baptême de Jean. Ce pouvoir, qu’il s’est réservé à lui seul, est la base de cette unité de l’Eglise, de laquelle il a été dit: “Une seule est ma colombe.” Il peut se faire que quelqu’un ait un baptême qu’il n’a pas reçu de la colombe, mais il ne peut pas se faire que ce baptême lui serve.
 


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Théodore de Mopsueste, Homélies cathéchétiques 10,8-9
“Aussitôt baptisé, Jésus remonta de l’eau; et voici que les cieux s’ouvrirent: il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui” -- Matthieu 3,16.
L’Esprit Saint, la troisième personne de la sainte Trinité, n’apparaît que dans la relation du Fils à son Père, spécialement dans la théophanie du baptème du Christ. Dès l’origine, l’Eglise a reconnu la réalisation de la promesse de Jésus puisqu’elle a associé la foi en la résurrection au don de l’Esprit Saint. C’est pourquoi l’iconographie paléochrétienne associe l’effusion de l’Esprit aux sacrements qui nous donnent part au mystère de la rédemption et représente parfois la communauté chrétienne par douzes colombes parce qu’elle est animée par l’Esprit Saint.
“Or, après avoir parlé du don de la grâce de l’Esprit-Saint, Jésus se mit à les entretenir de la nature et de la grandeur de sa dignité, pour indiquer quelle grâce il vont recevoir; il dit “esprit de vérité”, ce qui indique la grandeur de sa nature et qu’il peut donner les biens qui ne passent pas à tous ceux à qui il lui plaît; et c’est alors qu’il ajouta “qui procède du Père”, c’est-à-dire qu’en tout temps il est avec Dieu le Père et n’en est pas séparé.
C’est ce que Notre-Seigneur indiqua de manière cachée en disant : qui procède du Père. C’est une source en effet que l’Esprit-Saint, qui existe en Dieu en tout temps et de (toute) éternité n’en fut pas séparé. Car ce ne fut pas qu’il aurait été créé après un temps, mais de (toute) éternité il est en lui et de la nature de Dieu le Père, et de (toute) éternité il est; et lui, comme le cours d’un fleuve intarissable, (il) distribue ses dons à qui il veut.
C’est ainsi en effet qu’ailleurs aussi il dit : Qui croit en moi, comme disent les Ecritures, des fleuves d’eaux vives couleront de son sein; or il dit ceci de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui, car il n’y avait pas d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié (Ioh. VII, 38-39). Manifestement ici il indique qu’il parle du don de l’Esprit. Ce n’est pas, en effet, de l’hypostase ou de la nature de l’Esprit-Saint dont il disait qu’elle n’était pas parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié; car il est de (toute) éternité, avant toute la création. Mais il parlait du don de l’Esprit-Saint, (don) qui, après l’Ascension de Notre-Seigneur au ciel, fut répandu et vu sur les apôtres bienheureux et sur ceux qui étaient avec eux. Il dit donc que bientôt le don de l’Esprit-Saint se répandra, comme le cours d’un fleuve intarissable, sur ceux qui croiront en lui, parce que l’Esprit sera donné par Dieu; et il indique son opération, à savoir qu’il donnera à ceux qui croient en lui une vie qui ne passe pas.”
 


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  Documents associés : 
Lieu : 
Le Jourdain
Texte de l'Evangile : 
Jean 1, 29-36
Clés de Lecture : 
L’entrée solennelle du Christ dans sa vie publique
Symboles : 
L’eau
Expérience humaine : 
La première fois
Accomplissement des Ecritures : 
Du retour de l’exil à l’entrée dans le royaume